Stéphanie

Date de publication du témoignage :

26 Sep. 2019

RDV avec Stéphanie (Bordeaux), auteur de « J’ai de la chance, j’ai un cancer ». Elle se reconstruit une nouvelle vie après un cancer qui a été aussi un enfer administratif.

Quand je suis tombée malade, je venais de monter mon auto-entreprise pour une activité de formation. Je vivais ma vie librement, en choisissant mes « contraintes » : un rythme de vie décalé, pas de CDI, donc pas la « sécurité » que beaucoup cherchent, mais une vie dictée par mes passions : l’enseignement, l’aventure et la découverte du monde.
Sauf que, je n’avais pas de sécurité sociale car je n’avais pas assez cotisé au RSI, et cela a transformé mon petit paradis en route vers l’enfer administratif et financier. C’est ce qui a été, a posteriori, pour moi, bien plus dur que la maladie et les traitements en eux-mêmes.
Une fois les traitements finis, je n’avais plus de logement, des dettes et pas assez d’énergie pour tout gérer. J’avais l’impression d’étouffer et j’ai décidé de prendre l’air. J’ai tout quitté. Pas pour fuir : j’ai appris il y a bien longtemps que ce que tu fuis finit toujours par te rattraper, mais plutôt pour me donner un nouveau souffle. Un terrain moins meuble pour pouvoir reprendre de l’élan.
Et j’ai choisi Bordeaux. Je suis arrivée, sans travail, ni logement, mais cette foi toujours ancrée dans le cœur et l’esprit. Ça n’a pas été facile. J’étais fatiguée physiquement, parce que je ne me suis pas arrêtée pendant les traitements. Mais j’étais là, pleine d’envie de vivre maintenant parce qu’on ne sait pas si ça ne va pas s’arrêter bientôt. De cette urgence de vivre quand on a la mort qui nous chuchote à l’oreille…
Et j’étais fatiguée psychologiquement. La maladie, plus la situation personnelle compliquée, plus les questionnements sur l’avenir, les projets, les contrôles médicaux. Et « et si ça revient » ? Et cette impuissance face à l’angoisse et le stress que les gens qu’on aime ont vécu.
Et Bordeaux, c’est beau, mais trouver un logement est dur. Je n’ai toujours pas de solution fixe. Et après deux ans à Lyon sans logement attitré en passant d’un canapé à un autre, l’épuisement nerveux s’est accentué.
Professionnellement, je suis arrivée sans réseau, et malgré mon expérience, j’ai dû trouver des emplois alimentaires, et je me sentais si éloignée de ce qui m’anime… que j’ai fait un burn-out l’hiver dernier. J’avais besoin de me retrouver mais n’y arrivais pas. Et j’ai craqué. Le point positif : j’ai perdu 13 kilos (ceux pris pendant les traitements et ceux en trop…).
J’ai enfin pu me retrouver depuis le début d’année. Je pose donc les bases de ma vie. J’espère être acceptée pour valider ma licence à distance, ce qui me permettra de pouvoir à nouveau exercer ce métier que j’aime tant. Je mets de l’argent de côté pour avoir mon permis. J’ai rencontré des gens merveilleux, que je peux qualifier d’ami(e)s. La vie ici me correspond mieux : pas de métro, beaucoup moins de stress et une belle région. J’ai pu reprendre le sport. Et après l’écriture de mon livre « J’ai de la chance, j’ai un cancer, j’écris un second livre.
Malgré la difficulté, je ne regrette rien. Ni cette maladie, ni mes choix. À l’image de ceci : moi qui n’aime pas les chats, la vie a décidé de m’en offrir deux en garde. Une contrainte imprévue (et pleine d’amour quand même hein) que je prends et assume du mieux que je peux.
Et qui nous prouve qu’on ne sait pas de quoi demain est fait. Que ce qu’on ne veut pas arrive malgré tout. Qu’il y a du bon dans ce qui nous paraît sombre. Qu’il y aura toujours du sombre. Et que j’entends bien prendre la lumière même si elle a du mal à briller parfois. Et que si je veux, je peux décider de l’allumer. Et sans plus jamais m’oublier, me rappeler que j’ai tellement de chance d’être toujours là, à vivre. À fond.

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