Karine
Date de publication du témoignage :
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RDV avec Karine (Aix-les-Bains). Elle a dû faire le deuil de la maternité mais, malgré sa récidive, elle garde sa « positive attitude ».
Mon histoire commence le 27 juin 2012.
Il y a plusieurs mois que j’avais une boule de graisse au-dessus du sein droit. Intérieurement je savais que ce n’était pas anodin, mais j’avais tellement peur du diagnostic que je n’ai pas voulu consulter : la peur du médecin. C’est mon mari qui m’a décidée à consulter quand il m’a dit : « tu attends quoi ? de mourir ? » Tout s’est enchaîné très vite : mammo, rdv chez gynécologue, chirurgien, ponction, IRM, scanner,… en fait tout une batterie d’examens que je n’aurais pas cru pouvoir faire dans toute une vie et que j’ai faits en 1 semaine ! Moi qui n’avais pas confiance en la médecine, j’étais servie et surtout impuissante face à ce rouleau compresseur. Puis le verdict est tombé : cancer du sein. J’étais alors âgée de 38 ans et sans enfant.
Je devais commencer la chimiothérapie fin juillet. Mais, puisqu’une mauvaise nouvelle ne suffit pas, on me découvre deux grosseurs aux ovaires. Le chirurgien ayant peur que ce soit cancéreux, j’ai subi une ovariectomie en urgence. J’ai donc dû faire le deuil d’avoir des enfants. Pas facile à digérer en plus du cancer. Par chance, les tumeurs ovariennes n’étaient pas cancéreuses, mais trop tard : le mal était fait est surtout irréversible !
Une semaine après mon intervention, j’attaquais 8 séances de chimiothérapie. Répondant bien au traitement, j’ai pu être opérée en janvier 2012 de ma tumeur du sein. J’ai eu beaucoup de chance car ayant une poitrine généreuse, et la tumeur se situant dans le haut du sein, on a pu retirer uniquement la tumeur. J’ai enchaîné par 30 séances de radiothérapie et ensuite repos : tout avait disparu.
Après quelques mois de repos, nous avons décidé de nous lancer dans la longue route de l’adoption. Nous avons discuté longtemps avant de nous lancer. Nous avons fait une demande d’agrément dont la procédure dure environ 9 mois, avec une enquête psychologique et sociale. Nous avons joué l’honnêteté et nous n’avons pas caché mes antécédents de santé. Nous étions très heureux puisque, 9 mois après, nous avons eu notre agrément. Mais le problème, c’est que pour la France nous étions trop âgés et lorsque nous avons voulu tenter l’international, on nous a répondu que vu mes antécédents de santé, il n’y avait aucune chance pour que l’on nous confie un enfant. Nous n’avons pas lâché et avons quand même continué à nous battre jusqu’à l’été 2018, où j’ai dû consulter mon médecin pour des douleurs de dos et une toux persistante. Suite à différents examens, le verdict est retombé : récidive cancer du sein métastatique sur le foie, les vertèbres et les poumons.
L’annonce a été compliquée car on m’avait dit que j’étais en rémission. Mon oncologue m a expliqué que chez moi, il pensait que le cancer était comme une maladie chronique, dont on ne guérit pas mais qu’il faut stabiliser. Pour moi, ne pas guérir, c est mourir, mais apparemment ce n’est pas le cas. Cette pensée de mort annoncée m’a terriblement effrayée et j’y pense encore beaucoup, surtout la nuit quand vous êtes face à vous-même. J’ai fait des séances de kinésiologie qui m’aident à évacuer mes peurs.
Pour moi chaque moment est une joie. Je profite de la vie et je me battrai toujours même si parfois c’est épuisant. Mais se battre, c’est vivre, donc je positive.
Vous faire part de mon vécu est pour moi un exutoire et j’espère que cela pourra vous aider comme moi à avancer.