Stéphanie

Stéphanie

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Date de publication du témoignage :

RDV avec Stéphanie (Bordeaux), auteur de « J’ai de la chance, j’ai un cancer ». Elle se reconstruit une nouvelle vie après un cancer qui a été aussi un enfer administratif.

Quand je suis tombée malade, je venais de monter mon auto-entreprise pour une activité de formation. Je vivais ma vie librement, en choisissant mes « contraintes » : un rythme de vie décalé, pas de CDI, donc pas la « sécurité » que beaucoup cherchent, mais une vie dictée par mes passions : l’enseignement, l’aventure et la découverte du monde.
Sauf que, je n’avais pas de sécurité sociale car je n’avais pas assez cotisé au RSI, et cela a transformé mon petit paradis en route vers l’enfer administratif et financier. C’est ce qui a été, a posteriori, pour moi, bien plus dur que la maladie et les traitements en eux-mêmes.
Une fois les traitements finis, je n’avais plus de logement, des dettes et pas assez d’énergie pour tout gérer. J’avais l’impression d’étouffer et j’ai décidé de prendre l’air. J’ai tout quitté. Pas pour fuir : j’ai appris il y a bien longtemps que ce que tu fuis finit toujours par te rattraper, mais plutôt pour me donner un nouveau souffle. Un terrain moins meuble pour pouvoir reprendre de l’élan.
Et j’ai choisi Bordeaux. Je suis arrivée, sans travail, ni logement, mais cette foi toujours ancrée dans le cœur et l’esprit. Ça n’a pas été facile. J’étais fatiguée physiquement, parce que je ne me suis pas arrêtée pendant les traitements. Mais j’étais là, pleine d’envie de vivre maintenant parce qu’on ne sait pas si ça ne va pas s’arrêter bientôt. De cette urgence de vivre quand on a la mort qui nous chuchote à l’oreille…
Et j’étais fatiguée psychologiquement. La maladie, plus la situation personnelle compliquée, plus les questionnements sur l’avenir, les projets, les contrôles médicaux. Et « et si ça revient » ? Et cette impuissance face à l’angoisse et le stress que les gens qu’on aime ont vécu.
Et Bordeaux, c’est beau, mais trouver un logement est dur. Je n’ai toujours pas de solution fixe. Et après deux ans à Lyon sans logement attitré en passant d’un canapé à un autre, l’épuisement nerveux s’est accentué.
Professionnellement, je suis arrivée sans réseau, et malgré mon expérience, j’ai dû trouver des emplois alimentaires, et je me sentais si éloignée de ce qui m’anime… que j’ai fait un burn-out l’hiver dernier. J’avais besoin de me retrouver mais n’y arrivais pas. Et j’ai craqué. Le point positif : j’ai perdu 13 kilos (ceux pris pendant les traitements et ceux en trop…).
J’ai enfin pu me retrouver depuis le début d’année. Je pose donc les bases de ma vie. J’espère être acceptée pour valider ma licence à distance, ce qui me permettra de pouvoir à nouveau exercer ce métier que j’aime tant. Je mets de l’argent de côté pour avoir mon permis. J’ai rencontré des gens merveilleux, que je peux qualifier d’ami(e)s. La vie ici me correspond mieux : pas de métro, beaucoup moins de stress et une belle région. J’ai pu reprendre le sport. Et après l’écriture de mon livre « J’ai de la chance, j’ai un cancer, j’écris un second livre.
Malgré la difficulté, je ne regrette rien. Ni cette maladie, ni mes choix. À l’image de ceci : moi qui n’aime pas les chats, la vie a décidé de m’en offrir deux en garde. Une contrainte imprévue (et pleine d’amour quand même hein) que je prends et assume du mieux que je peux.
Et qui nous prouve qu’on ne sait pas de quoi demain est fait. Que ce qu’on ne veut pas arrive malgré tout. Qu’il y a du bon dans ce qui nous paraît sombre. Qu’il y aura toujours du sombre. Et que j’entends bien prendre la lumière même si elle a du mal à briller parfois. Et que si je veux, je peux décider de l’allumer. Et sans plus jamais m’oublier, me rappeler que j’ai tellement de chance d’être toujours là, à vivre. À fond.

https://www.facebook.com/jaidelachancejaiuncancer/?ref=settings
https://jaidelachancejaiuncancer.com/
Livre disponible en version numérique sur Iggybook.com

Herveline

Herveline

Herveline

Date de publication du témoignage :

RDV avec Herveline (Région Lyonnaise). Comme une « création de la maladie », elle anime un podcast sur les thérapeutes et spécialistes du bien-être et du développement personnel.

Mon parcours a été à la fois très dur et très doux.
Très dur, parce que l’annonce est très violente (malgré toute la bienveillance de ma super médecin), parce que j’ai dû être opérée à deux reprises et que je garde un mauvais souvenir des salles de réveil, parce que j’ai eu très peur de la chimiothérapie (que j’ai finalement eu la chance de très bien supporter), et parce que j’ai trouvé très contraignantes les séances de radiothérapie.
Mais cela a aussi été très doux. D’abord parce que j’ai tout de suite été très entourée, de mes proches, famille et amis, mais aussi parce que j’ai consulté des thérapeutes en soins alternatifs (magnétiseuse, astrologue, naturopathe…) qui m’ont fait beaucoup de bien, auprès desquels j’ai donné du sens à la maladie. Cela a été doux aussi parce que je me suis autorisée à prendre beaucoup de temps pour moi.
Doux aussi parce que dès le départ, j’ai considéré que je n’avais pas à me battre contre ce cancer du sein. La maladie en elle-même est suffisamment violente, je ne voulais pas y ajouter un esprit guerrier…, ce qui ne m’empêchait pas de vouloir le raccompagner gentiment vers la sortie…
J’ai terminé les traitements en décembre 2018. J’ai eu besoin de tourner cette page symboliquement en envoyant à tous mes proches un « faire-part de renaissance ». Non seulement, je pouvais leur exprimer ma gratitude, mais cela était le signal que je passais à autre chose.
Cela ne signifie pas que je ne renie ce que j’ai vécu. Au contraire, cela fait partie de moi maintenant, c’est même devenu une force.
Rien n’a changé et tout a changé ! Je sais qu’il y a ce « fantasme » sur l’idée que l’on devient différent, que l’on est beaucoup plus apaisé et que l’on apprécie chaque instant de sa vie après un cancer. La réalité, dans mon cas en tout cas, c’est que je n’ai pas changé l’essentiel : j’ai gardé mon conjoint et mes enfants (!), ma famille, mes amis, mon métier aussi et, je l’espère, un peu d’humour.
Pour le reste, je pense que le changement se vit à l’intérieur. En fait de changement, je crois plutôt que l’on devient plus soi-même. J’ai appris à mieux me connaitre, j’ai pris le temps de m’écouter, de savoir ce dont j’avais vraiment envie, ce qui me faisait vraiment vibrer. Je ne souhaite à personne d’être malade, mais dans mon cas, cela m’a permis de prendre beaucoup de temps pour moi, sans culpabilité, et cela a été très salvateur. Les longues balades dans les vignes pendant lesquelles j’écoutais des podcasts, les séances quotidiennes de méditation, les lectures en paressant dans une chaise longue… autant de choses que j’aime faire, qui me ressourcent, mais que je ne prenais pas assez le temps de faire avant.
J’ai depuis repris mon travail de freelance dans la communication digitale que j’aime beaucoup… Et j’y ai ajouté mon podcast, « La petite voix », que j’adore animer. Je le considère comme une « création » de la maladie, si je peux m’exprimer ainsi.
C’est un podcast dans lequel je rencontre des professionnels du bien-être et du développement personnel, du psy au médium en passant par le coach, etc…. J’ai passé beaucoup de temps l’an dernier à leurs côtés, j’ai eu besoin d’être accompagnée pendant mes soins et j’ai trouvé beaucoup de sagesse, parfois de spiritualité auprès d’eux. Les échanges que j’avais avec eux m’ont énormément nourrie, et c’est ainsi qu’est née l’idée de les faire témoigner de leurs propres parcours. Je me suis rendue compte que bien souvent, ces belles personnes avaient vécu elles aussi des périodes difficiles, parfois la maladie, et qu’elles en étaient ressorties grandies, plus fortes et surtout plus confiantes en la vie. Ce sont ces messages lumineux et plein d’espoir que je partage dans « La petite voix ».
Préparer les épisodes, rencontrer les thérapeutes, réécouter les entretiens, les partager sur les réseaux sociaux, c’est beaucoup de travail mais cela me passionne vraiment. Et puis, il y a les retours de ceux qui écoutent, des retours qui parfois me touchent beaucoup : ceux qui passent des périodes difficiles et trouvent un peu d’espoir, ceux qui sont perdus dans leur projet de vie et y voient plus clair, ceux qui découvrent que la spiritualité peut aussi se vivre simplement…
C’est quand même formidable de pouvoir apporter cela, simplement en tendant son micro aux bonnes personnes !
Et cela, cet épanouissement que je trouve avec mon podcast, je sais que je le dois au cancer du sein. Jamais sinon je n’en aurais eu l’idée… et encore moins le courage de me lancer.

www.podcast.ausha.co/la-petite-voix
https://www.facebook.com/LapetitevoixPodcast/

Régis et Sandrine

Régis et Sandrine

Régis et Sandrine

Date de publication du témoignage :

RDV avec Régis et Sandrine (Athis-de-l’Orne). Avec leur bande de copains, ils font des kilomètres pour lever des fonds pour la recherche.

« Contre le Cancer J’y Vais » est au départ une bande de copains qui a été profondément affectée par le décès de deux amis très chers, Jérôme et Valérie, partis trop tôt à cause du cancer. Notre slogan pour transformer ce chagrin ?
« Marre de pleurer, envie d’agir ! »
Aujourd’hui, ils nous donnent l’énergie d’avancer ensemble pour lutter contre cette maladie. Notre objectif : récolter des fonds grâce au sport pour financer la recherche et l’aide aux malades.
Nous organisons depuis lors, des événements sportifs et festifs pour récolter des fonds.
Tout le monde peut devenir membre moyennant une cotisation unique.
Tous les kilomètres réalisés par les membres lors de marches, courses à pied ou sorties vélo sont comptabilisés. Les photos sont publiées pour faire grimper notre compteur kilométrique et chercher des sponsors qui financent en matériel et/ou en dons, grâce à la publicité que nous leur faisons. L’association sollicite des entreprises, des donateurs… pour acheter les kilomètres réalisés.
Les fonds seront reversés, fin septembre, à une équipe de recherche du CNRS de Caen, qui travaille spécifiquement sur le projet CERVOxy : sur l’Hypoxie et les physiopathologies cérébrovasculaires et tumorales.
À ce jour, nous sommes 178 membres et avons parcouru un peu plus de 4500 km !
Venez nous rejoindre !

https://m.youtube.com/watch?v=YOmdnK0pSrk
Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100026306796837
https://www.ccjyvais.fr
https://youtu.be/buK3Zuw6_dc

Aude

Aude

Aude

Date de publication du témoignage :

Texte RDV avec Aude (Paris). Elle danse pour et avec les patients et leur entourage, leur insufflant son énergie et son dynamisme.

RDV avec Aude (Paris). Elle danse pour et avec les patients et leur entourage, leur insufflant son énergie et son dynamisme.
Je pratique la danse depuis l’âge de 4 ans. J’ai intégré le Conservatoire Régional de Musique et de Danse de Lorraine à Nancy à l’âge de 6 ans, et j’ai obtenu un 2e Prix en danse classique à l’âge de 14 ans.
Je me suis ensuite tournée vers un cursus général et des études de droit pour devenir notaire. C’est à cette époque que j’ai découvert les danses en couple, d’abord le rock n’roll puis la salsa et le west cost swing.
Je suis arrivée à Paris en 2005. En parallèle de mon job de juriste, j’ai pu rapidement retrouver les joies de la scène et de l’entrainement régulier, dans la salsa essentiellement. Depuis 8 ans, je suis exclusivement danseuse.
Mes activités juridiques terminées (!), j’ai décidé de créer l’action « Elles Dansent » et d’accompagner avec la danse les personnes fragilisées. Une idée que m’a suggérée une amie avec qui je travaillais sur la réalisation d’un festival de danses latines. Je ne pouvais imaginer à ce moment-là qu’une heure bénévole par semaine allait devenir un engagement sans faille et mon activité quotidienne.
Aujourd’hui, « Elles Dansent » est une action solidaire et inclusive au bénéfice des personnes touchées par le cancer exclusivement. Elle me permet d’intervenir dans des hôpitaux de l’AP-HP et privés, dans des structures dédiées au cancer, et en ville. Chaque jour je donne des cours de danse et de salsa adaptées aux personnes pendant leurs traitements et après leurs traitements.
Les bienfaits de la danse sur la santé psychique et physique ne sont plus à prouver. Et puis le bonheur de partager ces moments jusqu’à participer à des spectacles, que je chorégraphie et/ou dirige, est une manière de les accompagner pour trouver la force et l’énergie et aussi l’envie de passer le cap.
Le chemin peut être long et les doutes et les peurs sont fréquents. Mon propos est de les inviter à retrouver une conscience corporelle la plus légère et joyeuse possible, pour un quotidien plus doux et joyeux.
Parallèlement, depuis 3 ans, j’interviens au chevet des personnes en traitement en hospitalisation de jour ou prolongée, et aussi en fin de vie. Costumée, j’utilise la musique et la danse pour alléger les patients, les proches et le personnel soignant dans l’épreuve qu’ils traversent. Ces interventions sont magiques. « Le spectacle vivant dans un lieu de soin pour des adultes » c’est tellement inattendu. Et pourtant, si ça fonctionne en pédiatrie et en gériatrie, ça ne peut que fonctionner chez « l’adulte » !!
Un film documentaire est actuellement en cours de tournage. « Elles Dansent » est son titre. Alexandre Messina, le réalisateur, promet un film beau, porteur de vie, de joie, d’espérance et d’amour. Tout ce que je diffuse lorsque je danse au chevet. Sortie espérée pour 2020.
D’ici là on peut voir un teaser sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=eUNb7xBwP2Y&t=14s

L’association œuvre sur Paris, Levallois-Perret et Villejuif pour le moment. Forte de 2 nominations à des Trophées cette année, l’association œuvre au développement des cours, ateliers, stages et spectacles, et aussi des interventions artistiques en milieu hospitalier.

www.ellesdansent.org
https://www.facebook.com/ellesdansent/
Instagram : Elles Dansent

Stéphanie

Stéphanie

Stéphanie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Stéphanie (Pamiers). Infirmière et passionnée de photographie, elle a choisi d’allier ces deux activités dans la thérapie par l’image.

Mon parcours professionnel d’infirmière m’a permis de rencontrer des personnes qui, dans la maladie, perdent l’estime d’elles-mêmes. En tant que soignant, nous faisons preuve d’empathie, d’écoute et nous les accompagnons dans ces étapes difficiles, avec notre plus joli sourire.
Ils nous font part de leurs doutes, appréhensions et beaucoup vous parlent de cette image « qu’ils ne supportent plus », ce corps meurtri par la chirurgie, ce corps « différent d’avant », dû principalement aux traitements. Puis il y a le regard des autres. J’ai pu constater que c’est à ce moment-là que beaucoup perdent pied.
Au terme de 8 ans d’exercice, j’ai ressenti le besoin de venir en aide à ces personnes. Par la photographie, je les accompagne afin qu’elles parviennent à poser un regard bienveillant sur elles-mêmes, plus doux, plus juste. Je les aide à trouver cette force de voir en elles tout ce qu’il y a de beau.
Si certains n’ont pas encore franchi le pas, ceux qui l’on fait en ont tiré un grand bénéfice. Ils ont pu partager cela avec leur famille, les amis proches et ainsi être valorisé pour ce qu’ils sont, même avec la maladie.
Mon combat à moi aujourd’hui, c’est d’accompagner toutes ces personnes qui luttent pour (re)trouver cette image valorisante d’elles-mêmes, qu’elles puissent exprimer leur ressenti, parler de leur histoire, verbaliser leurs émotions, lâcher prise.
Ces séances photo sont des moments uniques entre elles et moi, crées pour ELLES.
Elles permettent à chacun d’appréhender la maladie sous un angle différent.
J’espère aujourd’hui grâce à cet accompagnement pouvoir, à plus ou moins long terme, aider autant d’hommes que de femmes dans ces étapes difficiles en lien avec la maladie cancéreuse. Je suis intimement convaincue qu’une bonne estime de soi est un facteur important dans le parcours thérapeutique.
Une citation résume à la perfection le travail que je réalise aujourd’hui :
« On ne peut rien apprendre aux gens. On peut seulement les aider à découvrir qu’il possède déjà en eux tout ce qui est à apprendre ».

stephanie.rs.photographie@gmail.com
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