Christel
Date de publication du témoignage :
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RDV avec Christel (Molières sur Ceze). En rémission, elle a créé une association pour venir en aide aux patient(e)s et écrit au Président pour essayer de faire bouger les choses.
Je m’appelle Christel, j’ai 45 ans, mariée et j’ai un enfant. Et toute une vie a tourné autour de ce crabe…
Pour faire simple : j’ai perdu ma maman il y a 19 ans, qui elle-même avait perdu la sienne très tôt, et la sœur de ma mère a eu un cancer il y a plus de 20 ans. Bref, chez nous, les femmes ONT UN CANCER DU SEIN et je savais au fond de moi qu’un jour il faudrait, en prévention, enlever tout ça. Porteuse du gène BRCA1 (sein/ovaire) j’étais donc suivie depuis plus de 10 ans. Ma petite sœur, porteuse elle aussi du gène, a un cancer du sein depuis 2016….Parce qu’elle m’a harcelée, poussée, criée dessus, j’ai pris la décision de me faire enlever les seins en 2017.
Le chirurgien me demande de faire une IRM de contrôle pré opératoire en mai 2016. J’y vais tranquille et là… apparaissent deux nodules qui n’étaient pas là 7 mois auparavant. Je vais résumer : l’intervention de prévention était déjà prévue pour septembre, j’étais prête.
La suite : cancer du sein hormonodépendant grade 3 sans atteinte ganglionnaire. Ma sœur m’a sauvé la vie car il était très virulent. J’ai eu le choix de faire ou pas la chimio. Je l’ai faite, suivie d’une hormonothérapie pendant 5 ans. J’ai fait enlever mes ovaires et mes trompes et dans le courant de cette année, j’enlève l’autre sein en prévention. J’ai un chirurgien au top qui m’a reconstruite tout de suite, ce qui fait que je n’ai pas eu ce traumatisme de ne pas avoir de sein….
Quand je regarde en arrière, maintenant que je vais bien, je m’aperçois que je suis une autre personne, que mes priorités ne sont plus les mêmes… « grâce au cancer ». J’ai rencontré des personnes qui n’auraient jamais fait partie de ma vie. Bref, une autre Christel est née avec une autre vie.
J’ai créé l’association Les Marraines qui accompagne les malades et leurs familles car pendant mon combat, je me suis rendue compte qu’on n’était pas tous égaux face à la maladie… Je me bats aussi pour que nos gouvernants se rendent compte de ce qui manque aux malades, des inégalités qui ne devraient pas être….J’ai de nouveau écrit au Président et ne compte pas m’arrêter la…. Aujourd’hui je vais bien mais ma sœur continue son combat ; c’est une guerrière…