Claude-Alain

Claude-Alain

claude-Alain

Date de publication du témoignage :

RDV avec Claude-Alain (Neuilly sur Seine). Médecin, lui-même touché par un cancer, il a fondé des groupes de paroles et écrit livres et pièce de théâtre.

Médecin spécialiste en Médecine Nucléaire à l’Hôpital Américain de Paris, titulaire d’un Diplôme d’Etudes Universitaires en Cancérologie Clinique, j’ai subi en 1988 une splénectomie suivie de trois mois de chimiothérapie lourde pour un lymphome non hodgkinien de haut grade.
Malgré le pronostic sévère, je suis là aujourd’hui pour témoigner : I am a « SURVIVOR » !

J’ai fondé en 2001 les premiers groupes de parole à Paris et en région parisienne dans le cadre de l’association « CHOIX VITAL: Parole & Cancer », association loi 1901 de soutien et d’information aux patients cancéreux et à leurs proches. C’est important de le préciser !
C’est la branche française de Vital Options International, la plus grande association de communication sur le cancer aux USA, dont la présidente et fondatrice était Mrs. Selma R. Schimmel.

Parallèlement, j’ai commencé en 2011 une carrière d’écrivain avec « Le cancer Mots à Maux» retraçant mon parcours en tant que cancéreux et comment j’ai su rebondir. Ce témoignage s’accompagne des histoires les plus remarquables de patients cancéreux, recueillies au cours de nos groupes de parole.

Aujourd’hui, je vis bien ma retraite… J’en suis à mon treizième ouvrage publié et ma pièce de théâtre, tirée de l’un d’eux, « La dame céleste et le diable délicat » (Prix Humanisme 2015 décerné par le Rotary Club), se joue actuellement jusqu’au 9 février 2020 au Studio Hébertot 78bis, boulevard des Batignolles à Paris 75017.
J’y évoque, entre autre mon cancer.

Venez la découvrir : https://www.studiohebertot.com/la-dame-celeste

Livre

Cécile

Cécile

Cécile

Date de publication du témoignage :

RDV avec Cécile (Paris). Elle a créé l’association Skin pour aider les femmes à se reconstruire à travers l’art, se projeter à travers le beau.

J’ai toujours su que j’aurai un cancer. Mon père étant parti trop tôt à cause de cette maladie, j’avais été si choquée que je m’étais convaincue que je devrais un jour faire comme lui et affronter ma pire peur.

Je n’ai donc été ni étonnée, ni révoltée, lorsque le diagnostic a été posé, l’année de mes 40 ans. Bien sûr, après l’acte chirurgical (double mastectomie et annexectomie prophylactique), je me suis demandé dans quelle mesure je redeviendrais un jour une femme.
Pour autant, je ne me suis jamais sentie aussi légère que pendant cette année de traitements. Dans cet entre-deux surréaliste, délestée de mes cheveux, de mes kilos, de ma fidélité au devoir filial et de mes seins, je me sentais à l’abri des regards. J’ai appris à lâcher-prise, à me faire confiance et à accompagner le mouvement de la vie. J’existais enfin, j’étais libre. Les oncologues s’occupaient de me garder en vie, la famille et les quelques amis faisaient le reste.

Arrivée au terme de cette année, je me souviens que les médecins m’avaient mise en garde « Attention au phénomène de la Blouse Blanche ! ». Cela me faisait sourire. En deux mois, je crois bien avoir rattrapé dix années de sorties au théâtre, au cinéma, au restaurant. J’étais avide de vivre et de vivre à toute allure. Ce fut sans compter avec le double effet du traumatisme qui me revenait en boomerang et de la ménopause chirurgicale, aussi soudaine que violente. Très rapidement, j’ai décompensé. Ne dit-on pas qu’après la bataille on compte ses blessures ?

J’ai sombré dans la dépression alors que le monde autour cessait de s’inquiéter de moi, persuadé que tout était derrière moi et redevenait « comme avant ». Mes journées n’étaient plus rythmées par les soins. Je me retrouvais seule avec moi-même, ma culpabilité et mes pensées noires. Perdue, éperdue. Je n’étais plus celle d’avant la maladie et ne le serai plus jamais. Mais je n’étais pas non plus celle d’après.
Je n’osais bien sûr m’en ouvrir à personne. De quel droit pouvais-je me plaindre ? J’étais en vie. Qui pourrait comprendre ce sentiment de déshérence ? Alors, je me suis recroquevillée et me suis retranchée du monde. Plongée en solitude. Pendant ce temps j’écrivais. Des billets d’humeur. Pour laisser parler mes émotions. Au fond de moi, je savais que cette traversée servirait au jour aux autres.

J’ai croisé le chemin d’une photographe, Karine Zibaut. Sensible à mon désespoir, elle a commencé à me photographier. Ces rendez-vous ont duré longtemps. La mise à distance de l’image m’a permis de me ré-inventer.
C’est ainsi que j’ai créé l’association Skin – la peau, la mue, la reconstruction psychique et émotionnelle. Ce cheminement artistique en binôme avec Karine avait été si puissant d’un point de vue thérapeutique que j’ai voulu le proposer à d’autres que moi, tous supports confondus. Qu’il s’agisse des arts plastiques ou des arts vivants.

L’idée : rendre les femmes co-créatrices de leur reconstruction, les sortir du marasme de la solitude, leur permettre de se projeter autrement et par le beau.

Skin, c’est l’œuvre d’un tandem créatif, chacun se nourrissant de l’univers de l’autre. Le temps passé ensemble est essentiel.

Skin restitue ensuite ces créations dans des lieux prestigieux (galeries, salles de mairie, scènes de théâtre…) puis expose les photographies des œuvres/performances dans les services hospitaliers, pour toutes celles qui commencent leurs traitements.

Skin, c’est l’histoire d’un cercle vertueux, où une femme se console, se répare, puis tend le relais à d’autres, qui font l’expérience de la traversée du cancer.

👉 www.associationskin.org
👉 https://www.facebook.com/associationskin/

Crédit Photo : Jenny Bardelaye

 

Faby

Faby

Photo de faby Perrier

Faby

Date de publication du témoignage :

RDV avec Faby (Clichy), une femme qui, malgré les obstacles, s’est frayée sa voie et nous offre sa voix.

Ma vie est jalonnée de ce que la plupart des gens appelle des « malheurs », mais j’ai appris dès mon plus jeune âge à renverser des situations compliquées : abandonnée à 2 mois, adoptée par une famille de mélomanes à 4 ans, de 8 à 14 ans, je faisais quatre heures de musique par jour, piano et violoncelle.

Je travaillais dur mais ma mère ne voyait qu’incompétence. A 18 ans, j’ai dû partir. Années de galère et puis un jour, dans un piano-bar, j’ai rencontré un musicien qui me demande de chanter. Ce fut une révélation. Pendant des années, j’ai chanté les chansons des autres et puis l’envie d’écrire a pris le dessus avec pour sources d’inspiration mon enfance, les repères qu’on doit construire soi-même, mes enfants, l’amour, l’intolérance, la liberté, le droit des femmes …

Et le cancer contre lequel je me bats depuis 2008.

En 2009, ma chanson « Ce matin-là » a marqué un tournant dans ma carrière et m’a valu des témoignages d’amour, de compréhension, d’échanges. Je suis devenue la marraine de l‘association « Au Nom de Celles » et je me suis investie dans la sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein, tout en continuant à écrire.

Je rechute en 2014 et, portée par le formidable soutien des internautes, j’écris « Octobre Rose » qui sera chanté par un collectif d’artistes. Je me bats, je me dis que finalement tout est possible. Début 2017, un nouveau projet se met en place mais, quelques jours plus tard, je rechute à nouveau.

Ce dernier enregistrement « La Renverse », je l’ai vécu comme un testament. Du ciselé, une manière de graver de la plus belle des manières mes mots pour « l’après ». Les prises de voix se sont faites au rythme des traitements. Et nous y sommes arrivés. Depuis qu’il est fait, tout a changé. Je ne l’appelle plus « le dernier ». J’ai envie de continuer, de monter sur scène, d’écrire de nouvelles chansons, de rencontrer des gens, de vivre, même si c’est vivre avec. Je prépare pour 2020 un nouvel album intitulé « Entre ciel et terre » et mon livre La Renverse va être publié chez Fauves Éditions, dans le courant de cette année.

Pour les marins, la renverse est le moment est le moment entre deux marées ; Il en est des hautes et il en est des basses. Une alternance continuelle comme celle qui rythme ma vie depuis toujours. La renverse, c’est aussi le début d’une histoire. Celle qui commence aujourd’hui. Pour moi, Pour elles, Pour eux, Pour vous, peut-être.

www.fabyofficiel.com

Mary-Tahra

Mary-Tahra

Mary-Tahra

Date de publication du témoignage :

RDV avec Mary-Tahra (Paris) : Jouer sur scène pour se jouer du cancer. Allez-voir son spectacle drôle et attachant !

J’ai découvert mon cancer du sein en 2013 grâce à la palpation. En réalité, cela faisait 3 ans que je sentais une boule mais mon gynécologue ne me prescrivait pas de mammographie car il ne trouvait pas cela alarmant. Le hasard a fait qu’à la rentrée, j’avais reçu une 2ème lettre de la sécurité sociale pour aller faire une mammo. J’ai pris cela comme une alarme !

Et me voilà dans le centre de radiologie entourée de plusieurs médecins qui regardaient la mammographie. Ils n’ont pas hésité à me dire de courir voir mon médecin pour me prescrire ponction et IRM. J’avais compris.

Au début, j’ai menti à tout le monde : famille, amis, collègues, j’ai encaissé toute seule, j’ai juste dit que j’avais un kyste graisseux car, à ce moment-là, ma fille passait le bac et ma mère allait avoir 90 ans, je ne voulais pas les alarmer de suite, j’attendais juillet pour leur annoncer.

Suite au marathon d’analyses et examens, le choc : grade 3 très agressif, HER+++, hormonodépendante, plutôt dire que j’ai eu le tiercé gagnant ! J’allais avoir la panoplie du bon petit cancéreux : chimio/radio/hormono ! Et j’ai eu quand même de la chance, cela n’avait pas atteint mes ganglions, n’est-ce pas merveilleux ? Je ne pouvais plus mentir. J’ai eu le soutien de ma famille.

2014 : j’ai commencé à écrire pendant les traitements en échangeant avec les autres patientes, vu mon état, je ne pouvais jouer, j’avais déjà mon travail (je suis aussi prof en lycée pro) et mes élèves de théâtre avec leur spectacle de fin d’année. Tout cela était trop pour un corps aussi faible, douloureux et meurtri que le mien. J’ai dû prendre un an d’arrêt car j’avais perdu plus de 10kg et je souffrais de douleurs constantes à cause des traitements. Aujourd’hui je suis en rémission mais toujours sous hormonothérapie.

Parler du ‘‘crabe’’ avec humour était évident pour moi, aussi évident que la volonté de transmettre ce qui se passe lorsque l’on est non pas spectateur mais acteur de cette maladie. Imaginer l’affiche, le décor, la musique ; voir comment mettre en place le tout, trouver les bons mots, sans choquer, et faire rire, et faire comprendre, et faire gagner l’espoir, voilà mes motivations.

Je transmets à travers mes mots ce que beaucoup de malades n’osent pas dire tout haut ; c’est une prise de conscience de ce que l’on endure sans jamais tomber dans le pathos, bien au contraire, avec beaucoup d’humour ! C’est une partie de ma vie mais c’est aussi celle de millions de femmes.

2018 : la concrétisation ! J’ai joué la première représentation le jour de mon anniversaire (joli cadeau de la vie !) à Paris pendant 3 mois, puis au Festival Off d’Avignon et j’ai repris à Paris.

Mon spectacle raconte le parcours d’une femme de l’annonce de son cancer à l’après-cancer.

Il évoque les traitements et péripéties rencontrées à l’hôpital, des situations auxquelles les malades du cancer peuvent être exposés dans les banques, les pompes funèbres, l’amour et aussi les réactions des personnes à l’annonce de cette maladie.

Je revis sur scène, c’est mon oxygène.

Ma force, c’est la scène, et rire, surtout rire, car le rire est important pour garder un mental de fer ! Cela n’empêche pas de pleurer parfois, le soir, on est humain après tout.

Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=ztVKeaR1H6g