Photo de Sidiyane

Sidinayé

Date de publication du témoignage :

16 Juin. 2020

RDV avec Sidinayé (Ouagadougou – Burkina Faso). Elle a créé une association pour briser le tabou du cancer en Afrique.

En 2008, je découvre une boule de la taille d’une bille dans mon sein droit : consultation chez la sage-femme, écho-mammaire puis chez un gynécologue pour examens approfondis. C’était un adénofibrome. « On peut enlever la boule ou juste surveiller et espérer que ça n’évolue pas vers un cancer », me dit le gynécologue. Entendre le mot cancer m’a tellement effrayée que j’ai préféré qu’on m’enlève la boule.

En 2013, même scénario mais cette fois le gynécologue me fait passer juste une écho-mammaire et enlève encore la boule. Il m’avait conseillé de faire un enfant, que ça éviterait peut-être les boules à répétions.

Un an après, en 2014, j’avais alors 27 ans, je remarque que le sein est devenu dur à un endroit. En plus de l’écho-mammaire, on me fait une biopsie. Ces deux ou trois semaines d’attente ont été les semaines les plus longues de ma vie. J’imaginais tous les scénarios, et j’avais perdu le sommeil. J’appelle mon gynécologue, qui me dit être en voyage, mais me demande d’ouvrir l’enveloppe et de lui lire le résultat. Je n’avais plus besoin qu’il m’explique, j’avais tout compris à l’instant même. Mastectomie et radiothérapie effectuées en Belgique (la radiothérapie n’existe pas encore dans mon pays le Burkina Faso), puis retour au pays pour la chimio et l’hormonothérapie. J’ai dû faire une pause après deux ans d’hormonothérapie pour avoir un bébé et je l’ai repris.

Le cancer reste un sujet tabou chez nous. Même si mes collègues murmuraient à mon sujet, je ne leur ai rien dit. On dramatise encore le sujet ici : c’est comme si on allait mourir dans les jours qui suivent l’annonce de la maladie. Mon patron me permettait de prendre deux jours de repos après chaque chimio.

Malheureusement je ne peux pas m’offrir une reconstruction, je porte ma prothèse et c’est tout. Même avec un sein, je reste femme, je reste belle.

Je me cachais de peur que les gens soupçonnent quelque chose et me posent des questions. Ça a été très dur de vivre tout ça moi qui suis de nature très ouverte et qui bouge beaucoup. Maintenant que j’en parle facilement, j’ai donc décidé de créer une association pour faire des séances gratuites de sensibilisation et de dépistage et surtout pour aider les patientes à mieux vivre à travers différentes activités.

Je veux offrir aux autres ce que je n’ai pas eu durant cette épreuve.

https://www.facebook.com/Association-zéro-cancer-féminin-105518004232575/