Aïcha
Date de publication du témoignage :
“
RDV avec Aïcha (Saint Gilles les Bains). Son leitmotiv : « Dans la vie, rien ne se crée rien ne disparait, mais tout se transforme ».
J’avais envie de partager mon témoignage, pour donner la force à d’autres.
J’ai de la chance, je le sais. La chance d’avoir aujourd’hui vaincu, la chance d’être debout, la chance de vivre, la chance que la vie me sourit.
Début Mai 2017, je fais une mammographie, la routine. J’ai 47 ans, il parait que c’est la norme. Je suis confiante, je n’ai pas de grosseur, juste une routine. Le radiologue me trouve une petite masse, mais rien de grave. On programme très vite une biopsie. Toujours confiante, j’y vais. Le rendez-vous est programmé par la secrétaire dans la semaine, en urgence, je n’ai pas peur. Impossible de faire la biopsie : les deux tâches sont trop petites et pas assez en profondeur dans le sein. Bref, on programme un prélèvement sous anesthésie.
Deux semaines après, le résultat tombe, comme un couperet, c’est un carcinome. Il faut donc réopérer pour « sécuriser la zone ». Je pleure, je suis seule, je ne comprends pas. Je dis juste : « Je ne veux pas mourir, je ne veux pas mourir ». Bête, mais c’est juste ce qui me vient à l’esprit.
Je vois plusieurs médecins, ils sont tous unanimes et bienveillants. La meilleure solution pour moi est la mastectomie intégrale avec reconstruction immédiate. C’est la condition pour moi. Je veux vivre longtemps, j’ai deux enfants et je veux être là pour eux (20 ans et 15 ans).
Un mois après le verdict, je rentre chez moi avec un sein en moins mais une prothèse mammaire. Encore une fois, je me dis que j’ai de la chance. Je lutte pendant des semaines, car mon corps produit trop de lymphe. J’ai un sein énorme. Ponction sur ponction, la cicatrice finit par lâcher et on me réopère en urgence en Juillet 2017.
En Août, j’organise une petite réception pour mon anniversaire et pour remercier cet immense élan d’amour, de générosité, de chaleur qui s’est formé autour de moi pendant la bataille. Jamais je n’avais vécu tant d’amour. C’est juste incroyable. Mes amies sont là, toujours. Elles ne m’ont jamais abandonnée.
Septembre, je reprends le travail. Le regard de mes collègues a changé. Je sens un malaise, je ne me sens pas bien. Aucune promotion prévue pour moi. La pression, toujours la pression, encore la pression. Je n’en peux plus. Je veux bien me battre mais il faut que ça en vaille la peine. En Février 2018, je quitte une société que j’ai aimée, mais quand on revient de loin comme moi, on ne peut et veut plus dire oui à tout. Je démarre sur les chapeaux de roues une nouvelle activité, que je monte, je suis heureuse sur le plan professionnel. En Décembre 2020, ré-opération : mon corps ne veut décidément pas de cette fichue prothèse. On recommence et cette fois ci c’est la bonne. Pas de traitement, je peux vivre normalement. Je suis de nature positive alors je positive. Je sors, je m’amuse, je vis. Et comme je dis souvent « dans la vie, rien ne se crée rien ne disparait, mais tout se transforme ».