Alexandra

Alexandra

Alexandra

Date de publication du témoignage :

RDV avec Alexandra (région Lyonnaise). Son cancer de l’utérus lui a appris « qu’il faut aimer la vie et l’aimer même si le temps est assassin… ».

Il y a un an, jour pour jour, j’attendais dans une salle d’attente, assise sous une affiche prémonitoire invitant les femmes à se faire vacciner pour se prémunir d’un possible cancer du col de l’utérus. Puis un gynécologue m’annonçait que j’avais un carcinome épidermoïde… « À tes souhaits ! ».
Je l’entendrais me déblatérer des termes incompréhensibles, tout en cherchant sur mon téléphone ce que signifiait « carcinome épidermoïde ». Je l’entendrais me dire que j’ai déjà un enfant alors…, mais je ne l’entendrais pas me dire que c’est un cancer… je ne l’entendrais pas me rassurer… je ne l’entendrais pas chercher à savoir comment j’allais faire les trente kilomètres seule en voiture après avoir entendu ce diagnostic… et puis je l’entendrais me dire qu’ils sont très compétents à Léon Bérard… s’il y avait eu un doute, il n’y en avait plus.
Ce vendredi soir de février 2018, j’apprenais qu’une bombe à retardement avait élu domicile dans mon utérus. J’allais également apprendre qu’à défaut de ne s’attaquer qu’à moi, elle était prête à péter à la « gueule » de tous ceux qui m’entourent ! Pendant un mois, ça a été la course aux examens : IRM, petscan, et autres réjouissances parfois très douloureuses… avec des équipes souvent à l’écoute, parfois insensibles. Et puis le soulagement quand on apprend que ça n’est pas étendu : une petite masse de 3 cm mais qui n’a pas encore envahi le reste. Après avoir été effondrée d’apprendre le cancer, me (nous) voilà rassurée de savoir qu’il n’a pas posé ses valises de partout. Parce que finalement, on se rassure toujours en trouvant pire ailleurs, parce qu’en effet, il y a pire dans la vie.
Avec chance, une hystérectomie élargie suffira à virer ce crabe. Pas de chimio, de radio, d’hormono… mais pourtant cette peur qui colle à la peau. Cette peur pour soi, mais surtout pour les autres et pour mon petit chou qui venait de fêter ses deux ans. Les adultes se débrouilleraient, mais lui comment ferait-il pour vivre sans sa mère ? Alors on se bat et la seule voie possible devient celle de la guérison. Et de tous bords se déploient des élans d’amour, de soutien. Par des mots, des gestes, des silences, des absences… j’ai vu dans leurs yeux la douleur, la peur, le sentiment d’impuissance mais surtout l’amour.
Alors je remercie ceux qui étaient là, ceux qui n’ont pas pu l’être, ceux qui pouvaient en rire et ceux qui en pleuraient, ceux qui m’ont soutenu et ceux qui n’ont pu le dire. Je remercie mon chéri pour son indéfectible soutien et ma mère pour tout (puisqu’elle a littéralement tout fait) et puis les autres, et les chirurgiens, médecins, infirmières… Léon Bérard… pour cette prise en charge rapide et efficace avec la sensation de ne pas être qu’un numéro mais un patient à qui on laisse le choix, à qui on explique les divers protocoles possibles, à qui on assure un suivi remarquable et à qui, accessoirement, on sauve la vie.
Aujourd’hui, un an après, des contrôles tous les quatre mois viennent me rappeler (même si finalement j’y pense chaque jour) que ce foutu cancer peut venir, repartir, rester, dormir mais ne se fait jamais oublier ! Puisqu’on parle de rémission et non de guérison pendant au moins cinq ans. Parce que, quand on a cohabité avec la mort, on sait qu’elle peut surgir à n’importe quel moment.
Ne vous dites jamais que vous n’êtes pas concerné(e), faites des examens réguliers, et comme le disait l’autre « n’oubliez pas qu’il faut aimer la vie et l’aimer même si le temps est assassin… »

Bérangère

Bérangère

Bérangère

Date de publication du témoignage :

RDV avec Bérangère (près de Metz, Lorraine), touchée par un cancer du côlon, elle trouve que la vie est belle malgré tout !

J’ai 38 ans et une fille de 13 ans.
On m’a décelé à 29 ans un adénocarcinome colique stade 4 en 2010… Pour faire plus simple un cancer du côlon stade 4.
Lorsque l’on m’a annoncé ma maladie j’étais jeune insouciante et je ne connaissais rien à tout ça… Biopsie, scanner, irm, chimio, cancer….. Le mot était lancé….
Ma fille avait alors 3 ans et demi….
Dans la foulée j’ai été opérée pour me retirer une partie du colon puis les chimios ont commencé….. Bizarrement je le vivais bien… Puis beaucoup de récidives (poumons, ovaires, reste du colon péritoine…) ont fait de cette étape de ma vie….. ma nouvelle vie.
J’ai été énormément entourée par ma famille et le seul fait de savoir que ma fille est si jeune m’a permis de me battre plus fort et toujours plus loin. Ça n’est pas facile mais son seul sourire m’a toujours suffi.
Je suis actuellement toujours en traitement et je me bats chaque jour pour voir ma fille devenir adulte.
Pour conclure la vie est belle et l’essentiel reste l’amour, la joie, l’écoute, et surtout toujours aller chercher au fond de nous-même, les ressources nécessaires pour aller plus loin.

https://www.facebook.com/Cancer-Du-Colon-Mon-Combat-1985177328468415/

Sylvie

Sylvie

Sylvie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Sylvie (Poitiers). En rémission depuis deux ans, elle positive et s’est lancée dans la création de bijoux.

Fin octobre 2016, lorsque j’enlevais mon soutien-gorge, je sentais comme un coup d’aiguille dans mon sein droit. J’ai pensé que c’était peut-être la couture. Le lendemain, idem. Là, j’ai pensé « bah voilà ma cocotte, tu vas avoir 50 ans, ça commence à te travailler ». Mais les jours qui ont suivi c’était pareil… J’ai ensuite appris que mon frère avait un cancer colorectal, et je me suis dit : « Mon frère à un cancer, il faut que je palpe mon sein c’est peut-être une grosseur ». Bingo !
Le médecin m’a dit qu’il sentait bien aussi quelque chose, qu’il ne fallait pas s’inquiéter mais qu’une mammo était nécessaire. La radiologue m’a fait passer mammo puis écho et a confirmé qu’elle voyait 2 tumeurs et qu’il fallait faire des biopsies. On me découvre alors des calcifications.
Résultat 3 semaines plus tard, accompagnée de mon mari : « Nous vous confirmons que vous avez un cancer HER2+ et il faudra peut-être faire une mastectomie. Il faut aussi que vous reveniez faire des biopsies des calcifications ».
Résultats 3 semaines plus tard chez le chirurgien. : je dois passer un TEPSCAN pour vérifier si je n’ai pas de tumeurs ailleurs car mon cancer est invasif, et les calcifications sont cancéreuses. Il va m’opérer mais fera son possible pour sauver mon sein. Il m’annonce de la chimio. Un petit cri m’échappe lorsque j’enlève mon soutien-gorge pour l’auscultation : il presse alors mon mamelon et du liquide sort. Il pense que c’est la maladie de Pagette donc biopsie. Les larmes coulent sur ma joue…
Résultat 3 semaines plus tard : Maladie de Pagette. Je passe mon TEPSCAN et vu les semaines qui se sont écoulées, avec cette descente aux enfers, je suis pétrifiée. Il faut encore attendre une semaine pour les résultats… Ouf il n’y a rien ailleurs.
Au cours de mon opération, le chirurgien analyse la glande sentinelle : elle est métastasée. Il m’annonce donc de la radiothérapie en plus de la chimio.
Il y a des gens qui disent avoir vécu l’annonce du cancer comme un tsunami. Moi non. Je dirai plutôt que je me sentais spectatrice de ce qui m’arrivait. Je me voyais descendre aux enfers étage après étage, sans savoir où ça allait s’arrêter, jusqu’à me demander si on ne me conduisait pas à la mort, en me faisant cuire à feu doux. Je me consumais.
Deux ans plus tard, je suis une Amazone, fatiguée, avec un bras droit qui n’est pas au top. J’ai perdu mon frère. Je suis une Amazone heureuse d’avoir un mari hors du commun, des enfants merveilleux. Je suis une Amazone plus forte que jamais, qui maintenant pense à elle avant de penser aux autres.
Ce cancer m’a ouvert les yeux sur la beauté de la vie. Je tourne le négatif en positif. Je suis chez moi, tranquille, au calme, sans stress. Mon mari m’a fait un atelier où je réalise ma passion : la création de bijoux. Je ne peux en faire qu’une heure par jour mais c’est mieux que rien. Alors là aussi je positive : ça me laisse du temps pour me promener, pour me reposer. De toute façon, je ne pourrai plus reprendre le travail, là aussi il faut que je fasse mon deuil…
Je ne suis pas guérie et je ne le serai jamais. En rémission à vie. Il ne tient qu’à moi d’être heureuse. J’aime la vie. Le positif attire positif, alors je m’y attelle. Et lorsque j’ai des coups de mou, je me booste !

https://www.facebook.com/Cr%C3%A9-Art-shop-1360848890719056/

Marion

Marion

Marion

Date de publication du témoignage :

RDV avec Marion (Bordeaux), qui a fait de son combat un magnifique poème.

J’ai 34 ans, je vis en couple avec une fille de 2 ans et demi. On a tous des dates marquantes dans notre vie, dont on se souviendra à jamais, pour de bonnes ou mauvaises raisons mais surtout parce qu’elles auront marqué un changement important dans notre vie. La mienne, c’est le 16 février 2018. L’échéance approche, dans quelques jours…
Faut-il me replonger dans cette annonce ? « C’est bien ce que je craignais, vous avez un cancer du sein… » Jamais je ne pourrais oublier les mots du médecin qui m’a fait la biopsie quelques jours plus tôt, j’apprends la nouvelle par téléphone dans les toilettes de mon boulot pour être au calme. Ce coup de fil qu’on attendait tant avec ma famille et mes collègues.
A 33 ans, ma vie se met en version « pause », pause boulot, pause famille, pause santé surtout… Et là, c’est le tourbillon des rdv, des examens médicaux, du planning chargé où on est passé au crible pour tout, ponction des ovocytes, eh oui parce qu’on est « encore » jeune, pose de la chambre implantable et c’est parti, me voilà équipée pour aller au combat.
16 chimios parce que le protocole est ainsi, le cancer est agressif, triple négatif et qu’il progresse vite donc on l’attaque de suite. La fatigue, les virus, la toux, les kilos et les cheveux en moins… Tous ces effets que l’on range dans la catégorie « indésirables » ils sont bien là, chez moi, en moi. Les semaines s’enchaînent et je gagne, face à lui, face à elles, ces deux tumeurs qui m’auront imposé cette parenthèse. Mastectomie totale puis 28 rayons, le carré rouge s’en va peu à peu.
Maintenant la vie reprend son court, avec un nouveau moi, de nouveaux projets, une envie de vivre les choses différemment. Un couple et une petite fille plus forts, qui ont joué pour beaucoup dans cette bataille même si ça a été dur et triste parfois, heureusement, les gens qui restent à nos côtés ne le sont pas par hasard… Forcément, on change, mais on sait qu’on est armé à jamais pour affronter les difficultés de la vie, comme un guerrier. L’écriture aidant, j’ai mis sur papier ce qui me trottait dans la tête pendant ces quelques mois de traitement avec l’aide d’un ami et « Triple négatif » est né. On se découvre des talents cachés, des vocations. Le côté positif de la maladie, c’est qu’elle fait ressortir ce que nous avons de plus beau, de plus fort en nous !

👉 Poème « Triple négatif » dans le 1er commentaire !

Regine

Regine

Regine

Date de publication du témoignage :

RDV avec Régine (Bordeaux), survivante de trois cancers. Forte de ces épreuves, son leitmotiv est « Carpe Diem » et elle aime plus que tout la vie !

Ma vie ces dix dernières n’a pas été un long fleuve tranquille…
Au début de l’année 2009 et après des mois de souffrance et autant d’errance médicale, je ressens une douleur insupportable dans le côté droit. Je vois enfin un médecin qui me prescrit une échographie pelvienne. Un premier bilan arrive : une énorme masse au niveau des ovaires. J’apprends que j’ai eu une torsion à un ovaire ! On me programme en urgence une hystérectomie totale avec annexectomie par voie haute, retrait de l’épiploon, grattage des adhérences…. J’ai appris beaucoup de mots… et je n’avais pas fini d’apprendre…
Le 12 mars 2009, mon chirurgien m’apprend que j’ai un cancer de stade 3, grade 3, avec des métastases sur le péritoine. Il n’est ni bon ni mauvais dans cette annonce, très technique surtout, avec des petits schémas explicatifs…. un aperçu du traitement, et surtout un rendez-vous avec l’oncologue. Je vais pleurer, commencer par refuser ce diagnostic, l’idée des chimios… et 10 jours après, je rencontre celle qui allait devenir au fil des années un personnage incontournable de ma vie de malade.
Protocole : 18 séances de chimiothérapie, 6 mois de traitement. Pose de la chambre implantable, première chimio, je n’échappe pas aux nausées, aux mucites si douloureuses, à cette fatigue extrême, la sensation de ne plus être maître à bord de son propre corps. Baisse des globules blancs, des globules rouges, des plaquettes, perte des cheveux, c’est un des effets le plus difficile à accepter… Mes filles m’ont acheté de beaux foulards, une amie d’enfance m’a offert une perruque, quel beau geste !
Je n’échappe pas non plus à l’EPO, aux granocites…. Enfin, un jour, fin des chimios… un rayon de lumière dans ce tunnel. Mais il y a un mais… je dois subir une nouvelle intervention chirurgicale, une opération lourde qui consiste en l’ablation des ganglions lombo aortiques, pelviens, un petit nettoyage du péritoine, des prélèvements. J’ai souffert mais les résultats sont bons… plus de trace de cellules cancéreuses…. Yessssssssssss !!!
 Début 2010, je vais commencer les suivis : scanners, examens cliniques, marqueurs : peurs, angoisses…. En 2011, je fais une prise de sang pour une recherche génétique que BRCA 1 et 2, un cancer des ovaires à 49 ans, c’est pas normal ! Les tests sont négatifs…. donc, dixit mon onco -généticienne, « je n’ai pas plus de chance de développer un cancer du sein qu’une autre femme dans la rue »…
Oui mais rien n’est simple avec moi car en 2013, au cours d’un examen de dépistage, mammographie et échographie, on voit dès microcalcifications au sein droit. Mon sein gauche est classé ACR 2… donc il est censé aller bien.
J’ai droit à une biopsie, résultat : cancer in situ de haut grade au sein droit. Le médecin radiologue qui me suit depuis des années, au vu de mon passé ovarien, me prescrit une IRM… Je passe cet examen…. et bingo (selon le terme du radiologue examinateur) : une boule suspecte qui se révèle être un cancer triple négatif de stade 1, de haut grade.
J’ai droit à une double mastectomie sans reconstruction immédiate… Je n’ai pas pleuré mes seins, trop contente de m’en débarrasser, retrait des ganglions des deux bras, aucun touché…
Ensuite s’en suivent re-oncologue, re-chimiothérapie… re-perte de cheveux, re-effets secondaires violents et détestables, re-pleurs….
A la fin de tout cela, mon oncologue m’annonce ma rémission. Depuis mi 2014, je suis en rémission complète de ces trois cancers !!!
J’ai refait les tests génétiques, toujours négatifs… Gène non identifié à ce jour… Et oui !!!! On a retiré ma chambre implantable. Quel soulagement ! J’ai fait une reconstruction mammaire en 2016…
Affaire à suivre. Le sort s’acharnerait-il ?? Mais non, j’aime la vie malgré ses coups vaches, j’aime mes filles, mes petits-enfants, mon mari qui m’a accompagnée durant ces moments si difficiles. J’aime apporter mon aide aux femmes qui sont aussi confrontées à ces épreuves. Je fais partie d’associations, j’accompagne autant que je peux !
J’aime le soleil, la mer, écouter les oiseaux… et les gens.
CARPE DIEM