Marjorie

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Marjorie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Marjorie (Pereybère – Ile Maurice). Touchée par un « petit cancer » comme elle le dit, elle souffre d’un sentiment d’illégitimité à gérer la période complexe de l’après traitements.

Le 21 décembre 2018, mon téléphone sonne. Ma gynécologue m’apprend que la biopsie faite la semaine précédente a révélé des cellules cancéreuses. Alors, rien de bien dangereux selon ses dires : une simple opération suffira à résoudre le problème.

Deux jours après, j’enchaine les examens : mammographie, IRM et rendez-vous chez un spécialiste du cancer du sein. Le couperet tombe : ma vie n’est pas en danger, on va « juste » devoir m’enlever un sein. Tout s’enchaine : rendez-vous avec le chirurgien esthétique, avec le gynéco, avec l’anesthésiste et trois semaines après, je passe sur le billard.

Je remercie tous les jours de ne pas avoir eu un cancer plus grave qui aurait nécessité des traitements lourds. Mais voilà, justement, je vis une chose terrible à mon niveau et je me sens illégitime dans ma souffrance. Comment se plaindre de ce que je vis, alors que d’autres patients enchainent les séances de chimiothérapie sans savoir si les traitements vont marcher ou pas ?

À 35 ans, apprendre que l’on va perdre une part de sa féminité est d’une violence sans nom. Mais voilà, il faut avancer, ne pas sombrer. Pour m’aider dans ce cheminement, j’ai décidé d’écrire un blog. Je l’ai écrit pour moi, mais aussi pour mes amis et ma famille, pour qu’ils comprennent ce que je traverse.
Cette épreuve aura remis énormément de choses en question dans ma vie. Six mois après mon opération, j’ai décidé de quitter mon emploi et de partir voyager. C’est un projet que j’avais depuis longtemps, mais je n’avais jamais eu le courage de franchir le pas.

Cette épreuve m’aura permis de me rendre compte à quel point la vie est précieuse et qu’elle peut basculer en un instant.

https://joyeuxcancer.home.blog/author/marjyy/

Sylvie

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Sylvie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Sylvie (Limoges). Elle a créé une association et un lieu de partage et d’écoute, pour gérer la période compliquée de l’après-cancer.

En 2016, j’ai été traitée pour un lymphome : dix séances de chimiothérapie, sur six mois. Une épreuve physiquement et moralement mais la chance d’être en rémission dès la fin du traitement. C’est étrange de s’entendre parler de chance, alors qu’on a approché la mort, et que dans mon cas, je dois apprendre à vivre avec des effets secondaires permanents et ne peux reprendre mon travail.

Infirmière libérale avant d’être malade, j’ai accompagné de nombreuses personnes touchées par le cancer. Leur courage et la dignité dont elles faisaient preuve dans cette situation à l’issue incertaine m’impressionnaient et je me suis souvent demandé : comment réagiras-tu si un jour tu es dans la même situation ?

Dans mon cas, je n’ai jamais pensé que j’allais mourir pendant le traitement. C’est après que les angoisses sont apparues. En fait, le cancer surgit dans une vie comme un ouragan. Pendant de longs mois, toute l’énergie du malade et de son entourage est mobilisée pour se battre contre la maladie, supporter les traitements, la souffrance et composer avec les difficultés du quotidien.
Puis vient, de plus en plus souvent, l’annonce de la rémission, l’arrêt des traitements, l’espacement progressif du suivi médical mais aussi l’apparition d’émotions contradictoires : le soulagement et l’espoir cohabitent avec l’épuisement et le sentiment de se sentir soudain seul, inquiet pour l’avenir et désemparé.

C’est à cette étape de mon parcours que mes différentes expériences de malade, soignante et cadre de santé se sont rencontrées. Encouragée par quelques amis bienveillants, j’ai élaboré un projet qui proposait de prendre en considération les spécificités de l’après-cancer et d’aider les personnes à retrouver l’énergie et la confiance nécessaires pour se reconstruire et, à nouveau, sourire à la vie.

L’association Phoenix Attitude est née en janvier 2018 pour porter ce projet. Soutenue par l’ARS Nouvelle Aquitaine, nous avons ouvert le 3 décembre 2018, à Limoges, un centre d’accueil pour accompagner la reconstruction après un cancer.
Ce lieu est destiné aux personnes en rémission, à leurs proches et aux aidants.

L’association leur propose un accompagnement centré sur la récupération physique, la détente, le bien-être et la réflexion autour des projets personnel et/ou professionnel.
Dans un espace symboliquement appelé « Le Nouveau Souffle », les bénéficiaires trouvent un salon de rencontre et de partage et participent à des ateliers individuels et collectifs animés par des professionnels qualifiés :
– La gymnastique, la marche pour reprendre une activité physique régulière,
– La détente/respiration, la réflexologie, le yoga pour relaxer son corps et apaiser son esprit,
– Les soins du corps pour retrouver des sensations agréables et une bonne image de soi,
– La cuisine santé pour adopter une alimentation équilibrée,
– Le groupe de parole pour mettre en mots, partager ses ressentis,
– Le coaching pour accompagner le retour au travail, faire de nouveaux projets.

La première année a été encourageante et malgré la situation sanitaire actuelle, le développement de l’association se poursuit en 2020. Nous envisageons de développer les activités existantes et d’initier de nouveaux projets parmi lesquels :
– un film documentaire réalisé par nos bénéficiaires. Ils témoigneront des difficultés vécues à la fin des traitements et de l’énergie que demande la reconstruction. Ce documentaire participera à l’information sur une période de transition, mal connue et sous-estimée. Il sera également le témoin des capacités et compétences que l’on peut développer malgré les épreuves,
– la mise en place de séjours d’une semaine en Limousin, à destination de personnes venant de toute la France, pour initier leur reconstruction après un cancer.

Une belle dynamique est en marche. La bonne humeur règne au quotidien dans nos locaux et pour moi, la joie de participer à cette belle aventure.

https://phoenix-attitude.fr/
https://www.facebook.com/Association-Phoenix-Attitude-1198368146972766
phoenixattitude@orange.fr

Juliette

Juliette

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Juliette

Date de publication du témoignage :

RDV avec Juliette (Seine et Marne). Elle a créé l’association Sein Bio’z qui œuvre auprès du personnel médical pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein chez la femme enceinte.

14 juin 2016, enceinte de 8 mois, le téléphone sonne. L’obstétricienne ouvre une consultation son jour de repos, je comprends immédiatement que la boule tâtée en mon sein un mois plutôt n’est pas un simple signe de préparation du lait ! L’annonce tombe : cancer du sein stade 2, grade 2, HER 2 +++, j’ai l’impression d’être dans un mauvais Star Wars.

L’accouchement est déclenché. Après trois jours de souffrance, ma fille naît et ma volonté de vaincre s’accroît. Après l’ablation de la tumeur, les chimios, une reprise chirurgicale, la radiothérapie et deux ans d’hormonothérapie, je suis en rémission complète.

Je profite de cette pause professionnelle, pendant et après une reprise en mi-temps thérapeutique, pour créer mon Association SEIN BIO’Z et écrire mon témoignage. Je suis auteure de « Nous ne t’avions pas invité » (éditions l’Harmattan).

L’objet de l’association SEIN BIO’Z est de prévenir et informer le corps médical et les soignants au dépistage du cancer du sein chez la femme enceinte, en témoignant sur mon parcours et mes rencontres. C’est également prévenir et informer le grand public au dépistage du cancer du sein par la présence à des stands de prévention, lors de manifestations (sensibilisation à l’auto-palpation, explication étude génétique, conservation de la fertilité…).

Mon livre est vendu sur plusieurs sites. Si j’obtiens des bénéfices, je les reverserai à la recherche contre le cancer. Je suis transparente et précise que je touche un petit pourcentage des ventes à partir du 501ème vendu.

Le plus important pour moi est de prévenir car un cancer diagnostiqué à temps est une vie sauvée !
Je vous souhaite à toutes et tous courage et force dans vos combats. Merci Cmynewme de nous donner la parole !

 

Anaïs

Anaïs

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Anaïs

Date de publication du témoignage :

RDV avec Anaïs (Paris). Touchée très jeune par un cancer, elle a retrouvé un haut niveau sportif et se prépare pour les sélections en équipe de France sur 100 km !

On m’a diagnostiqué un cancer du sein à l’âge de 24 ans, triple négatif avec métastases ganglionnaires. J’ai eu chimiothérapie, radiothérapie et ablation des deux seins. Aujourd’hui je suis heureuse et en rémission.

Lors de mes traitements et multiples opérations, j’ai été plutôt forte. J’ai toujours voulu avancer en étant positive et ça m’a beaucoup aidée, mon entourage également. Je n’ai jamais arrêté le sport lors de la chimio, de la radiothérapie… Et ça a été ma plus grande force, malgré les dires des médecins, ma source de motivation, mon mantra de chaque jour. Avancer quoi qu’il arrive : « Se dépasser quand tout va bien, se surpasser quand tout va mal. »

Grâce à cette motivation sans faille, huit mois après la fin des traitements, je gagnais en septembre 2016, le championnat de France de marathon en 2h54. J’avais déjà un niveau national avant la maladie.

Je pense qu’aujourd’hui, je relativise beaucoup plus. J’avance quoi qu’il arrive et je fais ce qui me rend heureuse et ce qui me passionne. Sinon, ma vie n’a pas tellement changé. J’ai repris le travail et le sport. J’ai même réussi à retrouver mon meilleur niveau, mieux qu’avant la maladie. C’est une belle victoire ! Je me sens bien dans mes baskets.

En 2021, j’espère pouvoir aller chercher une sélection en équipe de France sur 100 km et un podium au championnat de France, avec une possible sélection pour les championnats du monde. J’aime la vie que je mène, je ne l’échangerais contre rien au monde. Elle m’a apporté tellement. Je suis si reconnaissante, envers mon entourage et les personnes bienveillantes.

https://instagram.com/ana_banana_running/
https://www.facebook.com/Anaïs-Quemener-le-sport-comme-thérapie-754967704693361/

Alice

Alice

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Alice

Date de publication du témoignage :

RDV avec Alice (Lille). Atteinte d’une forme de cancer rare, elle est en cours de création d’une association et d’un blog.

J’ai été opérée d’un pseudomyxome péritonéal de bas grade (forme rare de cancer du péritoine) en septembre 2019.
Tout a commencé par un bilan de fertilité. Pendant les examens, la gynécologue découvre une masse au niveau de mon ovaire droit. Après exploration, il s’avère que cette masse est sur mon intestin, un diverticule de Meckel me dit-on, bénin. Mais je dois tout de même contrôler cela avant d’envisager une grossesse. Et le résultat tombe après un scanner : mucocèle appendiculaire rompue. Ma vie bascule. Je dois annuler mes vacances, je tente d’appréhender l’idée que je suis malade, malade sans me sentir malade. Je n’ai aucun symptôme, c’est peut-être ça le plus dur.

Et ma vie personnelle qui part à la dérive aussi.
L’homme avec lequel je partage ma vie depuis six ans me quitte. Une semaine après avoir soufflé mes 30 bougies, je dois faire face à deux épreuves incroyables : une séparation, et surtout, la maladie. Je ne me laisse jamais abattre. D’un naturel anxieux, je n’ai étonnamment pas peur de ce qui m’attend. Ce que je redoute le plus c’est la cicatrice (du sternum au pubis), et ce fameux mot de six lettres qu’on ne s’attend jamais à dire de soi-même : cancer.

Mais on se découvre une force assez folle dans des épreuves de vie telle que la maladie. Le soutien de mes proches est précieux et indispensable, je les remercie encore chaque jour !

Un peu plus d’an après le diagnostic, je vais aujourd’hui très bien, mais j’ai du mal à réaliser. Tout s’est passé tellement vite. Une vie qui change du tout au tout en quelques mois. On ne ressort pas indemne de tout ça. Je ressens le besoin de donner du sens à ce chemin parcouru. Etant atteinte d’une forme rare de cancer, j’ai eu du mal à trouver des personnes avec lesquelles échanger. N’étant pas très connectée sur les réseaux sociaux, j’ai ressenti un certain isolement. J’ai vite repris le dessus, physiquement, sur la maladie, mais ce n’est pas pour autant fini.

Je serai suivie pendant quinze ans, il faut donc que j’apprenne à vivre avec. Je ne me sens pas toujours légitime à parler de ce que j’ai vécu et je me dis parfois qu’il faut que je passe à autre chose. Mais je n’en ai pas envie.

Je suis fière de mon parcours et j’ai envie de partager et surtout d’aider les autres à surmonter cette épreuve de vie incroyable. C’est pourquoi j’ai entamé cette année une formation en phytothérapie/aromathérapie (que je finirai en 2022). J’ai besoin de me reconnecter à l’essentiel : la nature et le bien-être. Et c’est ce que je souhaite partager avec d’autres. J’ai en projet de monter une association (autour de Lille) qui proposerait un accompagnement auprès des personnes malades (atelier bien-être, confection de tisanes et soins naturels, etc.). Tout reste à construire mais je crois profondément en ces initiatives.

Je continue en parallèle d’exercer mon métier de coordinatrice de formation dans une grande école de journalisme. Je lance notamment cette année la création d’un blog sur le cancer – une maladie très connue mais si peu traitée par les médias. Je me suis rapprochée de différents partenaires qui souhaitent participer à cette opération (institut de recherche, associations de patients, etc.).

Le blog va se lancer prochainement. N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez y participer. C’est ensemble que l’on parviendra à faire sens de tout le chemin parcouru.