Sandrine

Sandrine

Sandrine

Date de publication du témoignage :

RDV avec Sandrine (Vierves sur Viroin – Belgique), qui a surpassé le déni de son corps mutilé par la maladie en se présentant au concours TopWomen le 23 février !

Une nuit de 2013, une douleur dans la poitrine me réveille… Je me rendors. Les mois passent avant que je me décide à aller voir un médecin, forcée par mes proches. Deux jours plus tard, je fais une mammographie qui laisse apparaître des kystes. Cela ne m’inquiète pas, dans ma famille, les femmes y sont sujettes.
RDV chez mon gynécologue : C’est un cancer, l’opération est planifiée. On m’enlève la totalité du sein droit. Et 7 ganglions atteints. J’ai 46 ans.
À mon réveil, torse bandé, je suis désormais une amputée. En guise de prothèse : un simple morceau de mousse à glisser dans mon soutien-gorge. Je pense à mes trois enfants, je me dis que ça sera peut-être le dernier Nouvel An ensemble, leur dernier anniversaire en ma compagnie… Qui va s’occuper d’eux ? Je décide de me battre pour vivre et être à leurs côtés.
Commence la chimio. J’angoisse pour la 1ère goutte qui rentrera dans mes veines… Ma famille est là avec moi. Mes cheveux commencent à tomber. C’était ma hantise. Que suis-je devenue ? Une mutilée de la guerre ? Ni femme, ni homme, je deviens amnésique de mon passé. J’évite les miroirs, les photos d’avant, tout cela me fait trop de mal.
Arrive la radiothérapie. Le radiothérapeute me demande si je veux faire la reconstruction. Il y aura moins de séances de rayons dans ce cas. Je me décide donc pour la reconstruction.
Je suis très fatiguée psychologiquement et physiquement, mais j’arrive à faire rire celles qui sont dans le même combat. Mes cheveux repoussent enfin ! Tout blancs et tout crollés, génial à 46 ans !
Les séances de rayons terminées, commence l’hormonothérapie. C’est pire que la chimiothérapie. Comment un si petit médicament peut-il faire autant de dégâts ? Il soigne mon cancer mais je prends du poids, je marche comme une grand-mère, les bouffées de chaleur, l’insomnie, les pertes de mémoire…
Un an après la fin des rayons, je décide de trouver un chirurgien plastique pour la reconstruction mammaire. Il m’explique le déroulement des opérations. Je dois être prête psychologiquement et je ne le suis pas encore. Je n’accepte toujours pas mon corps meurtri, JE FAIS UN DENI de mon cancer. Je cache mon corps dans des vêtements trop larges, je ne fais plus attention à mon image, je ne me maquille plus. J’aimerais redevenir la femme d’avant. On me propose de voir un psychologue, ce que je refuse. Peut-il faire disparaître mon cancer ?
Le temps passe jusqu’au jour de l’opération. Le chirurgien vient prendre ses repères. Il ressemble à un peintre, mon corps est son tableau : il lui redonne des formes que je n’avais plus depuis 2 ans. À mon réveil, je souffre : on a fait également une réduction de mon « vrai » sein. On m’enlève enfin les pansements. Quelle horreur ! On dirait que je suis passée sous un bulldozer, je suis bleue de partout !
Deux autres opérations suivent. Après la dernière, je suis à nouveau livrée à moi-même : personne pour ma reconstruction mentale et physique, pourtant si nécessaire… m’aider à accepter ce faux sein fait d’un lambeau de mon dos. Je me sens incomplète. Je me mets en veille pour ne plus entendre parler des hôpitaux. Je dois respirer, retrouver ma féminité avec ce qui me reste, l’estime de moi-même, essayer de m’aimer telle que je suis devenue, faire le deuil de ce que j’étais, ne plus survivre mais VIVRE.
La maladie m’a donné la chance d’emprunter un autre chemin, m’a fait comprendre que la vie d’une femme ne s’arrête pas au statut de mère, maîtresse, infirmière… Nous devons penser à nous, nous occuper de notre corps, nous faire plaisir, voyager, danser… Depuis mon aventure Top Women, j’avance à petits pas, mais j’avance. J’ai plus confiance en moi et suis moins négligente envers moi-même.
J’ai enfin pu finir ma reconstruction, le tatouage de l’aréole, et je vais pouvoir me regarder, ne plus éviter du regard les cicatrices. Je peux me dire : « Sandrine, tu t’es battue comme une vraie amazone » !

http://www.topwomen.be/

Emmanuelle

Emmanuelle

Emmanuelle

Date de publication du témoignage :

RDV avec Emmanuelle (Cayenne). Atteinte d’un cancer rare et agressif, elle s’entoure d’un collectif pour réaliser son rêve de voyages. Le départ est prévu dans quelques semaines !

En 2017, au printemps, je vivais en Amazonie française depuis 2 ans. Mon quotidien de couple était devenu tellement pesant que j’avais décidé enfin de prendre ma vie en main et un appartement. Vivre mes rêves, Vivre différemment.
Une fois bien installée chez moi, mari et enfants partis en métropole pour les vacances, j’ai senti une boule dans mon sein gauche. Oh, pas grand-chose, une petite pièce de deux euros, pas plus. Je ne me suis pas inquiétée, je n’ai pas pensé le moindre instant au cancer. Je savais que je rentrais moi aussi en métropole dans 4 semaines, je m’occuperai de cette bizarrerie en temps voulu.
Et la pièce est devenue une clémentine. Et la clémentine s’est transformée en pomme. La pomme est devenue un melon, rouge, chaud et douloureux. Rentrée pour les vacances, j’ai pris rendez-vous chez un médecin : « Oh ce n’est sans doute rien mais, on va faire des examens complémentaires ».
– Première étape : « Madame savez-vous s’il est possible de vous soigner correctement en Amérique du Sud ? Parce que là, attendez-vous à passer une année très compliquée » me dit l’échographe. Je suis une fille forte, j’encaisse. Quelle drôle de manière de parler aux gens !
Retour chez le généraliste : les images sont mauvaises.
– Deuxième étape, une semaine plus tard : biopsie, 2e mammographie, 2e échographie.
Les images sont pires : en 8 jours, mon melon est devenu une magnifique pastèque ! J’attends les résultats de la biopsie. Mais j’ai déjà compris. Ok, j’ai un cancer. Et alors !? Je ne suis pas inquiète. Je sais que cela se soigne.
Alors je me renseigne : peut-on me soigner en Guyane ? Non. Première claque !
Mais comment vais-je faire ? Mes enfants en Guyane avec leur papa ? Moi en métropole pour combien de temps ? Et la nouvelle vie que j’avais programmée ? Mes projets ?
– Troisième étape : résultats de la biopsie : Oui, c’est un cancer du sein. Mais pas n’importe lequel. C’est un cancer inflammatoire, celui qui touche 1 à 5 % des femmes atteintes d’un cancer du sein, celui qui est rare, celui qui est dangereux, celui qui est agressif.
Le biopseur me supplie de prendre attache au plus vite avec l’IPC à Marseille. Le top du top selon lui pour essayer de me soigner.
– Quatrième étape : le chirurgien, l’oncologue, le bilan d’extension. Je demande à ce que tout, absolument tout, me soit dit et expliqué clairement. Grosse baisse de moral : métastases déjà présentes dans la chaîne ganglionnaire. Cervicales, médiastin, hile des poumons. Je comprends que je ne serai jamais guérie. Alors je me dis que ça ne vaut pas la peine de faire toutes ces chimios, toutes ces opérations, ces rayons, toutes ces douleurs, ces souffrances, ces angoisses…
L’oncologue a été honnête : j’ai une chance sur deux d’être encore en vie dans 5 ans. Pourquoi passer deux ans à subir des traitements qui ne serviront à rien alors ? Je suis en colère : au moment où j’avais enfin décidé de vivre ma vie comme je le voulais, prends ça dans ta face Emmanuelle ! Tu n’as pas le droit, tu ne le mérites pas, la vie ne veut pas.
Colère sourde qui me ronge… Emmanuelle devient Emma.New.Elle.
Emma.New.Elle commence les traitements car mari et enfants sont rentrés de Guyane pour vivre avec elle cette nouvelle épreuve. Emma.New.Elle rêve de faire le tour du monde. Alors elle crie au monde son besoin d’aide, elle crée une communauté autour d’elle, elle rassemble.
Je suis Emma.New.Elle, j’ai créé la page ClawsAdventure, sur laquelle je partage mes doutes, mes joies, mes envies, mes rages, mes bonheurs.
Je lance des défis à ceux qui me suivent, et leur participation me permet de mettre de l’argent de côté pour réaliser mon rêve avant qu’il ne soit trop tard.
Je veux voyager, je veux aller à la rencontre de femmes qui ont des rêves mais qui n’osent pas les réaliser, je veux vivre et pas survivre, je veux montrer à celles qui souffrent en silence que ce n’est pas une fatalité.
Je veux voir leurs ailes pousser, leur dire que ça fait mal, mais qu’il faut parfois passer par cette désolation pour devenir encore plus endurant.

https://www.facebook.com/Emma.New.Elle/

Audrey

Audrey

Audrey

Date de publication du témoignage :

RDV avec Audrey (Toulouse), confrontée au cancer de son amie, elle relativise sur les petits soucis de la vie.

Je m’appelle Audrey, j’ai 42 ans. J’ai été confrontée à la maladie en tant qu’aidant, il y a un an, lorsqu’une de mes amies a appris qu’elle souffrait d’un cancer du sein.
D’emblée je me suis interrogée sur mon rôle : Que faire ? Comment faire ?
J’ai discuté avec un copain qui a accompagné sa femme dans la même épreuve. J’ai retenu de cet échange qu’il fallait envisager la maladie comme une parenthèse, une douloureuse parenthèse certes, mais une parenthèse avec un avant et surtout un après. Cela m’a aidée à trouver les mots pour accompagner mon amie dans cette étape de sa vie. J’ai essayé d’être présente sans être envahissante, avec un regard bienveillant tout en restant à ma place, de parler de l’avenir en faisant des projets communs, de garder le lien tout simplement. Mon amie a traversé plusieurs séances de chimiothérapie et de radiothérapie avec force et courage en continuant à être active et souriante malgré l’épreuve. Aujourd’hui elle va bien. En cette période de fêtes je suis heureuse de ne pas avoir à choisir mes mots pour lui souhaiter une bonne année !
Cette expérience m’a appris à relativiser : dès lors que la vie n’est pas en jeu, rien n’est grave. Alors Carpe Diem !!!

Caroline

Caroline

Caroline

Date de publication du témoignage :

RDV avec Caroline (Vannes), de l’armée sur les planches en passant par la case cancer, une résiliente multi-récidiviste.

Je suis Caroline, engagée dans l’armée à 19 ans, chef de projet marketing mais en burn-out à 28, frappée par un cancer à 32 : un « lymphome B grandes cellules du médiastin ». À 35 ans, j’ai suivi des traitements FIV pour être maman pour finalement être déclarée infertile. Bilan ? Eh bien une belle vie de merde j’ai envie de vous dire ! Ça aurait pu plomber l’ambiance mais j’ai décidé d’en rire et de vivre ce qui m’arrivait comme des apprentissages en mode Youpi.

Toutes ces étapes de vie représentent aujourd’hui la richesse de mon histoire, la singularité de mes écrits. Depuis l’âge de 14 ans, le théâtre est présent dans ma vie. Ce prisme de lecture de la vie n’a eu de cesse de m’armer et de me permettre de toujours percevoir le côté théâtral des situations.

La maladie a été le déclencheur de mes écrits, lorsque j’étais en chimiothérapie. J’écrivais pour ma famille, au cas où je ne m’en sortirais pas. Je souhaitais leur dire qu’au moins j’avais bien ri. Ce récit a été alimenté par la richesse des situations. Forte de cette expérience unique et universelle est alors né le one woman show La Chauve SouriT que j’interprète pour des théâtres, des villes, des associations… L’accroche du spectacle est « Mon cancer va vous faire mourir… de rire ! ». J’y raconte avec humour et désinvolture : mon combat contre le cancer mais également l’armée, le burn-out…

De l’annonce à la famille « pourquoi tu me fais ça ? », aux amis « oh non pas toi, t’étais trop sympa », du speed dating sans cheveu, aux pénibles colocataires d’hôpitaux dépressives… Tout le monde y passe. L’écriture puis le théâtre me permettent de partager mon expérience auprès du grand public, de malades en traitement, d’anciens malades, d’accompagnants et de soignants. Cette expérience de partage fait partie de mon processus de résilience et, collectivement, permet de sensibiliser, dédramatiser, rire ensemble, pour une fois, de cette maladie.

Je partage ma perception, ma manière d’appréhender les épreuves de la vie. Lorsque j’ai appris la terrible nouvelle de mon cancer, j’ai pensé au sketch de Jean-Marie Bigard. C’est l’histoire d’une chauve-souris qui se déguise et arrive à se faire passer pour un pote à lui. Tout au long de ce sketch, on se dit « admettons, admettons qu’elle y arrive… ». Je me suis toujours dit ça pour les autres alors, pourquoi pas pour moi ?

J’ai joué ce spectacle plus d’une trentaine de fois dans toute la France et les retours sont unanimes. Que de rires, de fous rires et d’émotions partagés avec le public ! Je cherche d’ailleurs un producteur, des partenaires, des mécènes pour développer sa diffusion au plus grand nombre.

Je suis également thérapeute spécialisée en résilience et auteure d’un livre qui sortira aux Éditions Flammarion en 2021 : LE COMPLEXE DU TRAMPOLINE ou Comment j’ai réussi à rebondir face aux galères de ma vie ! Il s’agit d’un développement existentiel humoristique et thérapeutique, sous forme de petit guide pratique. J’y livre avec authenticité et désinvolture mon expérience, mes principales leçons de vie. J’invite le lecteur à se questionner pas à pas sur son histoire et sur le sens qu’il souhaite donner à sa vie. J’y offre aussi, mes « trucs et astuces au cas où ! » accompagnés de mots d’experts psychologues.

Un deuxième livre est en cours d’écriture.

https://www.youtube.com/watch?v=JQPRCJ1lxX0&t=0s
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Caroline

Caroline

Caroline

Date de publication du témoignage :

RDV avec Caroline (Lyon) : Le traitement pour le cancer de la thyroïde est moins visible sur le patient mais la peur et l’arrachement d’une mère à ses enfants est une souffrance aigüe, quel que soit le cancer.

En 2010, lors d’une visite de routine, mon médecin décèle une grosseur à la gorge. Il me prescrit une échographie qui permet d’identifier des nodules dans ma thyroïde. Une biopsie devrait permettre de trancher sur le caractère bénin ou malin, mais le résultat n’est « pas interprétable », et étant donnés mes antécédents familiaux, il faut envisager une ablation totale de la thyroïde. Décision difficile car sans thyroïde, cela signifie traitement hormonal à vie, peut-être pour des nodules bénins… Je décide néanmoins de me faire opérer, et je fais bien car l’analyse du nodule montre qu’il était cancéreux.
Gros coup de massue… La suite du traitement consiste à subir une « cure d’iode ». Concrètement, intégrer pour quelques jours le service de médecine nucléaire de l’hôpital, avaler une pilule d’iode radioactif et attendre qu’elle se fixe sur les cellules thyroïdiennes. Tout se passe bien, pas d’effets secondaires. Mon cancer est terminé avant même d’avoir commencé, mais il va me falloir plusieurs années avant de trouver le bon dosage de Lévothyrox, et une surveillance médicale à vie, deux fois par an.
J’avais 32 ans. Mes 3 enfants étaient petits, le dernier encore au sein, et ça a été très dur pour nous d’être séparés pendant mon hospitalisation et ma cure d’iode. Ne pas pouvoir voir ses enfants parce qu’on est radioactif, c’est vraiment dur, même si ça ne dure qu’une semaine. Devoir arrêter d’allaiter parce que les produits anesthésiants sont dangereux pour son bébé, c’est brutal. Tout s’est passé très vite, mon mari a dû gérer tout ça comme il a pu. J’en ai des souvenirs assez confus, à la fois de quelque chose de très violent, et à la fois d’assez abstrait puisque, finalement, je n’ai pas vécu de symptômes de ce cancer.
Je venais de commencer la peinture, qui a été une vraie thérapie pour moi. Elle m’a aussi permis de réaliser à quel point j’étais bien entourée, et que j’avais autour de moi des gens qui m’aimaient et qui prenaient soin de moi quand je n’allais pas bien, que ma valeur n’était pas associée à ce que je faisais, mais surtout à qui j’étais.
Huit ans plus tard, je vais bien et ma famille aussi. J’ai repris le karaté et mes nombreuses activités : théâtre, danse, associations, peinture, voyages… Je profite de la vie comme je l’ai toujours fait, mais avec toujours présente à l’esprit l’idée que l’aventure peut s’arrêter à tout instant et qu’il faut profiter des belles rencontres et des beaux paysages.
J’accorde depuis beaucoup moins d’énergie aux choses et aux gens qui m’énervent, je suis plus indulgente… J’ai aussi plus confiance en moi, je sais maintenant la force que j’ai pour surmonter des épreuves et je n’ai pas peur de prendre des risques parce que je connais mes ressources.