Caroline

Caroline

Caroline

Date de publication du témoignage :

RDV avec Caroline (Lyon) : Le traitement pour le cancer de la thyroïde est moins visible sur le patient mais la peur et l’arrachement d’une mère à ses enfants est une souffrance aigüe, quel que soit le cancer.

En 2010, lors d’une visite de routine, mon médecin décèle une grosseur à la gorge. Il me prescrit une échographie qui permet d’identifier des nodules dans ma thyroïde. Une biopsie devrait permettre de trancher sur le caractère bénin ou malin, mais le résultat n’est « pas interprétable », et étant donnés mes antécédents familiaux, il faut envisager une ablation totale de la thyroïde. Décision difficile car sans thyroïde, cela signifie traitement hormonal à vie, peut-être pour des nodules bénins… Je décide néanmoins de me faire opérer, et je fais bien car l’analyse du nodule montre qu’il était cancéreux.
Gros coup de massue… La suite du traitement consiste à subir une « cure d’iode ». Concrètement, intégrer pour quelques jours le service de médecine nucléaire de l’hôpital, avaler une pilule d’iode radioactif et attendre qu’elle se fixe sur les cellules thyroïdiennes. Tout se passe bien, pas d’effets secondaires. Mon cancer est terminé avant même d’avoir commencé, mais il va me falloir plusieurs années avant de trouver le bon dosage de Lévothyrox, et une surveillance médicale à vie, deux fois par an.
J’avais 32 ans. Mes 3 enfants étaient petits, le dernier encore au sein, et ça a été très dur pour nous d’être séparés pendant mon hospitalisation et ma cure d’iode. Ne pas pouvoir voir ses enfants parce qu’on est radioactif, c’est vraiment dur, même si ça ne dure qu’une semaine. Devoir arrêter d’allaiter parce que les produits anesthésiants sont dangereux pour son bébé, c’est brutal. Tout s’est passé très vite, mon mari a dû gérer tout ça comme il a pu. J’en ai des souvenirs assez confus, à la fois de quelque chose de très violent, et à la fois d’assez abstrait puisque, finalement, je n’ai pas vécu de symptômes de ce cancer.
Je venais de commencer la peinture, qui a été une vraie thérapie pour moi. Elle m’a aussi permis de réaliser à quel point j’étais bien entourée, et que j’avais autour de moi des gens qui m’aimaient et qui prenaient soin de moi quand je n’allais pas bien, que ma valeur n’était pas associée à ce que je faisais, mais surtout à qui j’étais.
Huit ans plus tard, je vais bien et ma famille aussi. J’ai repris le karaté et mes nombreuses activités : théâtre, danse, associations, peinture, voyages… Je profite de la vie comme je l’ai toujours fait, mais avec toujours présente à l’esprit l’idée que l’aventure peut s’arrêter à tout instant et qu’il faut profiter des belles rencontres et des beaux paysages.
J’accorde depuis beaucoup moins d’énergie aux choses et aux gens qui m’énervent, je suis plus indulgente… J’ai aussi plus confiance en moi, je sais maintenant la force que j’ai pour surmonter des épreuves et je n’ai pas peur de prendre des risques parce que je connais mes ressources.

Gaëlle

Gaëlle

Gaëlle

Date de publication du témoignage :

RDV avec Gaëlle (Perpignan) : c’est grâce à une dinde qui lui est restée en travers de la gorge.

Qu’elle s’en est sortie ! Une histoire de fêtes de fin d’année qui finit bien 🙂
J’ai 33 ans. Maman d’un petit homme de 8 ans.
Dernier jour de 2018. Le moment de fermer une lourde page. J’espère définitivement.
J’ai appris le 8 janvier qu’un cancer de l’œsophage bien avancé me rongeait.
Quasiment jour pour jour, 2 ans après avoir vu l’amour de ma vie depuis 17 ans partir avec une dinde de Noël de passage..
Une dinde que je n’ai pas réussi à avaler ni digérer et ça a pris tout son sens.
Je venais de changer de voie professionnelle passant de la finance au sport santé, et un mois plus tôt j’avais enfin rencontré un homme bien.
Ses 2 parents, médecins, m’ont gentillement invitée à manger… mes difficultés à avaler le repas les ont immédiatement alertés ! Eux 3 ont tout organisé et tout géré très rapidement.
Tout s’est enchaîné à une vitesse folle. Tant les soins que la dégradation impressionnante de mon état. Chimio, radio, œsophagectomie, re-chimio..
J’étais spectatrice, sans savoir à quelle branche m’accrocher, totalement « pommée » !
Mon ange gardien, cette personne qu’on voit tous les 10 ans, malade au même moment, m’a montré la voie et m’a déculpabilisée sur le fait de m’appuyer sur mon fils.. Et je n’ai plus rien lâché !
J’ai tellement pleuré… j’ai été tellement inquiète… je me suis tellement battue, j’ai appris tellement de choses et perdu le sens de tellement d’autres.
Je ne suis pas devenue une autre, juste celle que je suis vraiment depuis longtemps, celle que l’on ne peut pas toujours se permettre d’être parce que la vie, la société…
Oui, je suis hypersensible ! C’est aussi pour ça que je suis si empathique.. Oui, je suis très émotive ! Et non, ce n’est pas une fragilité comme je l’ai longtemps cru.. Oui, je suis une femme forte et indépendante, il faut bien.. Et oui, nous avons tous des ressources en nous qu’il faut aller chercher !
Aujourd’hui, je ne retiens qu’une chose : L’INSTANT PRÉSENT, le seul dont Il faut se soucier même s’il est parfois tentant de se retourner ou d’avancer plus vite que la musique.
J’avance doucement mais sûrement, je le sens en moi. Et je sais que dans 6mois mon discours sera encore différent car j’aurai encore évolué. Mais ça me va… 😁
« Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse. »

Magali

Magali

Magali

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RDV avec Magali (Tours) : « Invictus » est son mantra et invincible elle restera.

J’ai 41 ans lorsque l’on me diagnostique un cancer du sein triple négatif en novembre 2014. À ce moment de ma vie, je suis sur une trajectoire plutôt ascendante. Oui, la quarantaine m’aura enfin apporté une vie épanouissante, tant sur le plan privé que professionnel. Depuis 2 ans déjà, je me sens privilégiée par la vie, avec un « job de rêve » — je suis responsable communication d’une école d’ingénieurs parisienne —, et un amoureux qui aura quitté sa région PACA pour me rejoindre et partager sa vie avec moi. En tant que webdesigner, son métier est complémentaire du mien et il devient naturellement le prestataire de l’école qui m’emploie. Au quotidien, nous parlons travail à la maison mais aussi bébé… Après une année de tentatives infructueuses, nous entrons dans un protocole de fécondation in vitro. C’est à l’issue de la batterie d’examens et au détour d’une mammographie « de principe », que la radiologue détecte une petite masse. S’ensuit une biopsie dont le résultat viendra confirmer mes pires craintes. Le corps médical m’informe avec la plus grande patience que le projet de grossesse doit être reporté. Je serai donc opérée pour la première fois le 5 décembre, date initialement retenue pour le transfert embryonnaire. Quelques jours après la tumorectomie, je décide de « descendre dans l’arène » et d’agir plutôt que de subir. Place à l’étape de la coupe de cheveux au carré pour minimiser l’impact de la perte totale de mes chers follicules. Car oui, l’alopécie a aussi été confirmée par le chirurgien. J’ai envie de lever les yeux vers le ciel et de « Lui » demander : « Alors, maintenant ? Tu me prends quoi ? » Les Cieux auraient pu me répondre : « Ton sein et tes ganglions lymphatiques, car une mastectomie et un curage axillaire, tu auras ! Tes sourcils, tes cils, ton poids et tes gencives, car de ta féminité, privée tu seras ».
Ce sera inutile, puisque je vais rapidement vivre ces étapes. Je suis effondrée, mais parallèlement à cela, ma conscience se développe et se révèle encore plus chaque jour. Je découvre que j’ai bien plus de forces et de ressources que je ne le pense. À commencer par mon entourage si bienveillant. Je me sens portée par ma famille et mes ami-e-s. Leur présence et leur soutien se révèlent être la béquille dont j’ai besoin pour avancer. Ils constituent ma Team, et Invectus, le poème préféré de Mandela, mon mantra. C’est ainsi que je traverse mes opérations, mes séances de chimiothérapie et de radiothérapie. Toujours accompagnée. Avec ma Team, Invectus, et le soleil qui se lève chaque matin.
Après le protocole de soins qui aura duré près d’un an, j’entre dans la phase de reconstruction qui prévoit 3 opérations entre 2017 et 2018. Reconstruction, ce mot n’est pas anodin. Car, en effet, durant cette période, j’ai quitté mon entreprise, me suis inscrite à un mastère exécutive et développe actuellement un projet entrepreneurial. Témoigner, partager, écrire, permet je crois, de prendre de la hauteur d’esprit. Que de chemin parcouru ! Et une belle victoire car malgré les épreuves, je conserve une foi inébranlable en la Vie.

Agnès

Agnès

Agnès

Date de publication du témoignage :

RDV avec Agnès (La Verdière), une Mad’Ame au grand cœur.

J’ai 47 ans lorsque j’apprends que je suis porteuse d’un cancer du sein de grade 2. Trois ans plus tard pour mes 50 ans, j’écope d’un cancer métastatique. Tout à coup mon monde s’ébranle, la terreur entre dans mon foyer, prend toute sa place dans mon corps, mes émotions et celles de mes proches. Et lorsqu’un an plus tard je comprends que je vais devoir composer et m’adapter dans une vie orientée « maladie chronique »… je me sers du poids de mes mots et de l’impact des images de mon corps pour faire passer ce message : à partir de maintenant, je fais en sorte que chaque seconde compte !
Déterminée je me réfugie dans l’écriture et je publie, en août 2018, ma première autobiographie Mad’Ame est servie (aux éditons Sydney Laurent) : Je suis désormais une Amazone ? Et alors !
Les mois s’écoulent, une continuité de vie s’installe. J’apprends à composer avec une maladie traitable et non plus curable. Tonique est combative, sourire affiché (quoi que souvent absent ces derniers temps) je ne regrette rien, n’en veux à personne et n’envie aucun être, ni aucune destinée…
Aujourd’hui ma joie est ponctuée de protocoles de soins qui s’enchaînent à chaque fin de trimestre en fonction du résultat des examens. Mon corps souffre, mon visage de transforme, mes mots sont réfléchis et mes pensées m’aident à me construire un monde où j’ai une place forte. Et, malgré la disparition récente de certains êtres chers rattrapés par le couperet de la maladie, mon envie de vivre a décuplé.
Mon essentiel à moi se situe à trois niveaux :
1/ Faire de mes expériences une plus-value partenariale intégrée au milieu médical, dans l’accompagnement et le suivi thérapeutique des patients atteints de cancer ou de pathologie chronique ;
2/ Continuer à écrire et à témoigner de mon parcours, afin que davantage de personnes sachent au lieu de supposer ;
3/ Participer régulièrement à des actions mettant l’impact de l’image au premier plan, dans l’acceptation de soi avec un corps différent.
La maladie m’a appris à me connaître et à reconnaître ma légitimité, elle m’a autorisé la prise de recul face à une personne ou à une situation. Ma vision de l’humain a changé. J’invite chaque personne à se rencontrer en sortant de sa zone de confort. Aujourd’hui il est temps de stopper les faux semblants et d’aller de l’avant.
Ne croyant ni en dieu ni à aucune forme de divinité non plus qu’aux magiciens ou aux poudres de perlimpinpin, la seule source qui m’anime est la foi en ma positivité, et ce, quoiqu’il advienne. Je sais dire, rire et pleurer et c’est dans cet esprit que je compte gagner encore quelques belles années.

mad-ameestservie.com

Sophie

Sophie

Sophie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Sophie (Moissac), saut en parachute, course au Sénégal : plus rien ne l’arrête !

J’ai 41 ans et 2 garçons de 5 et 11 ans.
Mr Crabe, comme je l’appelle, est arrivé dans ma vie en Octobre 2017, un vendredi 13. Banal contrôle suite à une opération du sein droit pour enlever un adenofibrome bénin. Lors de ce contrôle, le radiologue me dit « il y a une nouvelle tâche, sans doute rien de grave, mais faites une biopsie quand même »… Quel bon conseil : 3 semaines plus tard on m’annonçait un cancer… Bien sûr, c’est un coup de massue… abattement, doutes, peur et colère…
Mais j’ai relevé mes manches, relevé la tête et j’ai décidé de vivre vraiment cet événement dans ma vie et de le subir le moins possible : une amie différente m’a accompagnée à chaque chimio pour en faire un moment « sympa » de papotage et de partage. J’ai marché, couru,… avec des voisines, des copines, des mamans d’école… tout un entourage s’est mobilisé autour de moi et j’ai découvert en moi des ressources insoupçonnées. J’ai enchainé avec 33 séances de radiothérapie.
Tout ça, tout en travaillant dès que je le pouvais. Certains clients ne se sont même pas rendu compte de mon combat.
J’avais aussi créé un groupe FB pour raconter les petites anecdotes et moments forts de cette « aventure » si particulière.
Le combat n’est pas facile, il y a des hauts et des bas, mais il faut essayer de positiver, d’accepter de ne pas tout maitriser… et de profiter de chaque journée où on se sent bien. Il faut aussi accepter les jours de « moins bien », les coups de mou… et de demander de l’aide…
Aujourd’hui, je suis sous hormonothérapie. Je ne sais pas si la bataille est gagnée mais je profite de chaque moment. Je suis émue devant les beaux paysages, les rencontres, les moments passés avec mes enfants, mon mari, mes amis… tout me prend aux tripes.
My new me, mon nouveau moi, c’est d’être toujours la même qu’avant fonceuse, battante, dévouée à mon travail et aux autres… mais d’accepter aussi de me poser parfois, de prendre du temps pour moi… Il y a encore du boulot pour m’accepter sous ce « nouveau format » mais je travaille sur moi… L’art-thérapie m’aide beaucoup, et le sport aussi.

Je continue à me lancer des défis ! Mr Crabe n’a pas gagné ! Je pars au Sénégal en Février pour la course solidaire la Sénégazelle. Je devais y participer en 2018 mais j’ai dû annuler à cause des traitements. Alors cette année, j’y serai ! Je m’entraine à fond, je cours moi qui n’était pas une adepte des footings !! J’aurais ma revanche !!! Et je prends plaisir à dompter mon corps, le sentir vivant et « performant », à ma mesure bien sûr.
J’au aussi sauté en parachute début septembre avec Maladie en chute libre : sauter dans le vide, sauter dans ma nouvelle vie pour laisser tout ça derrière moi.

Alors je voudrais juste dire que je ne suis plus la même c’est vrai, mais je ne suis pas complètement différente non plus… C’est my new me.
Vous avez tous et toutes en vous les ressources pour devenir celui ou celle que vous voulez être.
Mon leitmotiv préféré : « La vie ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie » – Sénèque.
Alors courez, dansez,… soyez qui vous voulez !

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