Magali

Magali

Magali

Date de publication du témoignage :

RDV avec Magali (Belgique). Après un cancer de la langue, elle a décidé de « ne plus lutter contre les flots de sa vie, mais d’avancer en utilisant la force du courant ».​
J’écris ce témoignage le 21 mars 2019, presque 8 ans jour pour jour après mon opération. Ce n’est pas voulu, mais j’aime les synchronicités et en voici une très jolie. Dans mon carnet intime à l’époque, j’avais écrit qu’une partie de moi allait mourir, pour mieux renaître avec l’arrivée du printemps.
Et toute cette histoire de cancer n’est que cela en fait, un élément du cycle de la vie. Une mort pour une renaissance. Février 2011, j’attends mon premier enfant (prévu pour le 30 avril) et je travaille dans un secteur que j’adore. C’est un métier qui fait sens, puisque je suis chargée de projets pour un mouvement de paix. J’ai un super mari, un super appartement, une vie « super » donc. Pourtant, je sens qu’il me manque quelque chose. Je m’interroge même sur le sens de la vie, tout est beau sur papier alors quoi ? Et depuis quelques mois, j’ai la gorge sèche, la sensation d’une langue gonflée… Je n’y prête pas attention, persuadée que c’est un des lots de la grossesse. Mais fin février 2011, le vieux stomatologue qui me reçoit, sans me regarder dans les yeux, m’expédie en cinq minutes dans un murmure désolé. Je ne suis pas certaine d’avoir bien entendu : cancer ?
30 ans, enceinte de 7 mois, avec un cancer rare qui s’est enflammé vitesse grand V, on ne tergiverse pas. On provoque l’accouchement et un rayon de soleil vient illuminer l’enfer. Oui, mais voilà, Théodora (cadeau de Dieu, et elle le porte bien) s’en va en néonatalogie, et moi sur une table d’opération. Je me rappelle juste la voix de ma copine anesthésiste, formée à l’hypnose, qui a réussi l’exploit de me faire plonger dans un sommeil sans rêves, avec une image de douceur et non d’enfer. Et c’est parti pour 19 heures de travail d’orfèvre : on me retire la langue, la mâchoire inférieure, on reconstruit avec un lambeau de bras et le péroné de ma jambe droite.
Je passerai outre toute la longue période de reconstruction, la bataille pour pouvoir avaler seule et éviter la stomie de justesse, le combat pour pouvoir reposer une prothèse dentaire deux ans plus tard (c’est long deux ans sans dents du bas, croyez-moi), qui coûte plusieurs milliers d’euros, mais n’est pas prise en charge par la sécurité sociale belge (et s’en est suivi un procès de plusieurs années, sur lequel je passerai outre aussi…).
Au bout de deux ans, en mars 2013, je suis officiellement en rémission, et bonheur, à nouveau enceinte ! C’est la fin de la période critique de récidive pour un cancer ORL, et la vie reprend. Mais c’est loin d’être la fin du cancer. Il y a bien sûr la courte euphorie, qui dure autant de temps que les bulles de champagne pour éclater à la surface de la coupe avec laquelle je trinque gaiement. Mais il y a le reste, ce dont on ne parle pas (encore) : la fatigue intense, les pertes de mémoire, la détresse de ne pouvoir sortir de mon mal-être, qui est heureusement exprimé grâce à une super psychologue.
À la mort d’une jeune maman souffrant d’un cancer des os, avec qui je correspondais depuis des mois, c’est l’électrochoc : je ne peux pas changer le passé, POURQUOI cela m’est arrivé, mais je décide de changer mon présent, mon futur, le COMMENT, ce que je fais de cette histoire. Alors je fais ce que je sais faire avec ma formation de journaliste : j’écris un blog. Je rassemble les articles qui parlent du brouillard de l’après-cancer. Je me forme pendant 18 mois au coaching et j’accompagne des dizaines de patients.
Je sais pourquoi je fais ce que je fais : parce que je crois dans la capacité de résilience de chacun d’entre nous ! Mon expérience devient un livre, outil de coaching : « Je rebondis après mon cancer ». Je constate que le retour au travail est une pierre angulaire de la problématique, car les personnes ne veulent pas survivre, elles veulent vivre !
Vivre, c’est aussi reprendre une place dans la société. C’est ainsi que naît mon association « Travail & Cancer ».
La seule chose permanente dans notre vie, c’est le changement. Aujourd’hui, j’essaie ne plus lutter contre les flots de ma vie, mais d’avancer en utilisant la force du courant. Mon second livre sort en septembre prochain, mais d’ici là, je lève le pied, j’attends des jumeaux 😊

www.vieetcancer.be
https://www.facebook.com/Vieetcancer/
www.travailetcancer.org
https://www.editions-jouvence.com/…/mon-cahier-poche-je-reb…

Isabelle

Isabelle

Isabelle

Date de publication du témoignage :

RDV avec Isabelle (Saône et Loire), une « endurante » qui avance, petits pas par petits pas, vers sa nouvelle vie, son nouvel avenir.

On vit notre vie bien remplie, je vis ma vie. On a notre quotidien, et des années s’écoulent… Et puis un jour, à 51 ans, en août 2018, on pousse une porte pour faire une mammographie… et là… c’est le bouleversement total, on tombe dans le vide, on se retrouve face à quelque chose qui nous dépasse…
Faire une biopsie ? Deux tumeurs au même sein : une « in situ », bien au chaud dans sa coquille, et l’autre agressive, invasive, qui a touché un ganglion sentinelle. Je n’y connais rien à tout cela moi… Je n’y ai même pas songé, ni réfléchi… Jusqu’ici tout allait très bien… et me voici abasourdie, la tête vide due au verdict, le néant… « Cancer du sein !!! »… et tout ce que cela va comporter… impliquer, changer, dans ma vie.
Il n’y a plus qu’à se laisser conduire pour une mastectomie et reconstruction mammaire avec implant. Rejet de mon corps de cette prothèse… Septicémie… Re-ablation du même sein… Analyses de toutes sortes… Rendez-vous multiples… IRM… Scanner… Pet Scan… Pose d’une chambre implantable… Anesthésies locale et générale… 6 chimios et 20 séances de radiothérapie, suivies de 5 ans d’hormonothérapie…
Et bien tout ça, tout ça !!! À quoi s’attendre pour l’avenir ??? On est sur un tapis roulant, sans issue, et on va où l’on doit nous mener, pas le choix… Avoir confiance en la médecine… Oui… mais pas si rassurée… jamais… Je me vois comme une enfant qu’on dirige à droite, à gauche, pour se rendre je ne sais où…
Voici six mois maintenant que je suis une « Endurante », une qui encaisse les chimios pour détruire ce crabe sournois, invisible, silencieux… dévastateur… Mon corps se bat, mon esprit se débat et j’ai la rage de m’en sortir. Le mot « Cancéreuse », je ne l’aime pas, il me fait peur…
Vous êtes dans votre bulle de douleur, on est comme dans une enveloppe, drapé de mal-être, physique et psychologique où l’on ne voit plus la fin de chaque jour, et de chaque longue nuit qui s’écoule. Toutes ces grandes épreuves à affronter… surmonter…
Alors, petits pas par petits pas, j’avance pour la victoire, pour la guérison… pour retrouver ma vie d’avant… retrouver mon image, mon corps… mon moi dans ce miroir… Le parcours reste long, difficile, dur. La souffrance peut occuper tellement de place qu’on en oublie le bonheur, le temps qui passe…
Mais la vie reprend doucement dans les moments plus calmes, plus doux, après chaque étape… Je crois en la vie, je crois en mon corps, ma force et je crois en tous ceux qui m’aiment et que j’aime. Tant que je suis debout, avec mes petits pas, et mon cœur qui bat, j’avance vers cette destinée, vers ce but… Je sais, je sens… que je vais m’en sortir… pour mieux rebondir à la vie.

https://www.facebook.com/Cancer-tu-nes-point-mon-copain-252496312109674/

Marie-Pierre

Marie-Pierre

Marie-Pierre

Date de publication du témoignage :

RDV avec Marie-Pierre (Toulouse) qui a créé une gamme de vêtements toute douce pour les femmes en traitement.

J’ai appris que j’avais un cancer du sein quelques jours après avoir fêté mes 42 ans. Par chance, un adénome m’avait déjà conduite vers le service de sénologie plus tôt que prévu… C’est lors d’un rendez-vous de contrôle qu’on a commencé à s’intéresser à une boule imperceptible au toucher, proche des côtes, sous le mamelon gauche. Après, c’est allé très vite… Avant d’obtenir les résultats de la biopsie, je rêvais de mon enterrement et au réveil, j’étais plus en vie que jamais ! Car l’urgence à vivre, je le sais maintenant, donne des ailes à celui qui ne choit pas.
Le choc de l’annonce passé, j’avais hâte que les traitements commencent : être dans l’action, c’est prendre un rôle dans le mieux-aller, c’est être acteur de sa guérison et donc de son avenir. Ne pas abandonner la partie pour mes proches était aussi une détermination profonde.
Se sont succédées la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie pour laisser place à l’hormonothérapie qui dure, dure encore…
La chimiothérapie m’a pris une telle énergie que j’ai dû agir de l’intérieur pour me sentir vivre. C’est ainsi qu’un espace intérieur s’est révélé par une méditation quotidienne. J’ai appris à vivre avec moi-même, à me respecter coûte que coûte.
La radiothérapie m’a amenée vers le jardin, au printemps. C’est à cette période qu’une idée a germé dans ma tête, une idée qui mettait à l’œuvre ma créativité dans un « prendre soin » dirigé vers moi, puis vers les autres femmes dans la même traversée.
J’ai pensé à une « enveloppe » qui redonnerait au corps meurtri une douceur perdue, parce qu’à chaque étape, ma peau avait souffert, entre cicatrices, commotions, allergies, assèchement, brûlure… Je ne savais plus comment m’habiller. Pour toutes ces raisons, j’ai créé la marque « Sénovie » : transformer la maladie pour moi-même, pour mon entourage bienveillant et pour mes sœurs de soin en de belles couleurs, de beaux tissus et de la douceur, beaucoup de douceur https://static.xx.fbcdn.net/images/emoji.php/v9/ta5/1.5/16/1f642.png

https://www.facebook.com/senovie/
www.senovie.fr

Aurélie

Aurélie

Aurélie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Aurélie (La Réunion), qui est partie à l’autre bout du monde pour construire une nouvelle vie, mais y a découvert sa maladie.

J’ai 35 ans. L’année dernière avec mon mari, on a tout plaqué pour aller sur l’île de La Réunion, où nous avons repris une maison d’hôtes. Nous sommes arrivés au mois de Mai, la haute saison touristique qui commence donc beaucoup, beaucoup, de travail, 7j/7. Mais voilà, la vie ici est tellement plus zen. On avait tous les deux des boulots de cadres sur Paris, le changement se fait sentir (que du bonheur !).
Juste avant de commencer, je fais ma première rencontre avec la gyneco pour un frottis de contrôle. Ça, c’était fin avril. Et là…, les ennuis se sont enchaînés.
J’ai profité quinze jours de ma nouvelle vie, puis tout est parti en sucette.
En juin, j’apprends qu’il faut que je fasse une conisation, car il y a des cellules « pas superbes » sur le col. Bon ok, c’est embêtant, ça prend du temps, mais une conisation, c’est rien du tout. On enlève un petit bout de col, et après je suis tranquille.
Mais en fait non… Le cancer était bien caché, tout en dessous. Hystérectomie obligatoire le 12 septembre (jour de mes 35 ans). On me laisse mes ovaires car je suis jeune quand même, et le cancer a l’air très localisé.
Sauf que résultat de l’opération n’est pas bon du tout : très, très méchant cancer (oui, plus méchant que la normale). Et voilà, je passe sur le billard une deuxième fois pour enlever les ovaires, puis radiothérapie et curiethérapie.
Je ne vous raconte pas l’horreur pour notre nouvelle vie : mon mari s’est retrouvé seul à tout faire. J’ai beaucoup culpabilisé, il m’a énormément soutenue. Mes parents sont venus deux fois (pour la première opération et pour les traitements). Sans eux trois, je ne sais pas comment j’aurais pu traverser ça.
J’ai aussi eu la chance d’être entourée par une équipe médicale au top, qui place l’humain au centre de tout. Mon chirurgien a répondu à toutes mes questions les plus dingues. Il m’a reçue à chaque fois que j’en avais besoin.
J’ai fini mon traitement début janvier. Très dur… des effets secondaires encore aujourd’hui, j’ai le bide en vrac, je suis ménopausée, c’est la misère, mais voilà, ça aurait pu être bien pire.
Aujourd’hui, je rentre dans le protocole de surveillance. Je vois mon chirurgien et le radiothérapeute à tour de rôle, tous les 4 mois. Le plus dur à gérer, c’est la peur… pour moi qui ne me souciais pas de tout ça. J’ai un terrain génétique propice au cancer du sein, et avant cet épisode, je n’avais pas peur. Aujourd’hui, c’est juste l’horreur. Mon mari a mal à la tête ? Il a un cancer. Je tousse ? J’ai un cancer…
Alors mon projet ? Pour le moment, ce serait bien que j’arrive à me remettre, à prendre soin de moi pour pouvoir être disponible à 100 % pour mes clients.
Je veux donner du sens à tout cela…
Et ici, à La Réunion, il y a beaucoup de choses mises en place autour du cancer. Mais pas sur toute l’île… et ça c’est un problème. Alors pourquoi ne pas essayer de faire bouger les choses ?

Céline

Céline

Céline

Date de publication du témoignage :

RDV avec Céline (Champtoceaux) qui accompagne des personnes en traitement pour qu’elles bénéficient d’activités sportives adaptées.

Je ne suis pas directement touchée par la maladie et pourtant, elle fait partie de mon quotidien. Je suis chargée d’assistance pour des mutuelles et j’accompagne des femmes et des hommes atteints de cancer, et qui subissent des traitements de chimiothérapie et/ou radiothérapie.
Je suis aide médico-psychologique de formation et je me suis toujours occupée d’accompagner des personnes en situation de handicap, personnes âgées… et ce pendant 20 ans. Voyant les conditions de travail se dégrader, je ne voulais pas/plus cautionner la façon dont on me demandait de réaliser cet accompagnement. Qu’allais-je bien pouvoir faire ?
On m’a proposé un poste de chargée d’assistance, avec une spécificité du Sport Santé Bien-Être. Une évidence pour moi qui adore et pratique le sport et qui ai la chance d’avoir la santé pour. Je côtoie au téléphone, tous les jours, des personnes ayant besoin d’aide pour faire face au quotidien à une situation difficile : hospitalisation et/ou immobilisation, dans le cadre de traitement chimio ou radio thérapie.
Quand ces personnes ne souhaitent pas d’aide à domicile et sont convaincues que le sport va les aider à faire face aux effets secondaires des traitements, je les accompagne dans la mise en place de ce dispositif. Je fais un premier bilan avec elles pour connaitre leurs besoins et leurs attentes des coachs, puis un bilan plus approfondi leur est proposé, ainsi que des séances sportives. Dans la majorité des cas, les adhérents sont en demande de séances de relaxation, d’étirements mais aussi de renforcement musculaire. Les coachs peuvent accompagner également sur la marche, le footing… Ils s’adaptent aux envies.
C’est une aide précieuse pour les patients : pouvoir se réapproprier son corps d’une autre façon qu’un corps « malade », prendre soin de soi, se faire du bien moralement… Je suis touchée par le combat de ces femmes et de ces hommes, et admirative de leur force.
Je leur souhaite à toutes et tous beaucoup de courage même si je sais qu’ils (elles) l’ont…
Quand je rappelle ces personnes et qu’elles me témoignent le bienfait de ce dispositif, qu’elles me remercient, qu’elles m’annoncent avoir combattu cette maladie,… je ressens une telle satisfaction ! Une belle leçon de vie ! Ces personnes gardent une telle force, un grand courage…
Et là, je me dis que j’adore mon métier.
Je suis d’une nature plutôt dynamique et joyeuse, et j’aime la vie, mais je me dis encore plus que la vie est belle et qu’avant de me plaindre il faut relativiser, « il y a toujours plus grave »…
Prenez soin de vous toutes et tous.