Sidinayé

Sidinayé

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Sidinayé

Date de publication du témoignage :

RDV avec Sidinayé (Ouagadougou – Burkina Faso). Elle a créé une association pour briser le tabou du cancer en Afrique.

En 2008, je découvre une boule de la taille d’une bille dans mon sein droit : consultation chez la sage-femme, écho-mammaire puis chez un gynécologue pour examens approfondis. C’était un adénofibrome. « On peut enlever la boule ou juste surveiller et espérer que ça n’évolue pas vers un cancer », me dit le gynécologue. Entendre le mot cancer m’a tellement effrayée que j’ai préféré qu’on m’enlève la boule.

En 2013, même scénario mais cette fois le gynécologue me fait passer juste une écho-mammaire et enlève encore la boule. Il m’avait conseillé de faire un enfant, que ça éviterait peut-être les boules à répétions.

Un an après, en 2014, j’avais alors 27 ans, je remarque que le sein est devenu dur à un endroit. En plus de l’écho-mammaire, on me fait une biopsie. Ces deux ou trois semaines d’attente ont été les semaines les plus longues de ma vie. J’imaginais tous les scénarios, et j’avais perdu le sommeil. J’appelle mon gynécologue, qui me dit être en voyage, mais me demande d’ouvrir l’enveloppe et de lui lire le résultat. Je n’avais plus besoin qu’il m’explique, j’avais tout compris à l’instant même. Mastectomie et radiothérapie effectuées en Belgique (la radiothérapie n’existe pas encore dans mon pays le Burkina Faso), puis retour au pays pour la chimio et l’hormonothérapie. J’ai dû faire une pause après deux ans d’hormonothérapie pour avoir un bébé et je l’ai repris.

Le cancer reste un sujet tabou chez nous. Même si mes collègues murmuraient à mon sujet, je ne leur ai rien dit. On dramatise encore le sujet ici : c’est comme si on allait mourir dans les jours qui suivent l’annonce de la maladie. Mon patron me permettait de prendre deux jours de repos après chaque chimio.

Malheureusement je ne peux pas m’offrir une reconstruction, je porte ma prothèse et c’est tout. Même avec un sein, je reste femme, je reste belle.

Je me cachais de peur que les gens soupçonnent quelque chose et me posent des questions. Ça a été très dur de vivre tout ça moi qui suis de nature très ouverte et qui bouge beaucoup. Maintenant que j’en parle facilement, j’ai donc décidé de créer une association pour faire des séances gratuites de sensibilisation et de dépistage et surtout pour aider les patientes à mieux vivre à travers différentes activités.

Je veux offrir aux autres ce que je n’ai pas eu durant cette épreuve.

https://www.facebook.com/Association-zéro-cancer-féminin-105518004232575/

Nadège

Nadège

Photo de Nadège

Nadège

Date de publication du témoignage :

RDV avec Nadège (Haute Savoie). Après un cancer de l’estomac, elle a créé une association de groupes de paroles pour les malades et leur entourage.

J’ai été diagnostiquée à 33 ans, au début de mes congés d’été, là où on pense souffler enfin un peu. J’avais une douleur vers le bas de l’œsophage, de plus en plus forte depuis quelques temps. Verdict : tumeur du cardia, l’entrée de l’estomac. C’est le choc. Je ne fume pas, ne bois pas, suis sportive. Je n’ai pas d’antécédents. Je ne comprends pas.
Heureusement, je suis très entourée par ma famille et j’ai un petit garçon de 6 ans. Je me suis battue pour lui de toutes mes forces, et des forces il en a fallu…
J’ai eu de la chimiothérapie puis ablation de l’estomac. Le professeur qui m’a opérée m’a proposé de faire partie d’un protocole expérimental. J’ai accepté, ne connaissant pas l’issue, je me suis dit qu’au moins mon cas pourrait peut-être aider ceux qui suivront. Opération en octobre 2018, puis de nouveau cures de chimiothérapie. J’ai dû réapprendre à manger : cela a pris un an. J’ai perdu beaucoup de poids : je ne faisais plus que 38 kg pour 1m68. La plupart des gestes du quotidien étaient devenus très compliqués, voire impossibles. Puis il a fallu reprendre du poids, se remuscler entièrement, c’est un très long travail.

L’idée de vouloir aider ceux qui passeraient après moi m’a accompagnée pendant toute la maladie. Je me disais toujours que quand je serai sortie de là, je ferai quelque chose. J’ai donc créé une association baptisée « Les Maux en Scène ». Son but est de proposer des groupes de discussion pour les malades et leurs proches, afin qu’ils ne restent pas seuls.
Entrer dans le parcours de soin du cancer nécessite d’entrer en soi, presque à se renfermer pour aller puiser l’essentiel, trouver des ressources que l‘on ne soupçonnait pas et ressortir différent comme une deuxième naissance. Je pourrais comparer cela à la naissance d’un oiseau : on passe un long moment dans une coquille, on est là mais pas vraiment, on entend le bruit autour, on perçoit la lumière du jour à travers elle mais on est à l’intérieur, dans un état de grande fragilité. Le moindre choc et on n’est plus. Pourtant, on porte la vie, toute sa force et ses promesses. Puis vient le moment d’éclore : fin des traitements, on est comme ces oisillons déplumés qui peinent à ouvrir les yeux, trop faibles pour se redresser ou tenir sur ses jambes. Cela demande du temps. Il faut patienter, attendre que les plumes poussent, que les muscles se fassent, que l’on puisse marcher à nouveau. Prendre confiance, grandir encore. S’approprier ce nouveau corps.

Enfin déployer ses ailes, se préparer à voler.

Pour ma part je ne sais pas quel oiseau est sorti de cette coquille. Est-ce un rapace ? Une colombe ? Un ara ? Un moineau ?
Je sais juste qu’aujourd’hui je me prépare à m’élancer. Je pense au vent dans mes ailes, à tous ces paysages qui m’attendent et j’essaie d’apprendre à ne pas regarder le vide en dessous, car aucun oiseau n’a réussi à parcourir les cieux en se concentrant sur l’impact qui l’attend au sol s’il échoue.
Je ne suis plus la même ni physiquement ni mentalement : mes priorités ont changé, ma vision de la vie a changé. Je suis plus positive, je savoure tout, pour mon nouveau moi tout est désormais possible.

Actuellement j’ai en projet la réalisation d’une pièce de théâtre comique autour de la maladie, pour pouvoir en rire et permettre à ceux qui ont fait ce parcours de tourner en dérision des moments difficiles.

https://lesmauxenscene.wixsite.com/lesmauxenscene
https://www.facebook.com/LESMAUXENSCENE/

Virginie

Virginie

Virginie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Virginie (Locquirec- 29). Elle souhaite convaincre chacun et chacune de bien prendre soin de soi, même quand tout semble aller pour le mieux.

Pourquoi moi ? Une interrogation à laquelle je n’aurai jamais de réponse. On est jeune, on ne fume pas, on ne boit pas, on fait du sport avec une hygiène de vie irréprochable et il n’y a pas de cancer du sein dans la famille : pour moi, rien ne pouvait m’arriver vu l’énergie que je dégageais.
Mais en avril 2017, en me lavant, j’ai senti une boule dans mon sein droit et là, ma vie a basculé.

CANCER = MORT. Le ciel m’est tombé sur la tête. Je suis devenue sourde et anéantie par toutes ces mauvaises nouvelles, jusqu’à ce que mon médecin traitant me dise que je n’allais pas mourir. Alors là, CANCER = COMBAT.

Qui n’est pas touché aujourd’hui par cette maladie traître, sournoise, effrayante et destructrice : le CANCER ?
J’ai décidé de partager mes peurs, mes doutes, mes souffrances, mes résultats, par écrit, dans mon livre «Pourquoi moi ? », après 2 ans de combat. Mon livre a été une bonne thérapie.

Tout s’est enchaîné très vite : biopsie, interruption volontaire de grossesse, tumorectomie, pose d’une chambre implantable, 12 chimiothérapies avec casque réfrigéré, 18 injections d’anticorps, mastectomie, radiothérapie, hormonothérapie. Fin du traitement pour le cancer du sein en septembre 2018 ! Ça y est ! Même complètement épuisée, on se sent libérée ! On se dit que c’est enfin fini !

Scanner de contrôle et découverte d’un kyste sur l’ovaire gauche. Alors c’est reparti : biopsie de l’utérus, cœlioscopie, kystectomie (ablation du kyste), ovariectomie (ablation de l’ovaire gauche), salpingectomie totale bilatérale (ablation des trompes). Puis les contrôles réguliers et la mise en route de la reconstruction.

Mais découverte d’un kyste sur l’ovaire droit ! Eh oui ça continue ! Je suis toujours sous surveillance aujourd’hui.

Une chose importante, c’est le soutien que j’ai reçu et tous les messages d’espoir qui m’ont fait aller de l’avant, sans jamais baisser les bras.
Maintenant, la vie va reprendre une tournure normale et je vais me consacrer au repos, à ma remise en forme et à la reprise du travail. Je vais aussi faire de la prévention sur ce cancer du sein qui, chaque année, fait 12.000 morts. Et pour faire passer ce message, je compte sur vous, pour en parler autour de vous.

Je ne me suis jamais occupée de prendre soin de moi, sinon j’aurais surement pu éviter/atténuer la lourdeur des traitements. Je me suis longtemps demandée pourquoi il y avait encore des femmes qui mouraient du cancer du sein aujourd’hui, alors que, je cite (car combien de fois je l’ai entendu), « c’est un cancer qui se soigne bien ».
Mais j’ai compris car j’y ai été confrontée.

Nous sommes toutes différentes, avec des cellules et des gènes différents, d’où des cancers différents. À quelques mois près, je frôlais l’autre monde. Alors oui, le dépistage c’est important et primordial à partir de 50 ans. Et avant, ne faites pas comme moi, ne vous oubliez pas et surveillez-vous avec différents gestes importants à effectuer, pour ne pas être prise au dépourvu et ne pas subir toutes ces épreuves, pour ne pas laisser la maladie prendre les devants et gagner.

Prenez soin de vous.
Les années passent et je suis toujours là.
Je sais que nous ne sommes pas toutes sur le même pied d’égalité face à la maladie, mais pour ma part, aujourd’hui, la vie est belle.

👉 virginiepradat.wordpress.com
👉 https://www.facebook.com/virginie.pradat

Annie

Annie

Annie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Annie (Poyartin – 40). Le cancer a été pour elle « un voyage, un voyage en terre inconnue, qui m’a permis de découvrir mes ressources insoupçonnées et de transformer les peurs en une force de tous les instants ».

Quand j’ai appris la maladie, ça a été bref, soudain, et ma vie s’est doucement obscurcie. J’ai encaissé, une fois de plus. J’ai enfoui la douleur de l’annonce, la souffrance que mon corps m’offrait à force de faire des appels du pied, sans jamais vraiment les entendre.
Comment moi, modèle en hygiène de vie, je pouvais contracter un cancer colo rectal à mon âge, cancer « réservé aux hommes âgés » ? Comment moi, dans la prévention santé depuis toujours, sportive, dévouée aux autres, ai-je pu autant m’oublier?

C’était alors ne pas comprendre l’hyper stress que m’avait procuré la gestion de mon entreprise qui était tombée juste avant… Ne pas comprendre mon hypersensibilité qui s’amusait de mes émois.

J’allais m’offrir un magnifique cadeau pour mes 50 ans, un voyage sur les terres inconnues du cancer, de ses traitements, de ses réflexions, de ses peurs, de ses attentes (oh, oui, les minutes d’attente des résultats de contrôle semblent des heures!), des regards émus de mes proches, des mots fondants de mes enfants.
J’ai tourné tout cela dans ma tête à vitesse rapide, comme un 33 tours que l’on passe en mode 45 tours….De la vision de mes parents décédés de cette maladie aux sourires de mes enfants, récemment entrés dans leur vie d’adultes, je n’ai eu de cesse de me poser des questions sur l’après, sur le présent et sur le passé.

Dans le passé, je suis allée chercher un modèle de réussite sportive (oui! mes belles émotions d’équipe), comme je propose quand je coache. Je l’ai ensuite appliqué à la réussite de ma vie… Je devais me sauver pour offrir à ceux que j’aime profondément (à moi donc!) tout l’amour que j’avais encore à leur offrir. Alors exit les pseudo-questionnements et les hésitations, en deux jours, j’ai pris la décision de m’offrir le meilleur pour moi dans ce monde médical si froid, si méthodique, si enveloppant.

J’ai ragé contre mon obsession à une hygiène de vie drastique, que je menais par conviction personnelle et professionnelle, celle-ci ne pouvant pas me protéger de la survenue d’un cancer colo rectal. Et pourtant, elle m’a permis d’obtenir une rémission rapide, confortable et de gérer aux mieux les effets secondaires des traitements, des chirurgies et encore maintenant et sûrement pendant de longues années encore. J’ai retrouvé mes ressources profondes, mes ressources de courage et de ténacité, ces valeurs ancrées qui m’animent et qui sont chevillées à mon corps et mon cœur!

Et le travail dans tout cela? Je me suis retrouvée demandeuse d’emploi, j’ai recréé, doucement, à mon rythme. J’ai alors terminé une certification de coaching que je voulais entreprendre depuis longtemps. Je ne lésine plus sur mes envies profondes, je fais…! Le temps et les qualités relationnelles sont précieuses.
Et tout naturellement, je me dirige vers la prévention santé des entrepreneurs, des dirigeants d’entreprise, des libéraux, des free-lance, des commerçants, des artisans… qui créent leur activité professionnelle et qui parfois négligent leur santé. Je les invite au développement personnel, à la régulation émotionnelle et à la communication positive…, pour une juste écologie de soi ou une écologie de soi juste!

Parce que ça n’arrive pas qu’aux autres….
Et j’ai écrit et publié aux éditions de l’Auguste « Mon chemin en terre inconnue-ma pause cancer », un livre-thérapie qui relate ce moment de vie si particulier, un livre-témoignage pour partager ma façon d’aborder le cancer, le cancer-facteur, porteur d’un message dans nos vies trépidantes; un livre-voyage qui pénètre dans mon intimité de femme.

👉 https://www.facebook.com/Annie.Roques
👉https://www.facebook.com/Mon-chemin-en-terre-inconnue-ma-pause-cancer-105400230941979/?modal=admin_todo_tour
👉 www.annieroques.fr

Latifa

Latifa

Latifa

Date de publication du témoignage :

RDV avec Latifa (Casablanca – Maroc). Elle a créé une association dédiée aux malades et suis actuellement le DU de patiente experte référente en Cancérologie.

J’ai été diagnostiquée d’un cancer du sein triple négatif, infiltrant, invasif, fin 2013, suite à une simple mammographie de dépistage. L’annonce est arrivée comme un tsunami dans ma vie, car mes projets étaient autres que passer du temps dans une clinique !

La bataille a démarré par une chirurgie, suivie de chimiothérapie et enfin de radiothérapie. Au bout de 9 mois, je livrais « Le colis » et m’installais doucement sur le terrain de la rémission.
Dans les salles d’attente, j’avais remarqué que beaucoup de femmes déprimaient, pensaient qu’elles allaient mourir bientôt car le cancer leur faisait très peur. En fait cette peur venait souvent d’un manque d’informations, d’accompagnement et surtout d’encouragements.

L’idée de créer une association qui jouerait justement ce rôle, de « véhiculer un message d’espoir », accompagner les guerrières pendant les traitements, trottait dans ma tête. Suite à des rencontres avec d’autres femmes atteintes et des amis médecins, notre association a vu le jour. Notre bébé est venu au monde et s’appelle « Les amis du ruban rose ». L’association grandit vite, très vite, et est connue aussi bien par les soignants que par les soignés.

Mon expérience ne me suffisait pas, alors j’ai décidé de m’inscrire à l’Université des patients (Sorbonne Université) pour obtenir un DU afin de devenir patiente experte référente en cancérologie et avoir une légitimité au Maroc. Depuis la rentrée des classes, je vis de magnifiques moments. J’apprends, j’analyse et écoute ce qui se fait en France et souhaite que certaines choses se fassent aussi dans mon pays, car la priorité pour une marocaine qui vient d’apprendre qu’elle a un cancer du sein est surtout de « se soigner ».

J’espère qu’un jour nous aurons dépassé le cap de la santé gratuite pour tous afin que l’on puisse prendre en charge le côté psychologique.

👉 https://www.facebook.com/Les-amis-du-ruban-rose-742591749205181/