Muriel

Muriel

Muriel

Date de publication du témoignage :

RDV avec Muriel (région Toulousaine). Elle nous raconte sa reconversion professionnelle en tatoueuse spécialisée dans le tatouage réparateur.

J’ai 45 ans et suis tatoueuse spécialisée en tatouage réparateur suite à une chirurgie mammaire. Je crée notamment des mamelons-aréoles en trompe-l’œil.
En 2017, par un de ces hasards que la vie réserve, j’ai ressenti le besoin d’acheter un magazine duquel je m’étais désabonnée. La lecture d’un article parlant d’un certain type de tatouage a de suite fait sens et a bouleversé ma vie. Je n’ai pas été touchée par le cancer à titre personnel ou bien dans mon entourage proche…mais il est des évidences comme celle de cet article.
Je ne me satisfaisais pas de mon emploi, n’y trouvant pas de sens, déconnectée de l’humain (après avoir été professeur de français, je travaillais alors dans une banque), n’étant qu’un maillon d’une chaîne… Plusieurs idées de reconversion m’avaient tentée mais sans jamais franchir le pas car il y avait toujours un frein. Je peux vous assurer qu’après avoir découvert cet article, il n’y a plus eu aucun doute !
Et pourtant, j’ai dû apprendre totalement un métier, le métier de tatoueur avec lequel mon seul lien était d’être tatouée… C’est peu. Mais j’ai foncé, car c’était une évidence, un signe, un besoin, une envie, c’était ce que je devais faire !
J’ai commencé par prendre des cours de dessin pour travailler les notions de volume, d’ombres et lumière : j’ai dessiné des poires, des pommes, des seins bien sûr. Puis, grâce aux nombreuses belles personnes rencontrées sur le chemin de cette reconversion (encore une fois merci le hasard, les synchronicités, peu importe le nom ou la valeur qu’on accorde aux signes), j’ai appris à tatouer. Mon premier mamelon-aréole, je l’ai tatoué sur un buste d’homme, à l’identique du sien pour m’entraîner; le sein du tatoueur qui m’a appris les bases, qui a cru en mon projet de reconversion. Il s’est rasé et m’a jetée dans le bain.
Puis, c’est ma jambe qui a servi de support ! Cela a été un long temps d’apprentissage des techniques et du matériel mais aussi de la colorimétrie, discipline tellement importante, puisque dans ce type de tatouage il s’agit (sauf dans les cas de double mastectomie) de venir reproduire la couleur de l’autre mamelon-aréole, la recréer au goutte à goutte et ainsi tendre vers le plus de réalisme possible.
L’art du tatouage est complexe et demande expertise et compétences; c’est une combinaison de qualités artistiques, de connaissance de l’anatomie de la peau, d’une hygiène stricte mais aussi et surtout, dans ce travail particulier de réparation du corps, de beaucoup d’écoute, d’empathie… sans pour autant tomber dans le pathos!
Nous passons beaucoup de temps ensemble avec les femmes, ce sont des moments d’échanges au-delà de la maladie et des informations nécessaires à mon travail (délai après la dernière opération, radiothérapie, type de reconstruction…).
Je suis là pour les accompagner et les aider à tourner la page. Je ne rends pas ce qui a été pris le long du chemin de la maladie, je reconstruis du mieux que je peux… Je les aide à continuer leur route, j’espère de façon plus sereine, plus « complète ».
J’ai soif d’en apprendre toujours plus, pour comprendre ce qu’elles ont traversé, les soins… à ce titre je suis membre de l’Institut du Sein Grand Toulouse, participe à des conférences, ai présenté mon travail à des soignants dans le cadre d’un DU plaies et cicatrisation, ai créé avec une amie une association qui a vocation à fédérer un réseau de tatoueuses spécialisées comme moi de manière à ce que les femmes n’aient pas à traverser toute la France pour enfin tourner la page.
https://www.lestatouagesdemuriel.com/
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Sophie

Sophie

Sophie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Sophie (Saint-Ouen-l’Aumône). Après son cancer du sein, elle ne pense pas avoir trop changé, mais plutôt, être devenue plus elle-même.

On m’a diagnostiqué un cancer du sein à 34 ans. Porteuse de la mutation génétique BRCA1, j’étais suivie de près… et heureusement !
Les traitements ont duré neuf mois et ma reconstruction n’est pas terminée.
Durant mon traitement, on m’a dit que je « changerais ». Sauf que c’est la dernière chose que je souhaitais, changer ! Être vue différemment… merci, mais non merci !
J’ai compris cependant que oui, après une telle épreuve, on change. Mais pour le mieux je pense. En étant plus « soi-même ». Désencombrée de certaines choses.
Aujourd’hui, j’ai l’impression de moins « m’excuser ». D’être plus sûre de moi dans certaines situations. Je ne dirai pas que je n’ai peur de rien (loin de là… !) mais parfois je me dis « Heuuuu attends, t’as fait 16 CHIMIOS ! Subis 2 opérations ! Encaissé 25 séances de radiothérapie ! » et je compare le stress ressenti à la situation que j’appréhende. Et peut-être que j’ose plus. Que j’assume plus ce que je veux. Et ce que je ne veux pas aussi.
Côté obstacles rencontrés, je trouve que beaucoup ne savent pas comment réagir face à une personne qui soigne un cancer. L’écho à ses propres angoisses très certainement.
Je pense que l’on devrait plus dire que le cancer est, on est d’accord, bien bien relou mais malgré tout, quelque chose qui fait partie de la VIE. Il faut informer, parler, transmettre, expliquer, montrer, pour lever les tabous autour du cancer et des personnes qui le vivent.
C’est en tout cas ma conviction et j’espère, avec mon podcast « My Boob story- journal optimiste de mon cancer du sein », apporter ma petite pierre à l’édifice !
https://www.instagram.com/myboobstory.podcast/
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Nataelle

Nataelle

Nataelle

Date de publication du témoignage :

RDV avec Nataelle (Yens, Suisse). Après un cancer du sein, elle a décidé de partager son expérience via un blog et un livre qui sortira début 2022.

J’ai été diagnostiquée d’un cancer du sein en juin 2018, à tout juste 40 ans. 40 ans pour moi, cela représentait un cap très difficile à franchir : je basculais dans l’extrême vieillesse. D’un côté, je voulais célébrer cette nouvelle dizaine, mais d’un autre coté elle me faisait très peur. Le cancer est arrivé comme pour me prouver que j’avais raison : 40 ans, ça allait être bien pourri !

En fait, j’avais senti une boule dans mon sein droit. C’était un cancer du sein de grade 3, donc virulent, mais stade 1, localisé. Ouf, au moins il était pris tôt !

Lorsque le diagnostic est tombé, il y a eu quelques jours d’intense brouillard, notamment pendant l’attente des résultats du TEP Scan. Puis voyant le protocole se préciser, mon mari est moi sommes partis en « mode projet » : logistique, enfants, parents, boulot… On a tout organisé pour que les traitements se passent dans les meilleures conditions. J’ai eu droit à la totale : tumorectomie, 4 chimios (Taxotère et Endoxan), 25 séances de radiothérapie, et hormonothérapie pour 5 à 10 ans.

Je n’ai jamais été à l’aise avec le vocabulaire et l’environnement médical, alors j’ai décidé que les médecins se chargeraient de mon corps (je leur ai fait entièrement confiance), et que moi, je m’occuperais de mon esprit. J’ai essayé de très nombreuses méthodes, et ai réussi à trouver un ensemble de pratiques qui ont beaucoup allégé mon quotidien : jus vert, acupuncture, massages, visualisation, psy, homéopathie, coupeur de feu… J’ai également acheté de grands cahiers que je noircissais, jour après jour, avec mes peurs, mes doutes, mes rêves, mes angoisses…

Sentant que j’étais actrice de ma guérison, je me suis lancée dans le combat avec énergie et optimisme. Après coup, et quand je lis d’autres témoignages, je m’aperçois que j’ai eu peu d’effets secondaire et je suis pleine de gratitude pour cela !

Je suis en rémission depuis janvier 2019. Pour moi, il était évident que je devais changer des choses pour l’après-cancer, mais je ne savais pas vraiment quoi… Je cherche depuis trois ans. L’après-cancer est synonyme de Grande Réflexion, et parfois je me dis que cela ne finira jamais. Quelle vie ? Quel emploi ? Quelle charge de travail ? Quels projets personnels pour veiller à un équilibre de vie ? Tant de questions avec des pistes mais sans réponse claire…

Il y a néanmoins deux belles choses qui sont sorties de ce cancer : @Le_Dragibus_Rose sur les réseaux sociaux (Instagram et Facebook), et un roman. La tempête passée, j’ai eu envie, de partager mon expérience et de donner de l’espoir. Ces pages se veulent résolument positives.

Puis j’ai eu envie d’écrire, toujours dans l’idée de partager mon expérience, tout en partageant optimisme et bonne humeur. J’ai écrit une autobiographie romancée de mon histoire, qui sortira aux Éditions Complicités début 2022 (infos sur le réseaux sociaux ϑ ). J’ai voulu une histoire à la 3ème personne, pour me détacher du personnage, et un récit qui puisse toucher autant les personnes atteintes du cancer, que les accompagnants, voire tout lecteur !

J’ai reçu de bons commentaires de la part de mes premiers lecteurs, et certains disent même que j’ai eu l’audace d’écrire un feel-good sur le cancer. Cela m’a fait très plaisir. Car je trouve important de garder en tête que le cancer est grave, oui, mais aussi qu’il peut bien se soigner, selon les cas. Alors gardons espoir !

Crédit photo Sébastien Champaux

https://www.linkedin.com/…/s%C3%A9bastien-champeaux…/

https://www.facebook.com/ledragibusrose

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http://www.nataelledelacroix.com

Mélissa

Mélissa

Mélissa

Date de publication du témoignage :

RDV avec Mélissa (Seine et Marne). Atteinte d’un lymphome de Hodgkin à 30 ans, elle a écrit un livre pour partager son histoire et raconter le rôle si important des aidants.

Que peut-il arriver à 30 ans ? Un mariage, faire la fête, donner naissance, rencontrer l’amour de sa vie, terminer ses études, voyager…. Dans une liste qui est tout autant différente pour chacun d’entre nous, à 30 ans le cadeau que la vie à voulu me donner, c’est un cancer.
Soyons précis, elle m’a offerte le lymphome de Hodgkin, qui est un cancer qui touche le système immunitaire. On me dira souvent au cours de mon parcours que j’ai de la chance car ce cancer, bien qu’il soit rare, se soigne très bien. C’est ainsi que mon verre, que j’imaginais à moitié vide, était aussi à moitié plein. Du moins au début, car il faut le reconnaitre, il est difficile de se raccrocher à un semblant de positivité quand tout votre monde s’écroule et que vous n’êtes finalement plus que votre ombre.
Six mois à être présente physiquement mais absente du monde qui m’entourait. J’ai souffert, terriblement comme jamais je n’aurais pensé. La colère, la tristesse, l’abattement sont des sentiments normaux et pourtant je trouve qu’ils ne sont pas assez véhiculés. Le cancer est une petite mort et en ce sens tout un processus de deuil se met en place.
C’est au travers d’un livre que j’ai voulu poser mes maux mais pas que. J’ai voulu aussi parler d’eux : nos amis, nos connaissances, nos familles, nos conjoints… Ces Autres qui nous aident et qui subissent aussi cette tempête, ils sont présents dans l’ombre et pourtant ils occupent une place tellement importante, presque vitale.
Aujourd’hui en rémission, on a tendance à croire que c’est terminé, qu’une page s’est tournée. Erreur : l’épée qui s’est abattue disparait petit à petit. Cinq ans à vivre avec cette idée que tout peut revenir. Le corps guérit, il faut désormais soigner l’esprit. Chacun sa technique, chacun sa méthode, l’essentiel est de se retrouver ou de se réinventer. Alors oui, l’après n’est pas facile, il est à construire au fur et à mesure du temps mais heureusement, ce cancer qui n’a pas seulement touché mon corps et mon esprit, devient un souvenir atténué par la douceur et l’amour que ces Autres m’ont apporté. Comme disais quelqu’un de connu : aimez-vous les uns les autres et surtout profitez de la vie.
Finalement les médecins avaient raison, je suis chanceuse oui, car tout mon petit monde m’a aidée à son niveau. Chanceuse oui, car j’en suis sortie en vie. Chanceuse oui, car je peux en témoigner. Chanceuse oui, car j’en suis transformée.

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https://www.bod.fr/librairie/catalogsearch/result/…

Annie

Annie

Annie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Annie (Charleville-Mézières). Pair aidante en santé mentale, elle a écrit un livre racontant son parcours lié au cancer du poumon.

Décembre 2019, je viens de rentrer de Lyon où j’entame une année universitaire afin de préparer un D.U. (Diplôme Universitaire) en santé mentale.

J’ai cinquante-deux ans, je suis une femme de projets et je viens d’avoir les ailes coupées en plein vol par cette maladie qu’est le crabe.

Mi-novembre 2019, je consulte pour une bronchite chronique qui se transforme en bronchite asthmatiforme. Etant une très grosse fumeuse, je sais pertinemment pourquoi je souffre au niveau des bronches. Avec mon épouse, Sylvine, je me rends néanmoins à la faculté de Lyon où je dois reprendre mes études en santé mentale. Je suis bipolaire et stabilisée depuis une dizaine d’années, et particulièrement depuis cinq ans. Tout mon projet repose sur cette thématique et depuis trois ans, je travaille avec acharnement sur la pair- aidance. (La pair aidance est un métier en construction. Il s’agit de faire bénéficier de l’expérience d’anciens patients stabilisés aux patients encore malades d’une part, et d’autre part, réussir à intégrer des équipes pour travailler ensemble)

A Lyon, je ne suis pas en forme. Je suis fiévreuse, je tousse énormément et j’ai du mal à respirer… Durant toute la semaine, je m’efforce néanmoins de tenir sur les bancs de la faculté. On dit très souvent de moi que je suis une warrior, alors je serre les poings et j’étudie. Nous rentrons le samedi suivant mais les symptômes semblent s’aggraver. Je demande à mon épouse de m’emmener aux urgences. On est dimanche, je consulte donc à nouveau. Sylvine, qui est aide-soignante, guide le médecin. Ce dernier constate une température élevée et une saturation (taux d’oxygène dans le sang) très basse. Il pense à une pneumonie. Je repars chez moi avec un antibiotique à large spectre.

Cela sera donc un dimanche de repos sous la couette. Lundi soir, Sylvine m’appelle de son lieu de travail pour prendre de mes nouvelles. Elle constate mon air essoufflé, alors que je suis tranquillement allongée sur le canapé depuis le début de l’après-midi. A son retour du travail, tout en préparant mon sac, Sylvine me prépare surtout psychologiquement à une éventuelle hospitalisation.

Nous sommes en décembre 2019, je suis hospitalisée pour une pneumonie.

Je ne sais pas pourquoi, une intuition, je pressens que les choses sont sérieuses.

La soignante, en pneumologie qui vient me chercher me dit une phrase très culpabilisante et Sylvine la reprendra de volée plus tard dans notre histoire. Alors que je rentre pour une pneumonie dans un état pitoyable, l’aide-soignante me sert la phrase suivante : « Et ben, c’est malheureux d’en arriver là à cause de cette cigarette !!!! ». Mais qui est cette soi-disant professionnelle de santé qui m’assassine au lieu de me rassurer ?

Je suis en sueur, j’ai chaud, j’ai froid et j’ai cette femme qui me fait la morale !!!!

Il est 1h du matin, Sylvine souhaite m’accompagner dans ma chambre. Cette même aide-soignante refuse que mon épouse me suive. Sylvine a du caractère et impose sa présence….

Les médecins présents me font passer une radio des poumons. Ne me demandez pas pourquoi, est-ce là encore mon intuition, est-ce là encore ma capacité à lire sur les visages des professionnels, je sens qu’il se trame quelque chose de grave !

Nous sommes fatiguées, je m’installe dans ma chambre alors que mon amoureuse rentre à la maison, seule…

Le lendemain, après radiographie et d’autres examens, un médecin vient m’annoncer le verdict. Il est gêné, il cherche ses mots, je comprends…

« Le diagnostic est plus sombre», me dit-il.

Je le laisse s’exprimer mais je sais déjà ce qu’il va m’apprendre…

Le mot cancer est avancé avant même le résultat des biopsies ! Adénocarcinome ! Tumeurs malignes….

« Tu meurs », tumeurs…

« Tumeuras pas eu ! »

Ce terrible mot « cancer » fracasse mon mental !

Aujourd’hui, je n’ai plus de traitement du tout.

Mon oncologue dit que je me dirige vers une guérison.

Ce cancer m’a appris à prendre soin de moi en priorité mais je ne peux m’empêcher de me tourner encore vers les autres. En effet, avec mon épouse, nous avons validé auprès de l’ARS un projet d’accompagnement cas par cas, en oncologie/psychiatrie.

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