Marion

Marion

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Date de publication du témoignage :

RDV avec Marion (Bordeaux), qui a fait de son combat un magnifique poème.

J’ai 34 ans, je vis en couple avec une fille de 2 ans et demi. On a tous des dates marquantes dans notre vie, dont on se souviendra à jamais, pour de bonnes ou mauvaises raisons mais surtout parce qu’elles auront marqué un changement important dans notre vie. La mienne, c’est le 16 février 2018. L’échéance approche, dans quelques jours…
Faut-il me replonger dans cette annonce ? « C’est bien ce que je craignais, vous avez un cancer du sein… » Jamais je ne pourrais oublier les mots du médecin qui m’a fait la biopsie quelques jours plus tôt, j’apprends la nouvelle par téléphone dans les toilettes de mon boulot pour être au calme. Ce coup de fil qu’on attendait tant avec ma famille et mes collègues.
A 33 ans, ma vie se met en version « pause », pause boulot, pause famille, pause santé surtout… Et là, c’est le tourbillon des rdv, des examens médicaux, du planning chargé où on est passé au crible pour tout, ponction des ovocytes, eh oui parce qu’on est « encore » jeune, pose de la chambre implantable et c’est parti, me voilà équipée pour aller au combat.
16 chimios parce que le protocole est ainsi, le cancer est agressif, triple négatif et qu’il progresse vite donc on l’attaque de suite. La fatigue, les virus, la toux, les kilos et les cheveux en moins… Tous ces effets que l’on range dans la catégorie « indésirables » ils sont bien là, chez moi, en moi. Les semaines s’enchaînent et je gagne, face à lui, face à elles, ces deux tumeurs qui m’auront imposé cette parenthèse. Mastectomie totale puis 28 rayons, le carré rouge s’en va peu à peu.
Maintenant la vie reprend son court, avec un nouveau moi, de nouveaux projets, une envie de vivre les choses différemment. Un couple et une petite fille plus forts, qui ont joué pour beaucoup dans cette bataille même si ça a été dur et triste parfois, heureusement, les gens qui restent à nos côtés ne le sont pas par hasard… Forcément, on change, mais on sait qu’on est armé à jamais pour affronter les difficultés de la vie, comme un guerrier. L’écriture aidant, j’ai mis sur papier ce qui me trottait dans la tête pendant ces quelques mois de traitement avec l’aide d’un ami et « Triple négatif » est né. On se découvre des talents cachés, des vocations. Le côté positif de la maladie, c’est qu’elle fait ressortir ce que nous avons de plus beau, de plus fort en nous !

👉 Poème « Triple négatif » dans le 1er commentaire !

Regine

Regine

Regine

Date de publication du témoignage :

RDV avec Régine (Bordeaux), survivante de trois cancers. Forte de ces épreuves, son leitmotiv est « Carpe Diem » et elle aime plus que tout la vie !

Ma vie ces dix dernières n’a pas été un long fleuve tranquille…
Au début de l’année 2009 et après des mois de souffrance et autant d’errance médicale, je ressens une douleur insupportable dans le côté droit. Je vois enfin un médecin qui me prescrit une échographie pelvienne. Un premier bilan arrive : une énorme masse au niveau des ovaires. J’apprends que j’ai eu une torsion à un ovaire ! On me programme en urgence une hystérectomie totale avec annexectomie par voie haute, retrait de l’épiploon, grattage des adhérences…. J’ai appris beaucoup de mots… et je n’avais pas fini d’apprendre…
Le 12 mars 2009, mon chirurgien m’apprend que j’ai un cancer de stade 3, grade 3, avec des métastases sur le péritoine. Il n’est ni bon ni mauvais dans cette annonce, très technique surtout, avec des petits schémas explicatifs…. un aperçu du traitement, et surtout un rendez-vous avec l’oncologue. Je vais pleurer, commencer par refuser ce diagnostic, l’idée des chimios… et 10 jours après, je rencontre celle qui allait devenir au fil des années un personnage incontournable de ma vie de malade.
Protocole : 18 séances de chimiothérapie, 6 mois de traitement. Pose de la chambre implantable, première chimio, je n’échappe pas aux nausées, aux mucites si douloureuses, à cette fatigue extrême, la sensation de ne plus être maître à bord de son propre corps. Baisse des globules blancs, des globules rouges, des plaquettes, perte des cheveux, c’est un des effets le plus difficile à accepter… Mes filles m’ont acheté de beaux foulards, une amie d’enfance m’a offert une perruque, quel beau geste !
Je n’échappe pas non plus à l’EPO, aux granocites…. Enfin, un jour, fin des chimios… un rayon de lumière dans ce tunnel. Mais il y a un mais… je dois subir une nouvelle intervention chirurgicale, une opération lourde qui consiste en l’ablation des ganglions lombo aortiques, pelviens, un petit nettoyage du péritoine, des prélèvements. J’ai souffert mais les résultats sont bons… plus de trace de cellules cancéreuses…. Yessssssssssss !!!
 Début 2010, je vais commencer les suivis : scanners, examens cliniques, marqueurs : peurs, angoisses…. En 2011, je fais une prise de sang pour une recherche génétique que BRCA 1 et 2, un cancer des ovaires à 49 ans, c’est pas normal ! Les tests sont négatifs…. donc, dixit mon onco -généticienne, « je n’ai pas plus de chance de développer un cancer du sein qu’une autre femme dans la rue »…
Oui mais rien n’est simple avec moi car en 2013, au cours d’un examen de dépistage, mammographie et échographie, on voit dès microcalcifications au sein droit. Mon sein gauche est classé ACR 2… donc il est censé aller bien.
J’ai droit à une biopsie, résultat : cancer in situ de haut grade au sein droit. Le médecin radiologue qui me suit depuis des années, au vu de mon passé ovarien, me prescrit une IRM… Je passe cet examen…. et bingo (selon le terme du radiologue examinateur) : une boule suspecte qui se révèle être un cancer triple négatif de stade 1, de haut grade.
J’ai droit à une double mastectomie sans reconstruction immédiate… Je n’ai pas pleuré mes seins, trop contente de m’en débarrasser, retrait des ganglions des deux bras, aucun touché…
Ensuite s’en suivent re-oncologue, re-chimiothérapie… re-perte de cheveux, re-effets secondaires violents et détestables, re-pleurs….
A la fin de tout cela, mon oncologue m’annonce ma rémission. Depuis mi 2014, je suis en rémission complète de ces trois cancers !!!
J’ai refait les tests génétiques, toujours négatifs… Gène non identifié à ce jour… Et oui !!!! On a retiré ma chambre implantable. Quel soulagement ! J’ai fait une reconstruction mammaire en 2016…
Affaire à suivre. Le sort s’acharnerait-il ?? Mais non, j’aime la vie malgré ses coups vaches, j’aime mes filles, mes petits-enfants, mon mari qui m’a accompagnée durant ces moments si difficiles. J’aime apporter mon aide aux femmes qui sont aussi confrontées à ces épreuves. Je fais partie d’associations, j’accompagne autant que je peux !
J’aime le soleil, la mer, écouter les oiseaux… et les gens.
CARPE DIEM

Lisa

Lisa

Lisa

Date de publication du témoignage :

RDV avec Lisa (Albert, Somme) qui a fait du tri parmi ses médecins, du tri dans sa vie pour ne garder que l’essentiel : sa joie de vivre !

Je m’appelle Lisa, j’ai 51 ans et maman de 5 enfants de 32, 29, 21, 9 et 8 ans.
En mai 2015, je commence à souffrir atrocement de la hanche. Mon médecin traitant me dit que c’est une sciatique. Les semaines passent, j’ai de plus en plus de mal à marcher. Je peux à peine poser mon pied au sol mais le médecin refuse les examens, pour lui c’est juste une sciatique. À force d’insister, je passe des examens et en novembre 2015. La bombe explose : cancer du sein d’une tumeur de 17 cm, triple négatif au stade 4 et des métastases aux ganglions, foie de 8 cm, hanche de 10 cm et plusieurs sur la colonne vertébrale de quelques millimètres.
Je vois un oncologue qui m’annonce que je ne vais pas m’en sortir car trop avancé et qu’il faut se préparer au pire. Pour lui il ne me reste à peu près que 6 mois. Il prescrit une chimio à vie et pas d’opération car inopérable.
Mon mari s’écroule… Moi non ! Je rejette tout net ce que j’entends. Je dis à l’oncologue que je vais m’en sortir. Il soupire et hausse les épaules…. La seule chose qui me traverse l’esprit à ce moment-là, c’est qu’il n’a pas à me condamner. Je me moque de son avis.
Je change d’oncologue et je commence la chimio. Je perds mes cheveux mais bizarrement je le prends bien, je me trouve belle. J’arrive même à sortir sans rien sur la tête !
Après 3 chimios différentes, au bout de 18 mois, les tumeurs ont beaucoup diminué et au pet-scan, elles se sont nécrosées et ne sont plus actives. La chimio est suspendue et je commence la radiothérapie pour le sein et la hanche. Depuis j’ai un pet-scan tous les 3 mois pour surveiller les tumeurs. Au moindre éveil de celles-ci, je retournerai en chimio. J’ai toujours un traitement pour les métastases osseuses, 1 piqûre et 1 prise de sang, pour surveiller les marqueurs, toutes les 4 semaines.
Quand je repense au pronostic de 6 mois que cet idiot de médecin m’avait donné en 2015…. La leçon à en tirer est que même si le pronostic est mauvais, il faut toujours se battre, toujours y croire. J’ai la chance d’avoir un mari et des enfants merveilleux, leur amour m’a portée, ils ont été mon moteur, ma force de combattre. Il ne faut jamais lâcher, je suis la preuve vivante que même un cancer métastasé peut se stabiliser.
Mon oncologue me dit que les tumeurs peuvent se réveiller dans 6 mois, 1 an, 10 ans, 20 ans ou plus, on ne sait pas, mais depuis le début, je fais des projets, je profite de chaque instant de bonheur à fond.
Oui je suis très fatiguée, je ne serais plus jamais comme avant mais ce n’est pas grave. Je vis, je suis en vie. J’ai aussi changé de médecin traitant. J’ai fait du tri dans ma vie, j’ai vu le vrai visage des gens. Je suis heureuse, c’est l’essentiel.
Si mon histoire peut aider une seule personne, j’en serais ravie.
Courage à tous les guerriers et guerrières. Ne lâchez jamais. Croyez en vous.

Anne

Anne

Anne

Date de publication du témoignage :

RDV avec Anne (Nort sur Erdre), touchée alors que le cancer avait déjà frappé sa mère pendant son enfance, elle combat avec courage et optimisme !

Je m’appelle Anne, j’ai 42 ans et suis maman célibataire de 2 filles de 18 et 12 ans. En juillet 2017, on m’a diagnostiqué un carcinome lobulaire infiltrant de stade 2 dans le sein gauche. Ma mère ayant succombé à cette maladie lorsque je n’avais que 8 ans, ce fut un de mes pires cauchemars qui se réalisait : faire vivre la maladie et tout ce qui va avec à mes puces.
Protocole lancé : chimio, 2 tumorectomies, 1 mastectomie, 25 séances de radiothérapie, 15 mois d’arrêt, 15 kilos en plus… j’ai géré ça comme toujours : en me disant que ce n’était qu’un mauvais moment à passer, que j’avais connu bien pire dans ma vie !
Les gens me demandaient « comment vas-tu ? » — « je vais bien ! ». Et j’allais plutôt bien ! Physiquement c’était difficile, mais ma volonté de vaincre la maladie et ma certitude que tout irait bien m’ont tirée vers le haut et aidée à avancer lorsque c’était trop dur.
Aujourd’hui je regarde ma vie d’un autre œil. J’ai fait du tri autour de moi, j’écoute le vent dans les arbres, j’ouvre les yeux sur ce qui m’entoure… Je me suis juré d’essayer de tromper la routine et ai appris une chose essentielle : « La personne la plus importante de ma vie c’est moi ! ».
J’ai appris à m’écouter, à dire non, à dire « Stop ».
J’écris comme beaucoup d’entre nous. Je commence à me renseigner pour une reconversion professionnelle. Ma grande spécialité a toujours été d’aider les autres, alors pourquoi ne pas en faire un vrai métier ?
Je pense que le mot Cancer est encore trop tabou chez certains mais à moi, il ne fait plus peur. Je l’ai vaincu et je sais qu’il peut revenir ici ou ailleurs, mais alors, j’aurai les armes pour l’affronter et toujours avec le sourire. Si mon cancer se matérialisait aujourd’hui devant moi, je lui dirais : « Merci ! ».

Léna

Léna

Léna

Date de publication du témoignage :

RDV avec Léna (Saint-Brieuc). Le cancer a chamboulé sa vie : job, divorce… Elle a décidé de célébrer ses « premières fois » et de profiter pleinement de temps pour elle.

Si j’ai modifié ma vie suite à la maladie ? oh oui ! pas qu’un peu !
Au niveau professionnel, j’ai appris à dire non, à ne plus subir le rythme qui s’imposait. J’ai ralenti la cadence et pourtant je ne travaille pas moins bien. J’ai même pris du galon.
J’ai aussi réalisé un souhait : celui d’enseigner, en plus de mon boulot de directrice artistique dans la communication. J’en avais très envie, mon patron était ok… J’ai donc postulé avec succès. Chose que je n’aurais pas osé avant. Je ne me sentais pas à la hauteur de la tâche. J’ai été rappelée cette année, c’est que je dois me débrouiller pas trop mal.
Au niveau familial aussi, j’étais avec mon ex-mari depuis 18 ans. On s’aimait bien, mais ce n’était plus vraiment ça. Je n’avais pas du tout envie de finir comme beaucoup de couples qui restent ensemble par habitude. Donc après 2 ans de traitements, j’ai enchainé avec un divorce. Alors non, ce n’est pas simple : j’allais perdre en confort, j’allais devoir payer seule l’emprunt de la maison, j’allais devoir me passer de mes filles une semaine sur deux, me retrouver seule une semaine sur deux. Et surtout, je ne savais pas du tout ce que j’allais gagner…
En fait j’ai tout gagné !
Quand j’étais malade, je pleurais en pensant à mes « dernières fois » : « tiens c’est peut-être la dernière fois que je vais à ce festival », « m**de, c’est peut-être le dernier Noël avec mes filles »… Un jour, une amie m’a dit : « tu es là ». Tout simplement.
Mais oui, je suis là, et tant que je suis là, je vais plutôt aller me chercher des premières fois ! Et depuis, je les enchaine ! J’ai du temps pour moi. J’ai pu le consacrer à ce que j’aime (rando, photo, céramique…) sans culpabiliser. Je me suis retrouvée. Résultat, j’ai 2 expos en cours : l’une concerne mes photos l’autre c’est « La petite Boule », une série de petites phrases entendues pendant mon cancer. J’avais besoin d’en parler de manière très simple. Ça m’a fait du bien et surtout, c’est un vrai bonheur tous ces échanges. Ça me touche de savoir que telle ou telle phrase a pu résonner chez l’une ou chez l’autre. Ça me motive de savoir que ça peut faire du bien à d’autres personnes que moi. J’avoue ne pas être fan du communautarisme mais il y a un réel soutien entre les personnes touchées par le cancer, c’est une force, ça nous porte !!!
Merci à tout.e.s les combattant.e.s et les accompagnant.e.s !!!

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