Caroline

Caroline

Caroline

Date de publication du témoignage :

RDV avec Caroline (Nantes). Elle soutient son amie Julie dans son combat contre le cancer et a décidé de devenir socio-esthéticienne.

J’ai 34 ans, et trois filles. Le cancer, comme beaucoup, je l’ai autour de moi depuis plusieurs années. D’abord dans mon entourage familial proche, où le cancer est présent depuis plusieurs années, puis dans mon activité d’auxiliaire de vie, où j’ai eu plusieurs patient(e)s atteint(e)s de cette pathologie. J’ai beaucoup appris sur la maladie elle-même et sur moi.

Puis ensuite ma meilleure amie. On s’est connues quand elle était déjà malade. Nous sommes très proches, c’est même « la famille » pour moi. J’ai pu assister à plusieurs étapes, difficultés, je l’ai accompagnée en chimio, rendez-vous médicaux, etc…

Bref, de ce combat qui est le sien, est née une envie commune d’aider les femmes atteintes de cancer.

Julie avait déjà cette idée. Mon rêve à moi était de devenir esthéticienne depuis que j’ai 13 ans, mais j’avais un besoin profond d’aller plus loin.

Et c’est en en parlant avec Julie qu’elle m’a dit : « Mais deviens socio-esthéticienne !».

De là tout est parti !

2019 je change de voie. Je retourne à l’école à 33 ans pour passer mon CAP Esthétique, avec option soin du corps. J’ai été diplômée, mais pour diverses raisons, je n’ai pu enchaîner sur la formation de socio comme je l’aurai souhaité.

J’ai donc créé mon entreprise d’esthéticienne à domicile sur Nantes et son agglomération avec une ligne de conduite «cosmétiques bio écolo zéro déchet et locaux »

Dans un avenir proche, je vais passer mon diplôme de socio esthéticienne pour avoir cette corde en plus à mon arc. Ca me tient terriblement à cœur.

Mon souhait est d’intervenir auprès des femmes et hommes atteints d’un cancer.

Leur créer une bulle de détente.

Avec Julie, on a plusieurs idées : un lieu où plusieurs intervenants pourraient prodiguer divers « soins de conforts », astuces, etc… Je resterai esthéticienne également à côté, car j’aime profondément mon métier.

L’idée est d’allier les deux, de continuer de me former régulièrement à des techniques diverses de bien être comme le yoga du visage qui m’attire particulièrement et qui peut être une approche pour les personnes malades.

La socio esthétique prend de l’ampleur. On reconnaît désormais son utilité, c’est un vrai métier, un vrai diplôme reconnu par l’état, qui est indispensable et devrait faire partie du parcours de soin, avec une prise en charge. Mais on n’en est encore pas là…

« Soin de confort », ça n’est à mon sens pas le terme exact car ça n’est pas du confort. C’est un soin à part entière, pour garder une estime de soi, ce qui est capital, mais également palier aux effets secondaires des traitements. Dans les structures où interviennent les socio-esthéticiennes, c’est un véritable travail d’équipe où chacun est à sa place.

Aujourd’hui, je suis en capacité d’adapter mes soins à mon amie, mais uniquement à elle. J’en parle beaucoup avec mes proches et mes clientes aussi. Les gens s’y intéressent, et encore récemment, une cliente étant dans le milieu médical et très axée oncologie me disait : « Caroline, allez-y on manque de socio ! »

Je pense me former à la Fac de Pharmacie de Nantes, là où une de mes professeurs d’esthétique s’est formée. C’est un diplôme universitaire qui est proposé, l’équipe enseignante est super et ça me permettra de pouvoir continuer mon activité en parallèle.

Pour le moment Julie doit se consacrer à sa santé. Moi, de mon côté, j’y pense et quoi qu’il arrive je le ferai pour elle !

https://www.instagram.com/caro_ma_bulle_coloree/?hl=en

Alicia

Alicia

Alicia

Date de publication du témoignage :

RDV avec Alicia (Narbonne). Diagnostiquée en pleine pandémie de COVID19, elle est encore en traitement mais emplie de positivisme et d’espoir !

En mars 2020, quelques mois avant mes 24 ans, alors au début de la pandémie de COVID19, j’ai commencé à ressentir tous les symptômes de ce dernier. Après un passage aux urgences imposé par mon médecin traitant le diagnostic tombe : c’est une pneumonie.

Trois mois plus tard, la pneumonie est enfin partie mais les ganglions sont toujours très enflés. Deux visites chez l’hématologue, un TEP SCAN et une biopsie d’un ganglion plus tard, on découvre un lymphome de Hodgkin stade 2. Et le docteur me dit :  » la pneumonie qui a failli vous tuer vient de vous sauver la vie. Sans elle, nous n’aurions pas trouvé le lymphome avant que cela ne soit plus grave. »

Me voici entrée dans le club très privé des malades du cancer.

Une préservation de fertilité plus tard, et le lendemain de la pose de port à cathéter, je commence ma première polychimiothérapie, sous le protocole appelé ABVD. Mon corps a très mal réagi aux chimiothérapies, j’ai eu beaucoup d’effets secondaires. Pourtant, mon médecin traitant m’a dit un jour que j’étais une malade sympa, car je ne m’énervais pas quand j’étais malade, je dormais.

Malgré toutes les difficultés, j’ai décidé de garder ma bonne humeur, envers et contre tous. Ma famille a appelé ça du déni. J’ai appelé ça une force. Malgré la maladie et la fatigue, malgré le crâne rasé juste avant la deuxième chimiothérapie, j’ai gardé ma bonne humeur.

Pourtant, tous ces produits étaient dangereux. Même s’ils étaient là pour m’aider à guérir, un des produits était pneumotoxique et dès la troisième séance on a dû stopper ce produit qui était en train de me faire mal au poumon. Le produit cardiotoxique, lui, n’a apparemment pas trop endommagé mon corps.

La fin a été très dure. Seuls mon conjoint, l’infirmière coordinatrice et l’hématologue sont au courant. Ce sont les trois personnes qui m’ont vu craquer à la sixième chimiothérapie. J’ai ensuite fait mes deux dernières séances sous tranquillisant, pour me calmer et dormir le temps de la séance.

Aujourd’hui, j’attends de programmer mes séances de radiothérapie. Mon dernier TEP scan a révélé que les ganglions n’étaient plus actifs, qu’ils étaient encore gonflés mais que la radiothérapie réglerait tout ça car cela fera fondre ces ganglions un peu têtus.

Maintenant, je me projette sur l’après. Essayer peut-être de passer des formations pour me préparer à un nouveau futur.

Puis préparer quand même la reprise du travail que j’exerçais avant la maladie, quand je me sentirai prête, car tout ne se fait pas en un jour. Je commence aussi l’écriture, car j’ai besoin de me souvenir, et la chimiothérapie m’a causé des pertes de mémoire. J’écris pour me rappeler ma force dans ces moments-là, et ne jamais l’oublier.

Malgré tout ça, certains jours sont difficiles. La lutte est tellement difficile qu’entre la chimiothérapie et la radiothérapie, j’ai eu l’impression d’être vidée de mon énergie, mais je me rappelle qu’il faut être forte et le lendemain je me lève à nouveau de bonne humeur, car à ce moment-là, c’est tout ce qu’il me reste.

Pour finir, via les réseaux sociaux, j’essaie d’aider à mon niveau, les copines qui débutent dans les traitements comme j’ai été aidée quand j’ai débuté le mien. Tout le monde a le droit d’avoir de l’aide, sans être jugé, et je trouve ça plus facile de l’être avec des personnes qui connaissent le combat que l’on mène.

https://www.instagram.com/alicia_frndz/?hl=fr

Gwennaëlle

Gwennaëlle

Gwennaëlle

Date de publication du témoignage :

RDV avec Gwennaëlle (Rennes). Atteinte d’un lymphome de Hodgkin, la maladie lui a appris à prendre du temps pour elle et à s’écouter.

Tout a commencé un soir d’été 2019 lorsque j’ai senti une “boule” au-dessus de ma clavicule. Après consultation et divers examens, le diagnostic tombe : je suis atteinte d’un lymphome de Hodgkin. C’est un cancer qui se soigne bien, mais il faut passer par la chimiothérapie et parfois la radiothérapie pour en venir à bout. Débutent alors les examens médicaux en tous genres avant le début des traitements.
L’une de mes premières pensées à l’idée de commencer la chimiothérapie fût pour la perte de mes cheveux. Ils étaient longs, je les aimais, et je savais que j’allais les perdre. Ça a été l’une des choses les plus difficiles à accepter, mais avec le temps on relativise. On sait que ça va repousser, et que s’il faut passer par cette perte pour rester en vie, alors ce n’est finalement pas grand-chose.

Pour des raisons personnelles, je suis retournée vivre chez ma mère pendant le temps des traitements. La maladie a cet avantage qu’elle resserre les liens familiaux. J’ai été très entourée par ma mère et ma sœur, surtout avec le confinement qui a été prononcé en mars 2020. Malgré les effets secondaires liés à la chimiothérapie, lors des moments où je me sentais mieux, je trouvais la force de faire rire ma famille et de leur montrer que j’allais combattre ce mal. Je me plaisais à dire, à force de les faire rire, que j’allais écrire un spectacle.
Bizarrement, lorsqu’on est malade, on trouve des ressources insoupçonnées en soi. L’humour m’aura permis d’amener un peu de légèreté pour moi et pour les miens dans ce combat qui nous a tous chamboulés.

Cette épreuve m’a fait prendre conscience que la vie est courte, qu’à tout moment quelque chose peut nous arriver et qu’il faut en profiter au maximum. J’ai pris conscience qu’il fallait penser à soi, et prendre les décisions qui nous font du bien. J’ai quitté une relation qui ne me convenait plus, je réfléchis à un nouveau projet professionnel et surtout, je prends du temps pour moi et je m’écoute.
Parce qu’on a le droit de prendre ce temps rien que pour soi.

https://www.instagram.com/gwenniemars/?hl=en

Laurence

Laurence

Laurence

Date de publication du témoignage :

RDV avec Laurence (Paris). Touchée par un cancer du sein, comme sa mère et sa grand-mère, elle est devenue tatoueuse mammaire.

76 – 56 – 46 : ce sont les âges auxquels ma grand-mère, ma mère et moi-même avons été touchées par le cancer du sein.

Pour ma part, l’après-cancer a été plus difficile que pendant les traitements : prise de conscience que cela aurait pu mal se terminer et remise en question totale de ma vie et de ce à quoi j’aspirais. A partir de là, j’ai tout quitté, changé de vie et désiré à tout prix me diriger vers un métier qui ait du sens.

C’est grâce à un article de presse que j’ai découvert le travail de Vinnie Myers, un tatoueur de Baltimore qui réalisait en trompe l’œil des aréoles mammaires sur des femmes ayant eu des mastectomies. La technique consiste à tatouer en jouant avec les bonnes associations de couleurs, mais aussi les ombres et les lumières afin de créer un volume visuel. Peignant depuis des années, cela m’est apparu comme une évidence, je devais me former au tatouage pour apprendre les bons gestes.
Après une longue formation en France au tatouage traditionnel, je suis partie aux Etats-Unis pour me spécialiser au tatouage des aréoles et apprendre à travailler sur des tissus cicatriciels. Le tatouage est la dernière étape de la reconstruction mammaire, acte essentiel pour aider les femmes à retrouver leur confiance et leur estime de soi et, enfin tourner la page !
Aujourd’hui je travaille dans mon cabinet parisien, un lieu que j’ai voulu chaleureux et confortable, propice aux discussions entre femmes qui partagent la même histoire.

Aïcha

Aïcha

Aïcha

Date de publication du témoignage :

RDV avec Aïcha (Saint Gilles les Bains). Son leitmotiv : « Dans la vie, rien ne se crée rien ne disparait, mais tout se transforme ».

J’avais envie de partager mon témoignage, pour donner la force à d’autres.

J’ai de la chance, je le sais. La chance d’avoir aujourd’hui vaincu, la chance d’être debout, la chance de vivre, la chance que la vie me sourit.

Début Mai 2017, je fais une mammographie, la routine. J’ai 47 ans, il parait que c’est la norme. Je suis confiante, je n’ai pas de grosseur, juste une routine. Le radiologue me trouve une petite masse, mais rien de grave. On programme très vite une biopsie. Toujours confiante, j’y vais. Le rendez-vous est programmé par la secrétaire dans la semaine, en urgence, je n’ai pas peur. Impossible de faire la biopsie : les deux tâches sont trop petites et pas assez en profondeur dans le sein. Bref, on programme un prélèvement sous anesthésie.

Deux semaines après, le résultat tombe, comme un couperet, c’est un carcinome. Il faut donc réopérer pour « sécuriser la zone ». Je pleure, je suis seule, je ne comprends pas. Je dis juste : « Je ne veux pas mourir, je ne veux pas mourir ». Bête, mais c’est juste ce qui me vient à l’esprit.

Je vois plusieurs médecins, ils sont tous unanimes et bienveillants. La meilleure solution pour moi est la mastectomie intégrale avec reconstruction immédiate. C’est la condition pour moi. Je veux vivre longtemps, j’ai deux enfants et je veux être là pour eux (20 ans et 15 ans).

Un mois après le verdict, je rentre chez moi avec un sein en moins mais une prothèse mammaire. Encore une fois, je me dis que j’ai de la chance. Je lutte pendant des semaines, car mon corps produit trop de lymphe. J’ai un sein énorme. Ponction sur ponction, la cicatrice finit par lâcher et on me réopère en urgence en Juillet 2017.

En Août, j’organise une petite réception pour mon anniversaire et pour remercier cet immense élan d’amour, de générosité, de chaleur qui s’est formé autour de moi pendant la bataille. Jamais je n’avais vécu tant d’amour. C’est juste incroyable. Mes amies sont là, toujours. Elles ne m’ont jamais abandonnée.

Septembre, je reprends le travail. Le regard de mes collègues a changé. Je sens un malaise, je ne me sens pas bien. Aucune promotion prévue pour moi. La pression, toujours la pression, encore la pression. Je n’en peux plus. Je veux bien me battre mais il faut que ça en vaille la peine. En Février 2018, je quitte une société que j’ai aimée, mais quand on revient de loin comme moi, on ne peut et veut plus dire oui à tout. Je démarre sur les chapeaux de roues une nouvelle activité, que je monte, je suis heureuse sur le plan professionnel. En Décembre 2020, ré-opération : mon corps ne veut décidément pas de cette fichue prothèse. On recommence et cette fois ci c’est la bonne. Pas de traitement, je peux vivre normalement. Je suis de nature positive alors je positive. Je sors, je m’amuse, je vis. Et comme je dis souvent « dans la vie, rien ne se crée rien ne disparait, mais tout se transforme ».