Camille
Camille
Date de publication du témoignage :
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RDV avec Camille (Marseille). Du haut de ses 18 ans, elle a créé un compte de partage et d’informations autour du cancer, qui a touché plusieurs membres de sa famille.
J’ai envie de vous parler aujourd’hui, d’une jeune fille. Une jeune fille qui a vu, lorsqu’elle était toute petite, sa mamie affaiblie par la maladie. Oui, le cancer grignote petit à petit son sein, elle n’en aura bientôt plus qu’un.
Du haut de ses 4 ans, elle ne comprend pas pourquoi sa grand-mère ne veut pas venir jouer avec elle dans la mer. Elle ne comprend pas pourquoi sa grand-mère porte toujours un tee-shirt à la plage. N’a-t-elle pas chaud ?
Du haut de ses 6 ans, elle ne comprend pas ce que c’est que cette grosse masse qui se loge sous son tee-shirt à côté de son sein gauche.
Puis, en grandissant, les réponses aux questions apparaissent timidement.
Du haut de ses 10 ans, elle comprend que sa grand-mère craint le regard des autres, a honte de montrer que la maladie s’est emparée d’elle. Elle découvre aussi le secret de cette masse, c’est une prothèse, une prothèse qui trompe. Pour encore une fois leurrer la société. Cacher cette absence qui lui fait tant de mal. Pourquoi sa grand-mère n’aurait-elle pas le droit, comme tout le monde, de porter son plus beau maillot de bain pour bronzer sur la plage ?
Du haut de ses 12 ans, elle voit une nouvelle fois sa famille heurtée par la maladie. Sa tante a été la cible. La tristesse, la colère, tant de sentiments d’incompréhension… Face à la mort, le courage et la détermination ont été les vainqueurs.
Du haut de ses 15 ans, une adolescente curieuse elle est devenue. Elle passe des heures et des heures avec sa grand-mère et sa tante à parler de ce qui leur est arrivé, à parler de ce petit crabe qui leur a mangé un bout de leur vie, à parler de ces chimios qui durent une éternité… La jeune fille se cultive, se renforce.
Du haut de ses 16 ans, l’histoire ne prend pas fin. Un nouvel artiste monte sur scène. C’est son grand-père qui endossera le rôle principal. Les femmes ne sont pas les seules à être les victimes. Cette fois, elle est parée. Cette maladie n’est plus un secret, elle la connait. Des gouttes de sang comme symptôme, il finira par exterminer cet être qui rend visite à chacun de mes proches.
Parce que oui, cette petite fille, c’est bien moi. Camille.
Et maintenant, du haut de mes 18 ans, je comprends tout ce que m’a apporté ce cancer. La maladie m’a montré que la vie est précieuse et qu’il faut savoir profiter des personnes que nous aimons. La maladie m’a appris à être forte, à ne pas me laisser abattre. La maladie m’a appris à me lever le matin, le sourire sur le visage et à toujours trouver une pointe de positif. La maladie m’a confirmé le sens de l’expression « jamais deux sans trois ». La maladie m’a permis de regarder la vie en me disant que tant de femmes, tant d’hommes souffrent de cette maladie, le cancer du sein. Tant de femmes comme ma grand-mère ont honte, se sentent jugées. Tant de femmes ne se sentent plus féminines. Tant d’hommes se sentent seuls…
C’en est trop ! Je me lance : en juin 2021 est créé sur Instagram @lecancer.du.sein un compte avec des témoignages, des messages de soutien, d’encouragement. Des messages dans lesquels je vous envoie toute ma force. Derrière tout ça, se trouve une réelle envie d’aider, de partager mais surtout d’agir. Mon combat ne s’arrête pas là puisque je souhaite entreprendre des études de médecine afin de continuer ma lutte.
Le cancer en dévore plus d’un et pourtant la société en est toujours choquée, intriguée. Nous pouvons être rayonnante et splendide sans cheveux, nous pouvons être féminine et belle sans sein. Alors ensemble faisons que l’opinion publique soit davantage sensibilisée et indulgente. Ensemble battons-nous contre cette maladie.