Hasnae

Hasnae

Hasnae

Date de publication du témoignage :

RDV avec Hasnae, 30 ans (Rabat – Maroc). Elle accepte son cancer avec une joie de vivre indéfectible.

« Cette année m’apportera une expérience dont je me rappellerai toute ma vie et que je raconterai à mes petits enfants ». C’était ma déclaration à mes amis le 1er janvier 2018. Je ne savais pas que cette expérience serait le cancer.
Faisant partie de moi, vivant et se nourrissant de mon corps, jour après jour et durant des années sans que je m’en aperçoive. Cinq ans ! Cela faisait cinq ans qu’il existait dans mon corps et ce dernier n’avait réagi que de quelques taches sur ma peau et quelques petits problèmes respiratoires assimilés à de l’asthme par mon médecin. Avril 2018, le diagnostic : cancer du sang Hodgkin, stade trois.
J’aurais dû être choquée, voire même anéantie. Mais j’étais calme, comme si je m’y attendais. Même avant la biopsie qui a confirmé le diagnostic, j’étais bizarrement heureuse, parce que c’était la première fois que je me faisais opérer : c’était une nouvelle expérience à vivre.
Comment l’annoncer à ma famille ? J’ai perdu ma sœur d’un cancer. Comment leur expliquer que ce qui nous avait causé une grande peine, il y a seulement quelques années, allait être une redécouverte de soi, une redécouverte de son potentiel et une redécouverte de l’autre ?
J’étais calme et satisfaite de mon destin : un destin exceptionnel, que j’ai accepté.
Cette énergie « d’acceptation » a touché mes frères et sœurs, individuellement et le plus paisiblement possible. Choc, déni, puis acceptation. Quant à mes parents, inutile de leur dévoiler toute la vérité : « Je suis malade et le traitement qu’on m’a prescrit pourrait entraîner une chute de cheveux ». « Une chute de cheveux ??! Pourquoi ? Est-ce un cancer ? ». J’ai nié, mais j’imagine qu’au fond d’eux, ils savaient.
J’ai commencé la chimiothérapie : des séances que je connaissais bien, et dont je savais l’effet. Mais j’ignorais l’effet qu’elles auraient sur mon entourage : soutien, amour, écoute… et surtout une certitude de ma guérison. Lors de chaque séance, un de mes amis se proposait pour m’accompagner. Je n’étais pas seule, j’avais des amis et j’en ai même découvert de nouveaux. Il m’était surprenant de découvrir le soutien sous toutes ses formes : messages de proches et d’inconnus, expression d’amour inconditionnel de petits et grands, prières sincères. J’en fus ressourcée. Même mon médecin, une femme aimable, humaine et dégageant une énergie positive, m’a énormément soutenue.
J’ai toujours su que j’allais guérir. J’étais persuadée que chaque moment de douleur et de souffrance m’offrait une vie pleine de sens et de réalisations, et me permettrait de me rapprocher de moi-même, de me ré-identifier, de me reconnaître, et de me rapprocher encore plus de Dieu.
J’ai continué à travailler normalement et sans aucune contrainte. Mon projet s’est développé et mon chiffre d’affaire a augmenté. Mes activités avec mes amis, ma présence dans la vie des autres, n’ont jamais cessé. Le cancer n’a pas été un obstacle mais mon élan de réussite. Cinq ans qu’il était dans mon corps. Cinq ans sans le savoir, sans en souffrir…, sans se bouleverser la vie.
Si j’avais pris connaissance de ma maladie il y a cinq ans, si elle s’était manifestée il y a cinq ans, si je l’avais su… Que ce serait-il passé ?
2013 : je me suis inscrite pour une nouvelle formation à la faculté, en parallèle de mon travail
2014 : j’ai découvert le travail associatif, et l’amour inconditionnel à travers des amitiés qui m’ont soutenue tout au long de ma maladie.
2015 : ma sœur est tombée malade : cancer stade quatre. Il était déjà trop tard et impossible qu’elle fasse de la chimiothérapie. Si j’avais su que j’étais malade à ce moment-là, cela aurait été une double souffrance : pour ma famille, avec deux filles atteintes du cancer, et pour ma sœur, qui me verrait en train de suivre un traitement qui lui avait été refusé. Et finalement pour moi, qui n’aurais pas accepté une guérison sans ma sœur.
2016 : j’ai quitté mon travail et me suis lancée dans une formation pour devenir un coach transformationnel. Un projet qui a nécessité de l’effort, de la persévérance et de la volonté. Si j’avais su que j’étais malade, j’aurais renoncé à mon rêve et aurais certainement abandonné.
Aujourd’hui, je continue mon voyage avec le cancer avec le même sourire, la joie, l’optimisme, la volonté. Je ne peux qu’être reconnaissante à mon cancer d’être patient et de m’avoir laissé la possibilité de réaliser mes rêves.
L’amour, sous toutes ses formes, le partage, le plaisir du travail et le plaisir de vivre… ce sont des valeurs que j’apprécie davantage, que je valorise et dont je jouis à présent.
J’ai compris le message : mon corps a besoin que je l’écoute. J’avais besoin de me reposer, et il m’a forcée à le faire, moi qui étais une accro au travail. Sans cette expérience, je n’aurais jamais pu découvrir et ressentir le bonheur d’être aimée et celui d’aimer, inconditionnellement, le plaisir de la reconnaissance et de la reconnexion avec soi.
Si le cancer était une personne, je l’aurais embrassé et remercié du fond du cœur.

Mélanie

Mélanie

Mélanie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Mélanie (Luxembourg). Elle profite de chaque instant, heureuse d’avoir son fils à ses côtés.

Je vais avoir 29 ans et je suis en rémission, depuis bientôt 8 ans, d’un lymphome de Hodgkin de stade 2 avancé.
Autant vous dire que ça a été le choc de ma vie ! Je venais de fêter mes 20 ans et 6 mois plus tard, le verdict est tombé ! Tout a été très vite. Entre la biopsie et le début de la chimiothérapie il s’est passé à peine deux semaines, car la maladie était agressive et il fallait agir très vite !
Je suis de nature joyeuse. J’ai toujours eu la joie de vivre, même avant la maladie, et je pense que ça a été un atout pour ma guérison. Le soutien de mes proches dans les moments difficiles a aussi été très important, car bien sûr ça n’a pas été facile. Il y a eu des moments de peur, de doutes, de ras le bol… Une des choses les plus difficiles pour moi a été ma transformation physique : mes cheveux, ma peau, mon teint pâle… C’était dur et les gens qui me regardaient avec pitié, je détestais ça ! J’avais de la colère, je ne voulais pas être traitée comme une « malade ». J’ai eu douze séances de chimio abvd, une semaine sur deux, pour récupérer.
J’ai adopté mon chien pendant la maladie et je dois dire qu’il a été d’un soutien inimaginable !
En août 2011, j’ai appris que j’étais enfin en rémission ! Quel bonheur ! Mais j’avoue que je n’y ai pas vraiment cru quand le docteur m’a dit : « Voilà, la chimiothérapie est terminée ! C’est fini ! »
Et bien sûr, à chaque pet scan, je balisais d’autant plus qu’après un an de rémission, j’ai eu une grosse frayeur : mon pet scan a révélé une tâche entre les poumons qui n’était pas là au précédent examen… Donc panique ! Mais les résultats sanguins étaient bons. Comme mon médecin ne laisse rien passer, il m’a opérée et en fait, c’était juste des résidus de thymus.
J’ai recommencé à travailler à mi-temps thérapeutique deux mois après ma dernière chimio. Je suis quelqu’un d’actif et je n’en pouvais plus d’être à la maison. En fait, je crois que je voulais passer à autre chose, sortir de cette bulle de moi malade, reprendre une vie normale ! Mais après un tel choc on ne peut plus être la même personne !
La fatigue était bien là, ça a été difficile, mais j’ai repris à temps plein six mois après. Et j’ai changé de patron aussi.
En fait, après les traitements, je me sentais invincible ! J’ai eu une période où je me disais : « Mais qu’est-ce qui peut m’arriver de pire après ça » ?! Et j’ai commencé à profiter à fond de ma vie.
Maintenant, je fais de chaque moment un moment précieux, car la vie est si courte qu’en un instant, tout peut basculer !
Ma plus belle victoire, c’est mon petit garçon de bientôt 3 ans. Depuis qu’il est là, il a changé ma vie. Lors de mon dernier rendez-vous chez mon oncologue, je venais d’accoucher et j’y suis allée avec mon bébé. Mon docteur m’a regardée et m’a dit : « Tu vois, ta victoire elle est là dans ce maxi cosi !!! ».
Et là, j’ai compris que j’avais fait un long parcours et que j’ai bien fait de ne jamais baisser les bras parce que la vie vaut la peine de se battre pour elle !!!

Jennifer

Jennifer

Jennifer

Date de publication du témoignage :

RDV avec Jennifer (Neufchâteau – Belgique). Son témoignage résonne comme un poème.

J’ai 36 ans et 2 enfants de 8 et 6 ans.
Il y a un an mon téléphone a sonné et a bouleversé ma vie à tout jamais.
J’ai d’abord crié très fort, pour évacuer ma peur, crié pour évacuer ma colère, crié car je trouvais tout cela tellement injuste… Puis j’ai pleuré toutes les larmes que mon corps renfermait.
Et j’ai ensuite décidé de me relever, d’essayer d’être forte et de montrer à mes enfants que leur maman allait se battre pour eux, pour elle, pour sa famille… et quelle que soit l’issue de cette épreuve, ils puissent en garder les meilleures valeurs possibles à mon sens, s’ils étaient un jour confrontés à la même chose : le courage, la positivité et la patience.
Leur apprendre qu’on peut tenter de traverser des épreuves en gardant le sourire et en donnant tout ce que l’on a à l’intérieur de soi, mais qu’on a le droit aussi de pleurer.
Leur apprendre que finalement, on ne peut pas tout contrôler dans la vie et qu’il faut savoir lâcher-prise pour savourer l’instant présent, vivre au jour le jour.
Leur apprendre très tôt que, malheureusement, la vie n’est pas parfaite, même si à leurs âges, on préférerait tellement les préserver de tout cela.
Il y a un an mon téléphone a sonné et c’est là que j’ai compris réellement l’importance de vivre pleinement chaque instant.

Audrey

Audrey

Audrey

Date de publication du témoignage :

RDV avec Audrey (entre la France et Singapour). Elle nous raconte l’année qu’elle vient de passer aux côté de son mari, touché par un cancer du rein.

Il a passé une échographie il y a un mois : présence d’un nodule sur le rein droit. Il a compris 3 mm. Il n’a pas entendu, il est préoccupé par son souci de bien faire son job, d’avoir la reconnaissance de ses pairs…
Nous sommes 5 à la maison : 3 enfants de 11, 10 et 5 ans. Je mets trop de temps à me plonger dans le bilan de son échographie, et puis, je lis le compte-rendu : nodule, rein droit, 3,5 cm ! Je tape « nodule rein » sur internet et le premier mot qui sort, c’est CANCER.
Je l’alerte et lui dis que l’échographe a conseillé de passer un scanner en urgence. Il me demande de prendre rendez-vous pour lui car il n’a pas, ne prend pas une seconde pour lui. J’arrive à lui trouver un rendez-vous sous trois semaines. Je l’attends dans la salle d’attente, je suis détendue, sûre que tout ira bien. Il y a dans sa famille une pathologie d’insuffisance rénale mais nous l’avons vu ce néphrologue de renom à Necker il y a dix ans : il nous a dit qu’il n’y avait quasi aucun risque pour lui, donc je suis sereine. Lui aussi est ultra détendu. Ça doit être un kyste donc rien de méchant. La recette du déni !
Il sort, il est livide : c’est une tumeur cancéreuse. J’aurais voulu disparaître, remonter le temps, refaire l’histoire, redistribuer les cartes, hurler… Comme je ne peux rien de tout ça, je me lance dans l’action, encore et encore… Il est de son côté apathique, sous le choc. Moi, je vais enfoncer toutes les portes fermées, courir partout, me battre pour lui le temps qu’il trouve la force d’affronter, de se battre pour vivre, survivre, endurer l’épreuve, la douleur,…
Action 1 —On voit le Généraliste-Urologue de notre petite ville qui confirme le diagnostic : carcinome rénal à cellules claires à 99 %…. « Vous n’avez que 42 ans, on doit agir vite : je vous opère dans 15 jours ».
Alors, 2 possibilités : mourir d’un cancer du rein ou d’une insuffisance rénale… son cœur balance !!
Action 2 — Aller à Paris : on veut voir le meilleur, l’urologue qui fait ce que personne d’autre ne fait. Je vais y arriver à l’avoir ce rendez-vous… Mais barrages à tous les niveaux, car il est demandé par des patients du monde entier. J’insiste, persiste car je me bats pour lui maintenant, pas après : maintenant. La date est enfin fixée pour une néphrectomie partielle avec robot assisté.
Action 3 —Je ne peux pas être avec lui tout au long de son hospitalisation. Je trouve une solution pour au moins être là la veille, le jour J et à J+1. Il a très peur, j’ai très peur. Il est fort… plus que moi… il me dit que tout ira bien, qu’il va se battre, qu’il va gagner.
Jour J —Il part au bloc très tôt. J’attends qu’il remonte. Le chirurgien a parlé de 3 heures d’opération. Je regarde ma montre, je ne fais que ça. Trois heures se sont écoulées, puis quatre, puis cinq… Je suis en mode panique +++… Je fais les cent pas, puis enfin, il remonte.
4 heures après l’opération, on est en pleine coupe du monde. Il y a Uruguay/Iran. Il est au taquet, ses origines sont à l’honneur. Je ne sais pas ce qu’ils lui ont donné mais il est au top.
J+1 —il souffre beaucoup, le dopage d’hier a disparu. Je suis obligée de retourner auprès de nos enfants, obligée de le laisser se battre tout seul, souffrir tout seul, de refermer la porte de sa chambre. Je pleure…
J+10 —Il sort enfin de l’hôpital, puis est enfin autorisé à rentrer à la maison. Je suis venue avec les enfants le chercher en train. Plus rien ne sera jamais comme avant. Tout a changé : lui, moi, nous, les enfants aussi.
Les résultats tombent : carcinome rénal à cellules claires — Stade 1 Grade 2… L’urologue est confiant. Dans l’absolu, qu’est-ce que ça veut dire ? Tout et rien.
J+ 1 mois —Il a retrouvé des forces. Son employeur ne lui a laissé que 15 jours de convalescence depuis son retour à la maison. J’ai envie de hurler, lui aussi.
Action 4 —Il chamboule tout. Il ne peut pas rester travailler pour ceux qui ont eu l’audace et la cruauté de l’appeler sur son lit d’hôpital pour lui parler boulot, exiger qu’ils reviennent 15 jours après son retour…
Action 5 – J+ 2 mois. Il se met en recherche d’emploi, il postule, passe des entretiens. D’où sort-il cette force, ce courage ? Ça fonctionne : il gagne son ticket pour s’envoler vers du nouveau, loin, très loin….. Retour en Asie, zone géographique chère à son cœur…. Un besoin d’être en accord avec lui-même, besoin d’être là où il a envie d’être maintenant et pas plus tard, penser à s’installer à son compte, ne garder que les gens aimants et qui ont du cœur, des valeurs et s’éloigner du toxique, des voleurs d’émotions, des violeurs de vie.
C’est son histoire, vue de mes yeux, de mes yeux rouges d’avoir trop pleuré, d’avoir peu dormi, et de toujours peu dormir.
Il est dur avec moi souvent, je suis peut-être trop là, trop présente. Je me le dis souvent. Je sais que la peur, le sentiment d’injustice, l’angoisse à chaque rendez-vous scan sont des épreuves. Maintenant qu’il a été soigné, il se dit que ça peut revenir, peur de la récidive, peur de nous laisser.
Moi, je me suis battue comme une lionne avant son opération et depuis je serre les dents. Mais j’accuse le coup : j’ai besoin de m’effondrer une fois pour rebondir, pour le soutenir. Je me sens comme en apnée, comme si j’avais arrêté de respirer depuis bientôt un an.
Il est courageux, fort, héroïque et je suis si fière de lui.
Je vous souhaite à toutes et tous de la force, de l’énergie vitale, celle qui nous fait nous tenir debout les jours les plus sombres, les poings serrés prêts au combat… et des plaisirs simples pour que chaque matin le soleil vous inonde de lumière. Avec toute ma tendresse.

Virginie

Virginie

Virginie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Virginie (Seine et Marne). Après plusieurs mélanomes, elle a créé une ligne de maillots de bain adaptés.

À l’âge de 32 ans, le dermatologue me diagnostique mon premier mélanome (cancer de la peau). Je subis une exérèse afin que ce mélanome ne se développe pas dans mes cellules.
En 2014, ma maman âgée de 64 ans, nous quitte d’un mélanome nodulaire. Une période très difficile pour moi car j’étais très proche d’elle. La même année, deux autres mélanomes me sont diagnostiqués. Ils sont pris à temps donc je ne subis pas de traitement lourd.
Je travaille dans la communication. Je passe beaucoup de temps avec ma famille et j’aime beaucoup les voyages. Je commence la course à pied et le yoga pour m’aider à surmonter ces épreuves.
En 2017, avec mon mari et mes trois enfants, nous partons au Mexique. J’aime découvrir, et aussi me baigner, mais je dois avant tout protéger ma peau du soleil. Sur une plage de Playa del Carmen, j’ai un « déclic ». Je vais créer des maillots de bain pour femmes, anti UV, car ce que je porte n’est pas féminin et surtout, pas adapté.
Après onze mois de recherche, je crée mon entreprise en mars 2018, et lance mes premiers maillots de bain anti UV UPF 50+. Pour donner du sens à cette nouvelle activité, je décide de faire de la prévention et je signe également un partenariat avec l’Institut Gustave Roussy, afin de reverser à chaque vente, pour faire avancer la recherche contre le mélanome.
En juillet 2018, je suis soutenue par les « Elles by Contrex », un programme qui met en avant des femmes entrepreneuses. Mon entreprise m’apporte beaucoup au quotidien, c’est comme une thérapie. Je suis suivie très régulièrement à l’hôpital, mais je reste positive.
Mon entreprise, mon entourage et le sport m’aident à avancer.

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