Jeanne

Date de publication du témoignage :

26 Oct. 2021

RDV avec Jeanne (Boulancourt). Elle a eu besoin de soutien pendant la difficile période de l’après-traitements et a radicalement changé son mode de vie.

J’ai appris, à l’âge de 46 ans que j’étais atteinte d’un cancer du sein. Mon monde s’écroulait…

Je suis rentrée chez moi et ai vomi toute la nuit… Mon mari était malheureusement en déplacement. Il est rentré en urgence pour que nous voyions ensemble l’oncologue dès le lendemain.

D’une nature positive et optimiste, je me suis battue dès l’annonce, pour ne pas m’écouter, comme j’avais l’habitude de le faire, en me focalisant sur l’idée que le cancer du sein se soignait très bien. Les suites opératoires m’ont semblé sans fin. Incapable d’utiliser mon bras, des douleurs lancinantes qui m’ont fait réaliser à quel point cette maladie était éprouvante. S’en est suivie la radiothérapie plusieurs semaines après. Incapable de regarder mon sein très mutilé, supportant des douleurs plusieurs mois après l’opération et des difficultés de motricité de mon bras, j’ai pourtant échappé de justesse à la chimiothérapie. Un soulagement, dans cette épreuve si difficile.

Une fois la radiothérapie terminée, j’ai décidé de retrouver ma vie. Mais la fatigue, le manque d’énergie, les douleurs et les difficultés avec un entourage pas toujours compréhensif, ont eu raison de ma force. Je me suis effondrée.

J’ai entendu parler d’un nouveau centre qui ouvrait à proximité de chez moi et dont l’objectif était d’accompagner les personnes atteintes de cancer du sein à retrouver une vie « normale ». Ma relation avec l’oncologue était complexe, celle-ci ne prenait pas conscience de mon état général et ne cessait de me dire que j’avais eu un « petit » cancer et que tout allait bien !

Lorsque j’ai eu mon premier rendez-vous avec l’oncologue de l’institut RAFAEL de Levallois Perret, j’ai découvert qu’il était tout à fait normal d’être éprouvée, épuisée par ce combat pendant les traitements. Celui-ci s’est focalisé sur mon bien-être plutôt que sur l’aspect médical de la maladie.

J’ai été suivie pendant une année dans ce centre.

Cette année m’a permis de comprendre l’état dans lequel j’étais, et surtout d’apprendre à prendre soin de moi avant les autres. D’apprendre à cesser de survoler, et de me poser sur l’instant présent. J’ai fait du sport, ai appris à mieux manger, à méditer, à profiter de moments pour me ressourcer. Je suis passée par des phases de grande détresse émotionnelle et des phases de découverte du moi intérieur qui a eu besoin de sortir de la carapace que je m’étais forgée, et qui m’a rongé toutes ces années. J’ai appris à dire non, appris à me séparer de mon entourage toxique et à enfin pouvoir vivre plus sereinement.

J’ai d’ailleurs, à la suite de cette période, décidé de m’installer en pleine nature, à la campagne. Moi, citadine invétérée qui aimait par-dessus tout vivre à 3000 à l’heure, ai quitté l’environnement citadin parisien pour vivre à deux pas du Loiret. La maladie m’a profondément changée. Mon rythme de vie est désormais plus calme, je mange mieux, fais de l’équitation et vis au rythme de la nature. J ‘ai repris mon activité professionnelle mais à temps partiel .

Moi qui était incapable de prendre du recul, je suis désormais calme et n’accepte plus l’inacceptable, pour me préserver et me protéger.

Lorsque je regarde le chemin parcouru, je suis heureuse de ces changements de vie et me sens mieux dans mon corps et dans mon esprit.