Alexandra

Date de publication du témoignage :

19 Mar. 2019

RDV avec Alexandra (région Lyonnaise). Son cancer de l’utérus lui a appris « qu’il faut aimer la vie et l’aimer même si le temps est assassin… ».

Il y a un an, jour pour jour, j’attendais dans une salle d’attente, assise sous une affiche prémonitoire invitant les femmes à se faire vacciner pour se prémunir d’un possible cancer du col de l’utérus. Puis un gynécologue m’annonçait que j’avais un carcinome épidermoïde… « À tes souhaits ! ».
Je l’entendrais me déblatérer des termes incompréhensibles, tout en cherchant sur mon téléphone ce que signifiait « carcinome épidermoïde ». Je l’entendrais me dire que j’ai déjà un enfant alors…, mais je ne l’entendrais pas me dire que c’est un cancer… je ne l’entendrais pas me rassurer… je ne l’entendrais pas chercher à savoir comment j’allais faire les trente kilomètres seule en voiture après avoir entendu ce diagnostic… et puis je l’entendrais me dire qu’ils sont très compétents à Léon Bérard… s’il y avait eu un doute, il n’y en avait plus.
Ce vendredi soir de février 2018, j’apprenais qu’une bombe à retardement avait élu domicile dans mon utérus. J’allais également apprendre qu’à défaut de ne s’attaquer qu’à moi, elle était prête à péter à la « gueule » de tous ceux qui m’entourent ! Pendant un mois, ça a été la course aux examens : IRM, petscan, et autres réjouissances parfois très douloureuses… avec des équipes souvent à l’écoute, parfois insensibles. Et puis le soulagement quand on apprend que ça n’est pas étendu : une petite masse de 3 cm mais qui n’a pas encore envahi le reste. Après avoir été effondrée d’apprendre le cancer, me (nous) voilà rassurée de savoir qu’il n’a pas posé ses valises de partout. Parce que finalement, on se rassure toujours en trouvant pire ailleurs, parce qu’en effet, il y a pire dans la vie.
Avec chance, une hystérectomie élargie suffira à virer ce crabe. Pas de chimio, de radio, d’hormono… mais pourtant cette peur qui colle à la peau. Cette peur pour soi, mais surtout pour les autres et pour mon petit chou qui venait de fêter ses deux ans. Les adultes se débrouilleraient, mais lui comment ferait-il pour vivre sans sa mère ? Alors on se bat et la seule voie possible devient celle de la guérison. Et de tous bords se déploient des élans d’amour, de soutien. Par des mots, des gestes, des silences, des absences… j’ai vu dans leurs yeux la douleur, la peur, le sentiment d’impuissance mais surtout l’amour.
Alors je remercie ceux qui étaient là, ceux qui n’ont pas pu l’être, ceux qui pouvaient en rire et ceux qui en pleuraient, ceux qui m’ont soutenu et ceux qui n’ont pu le dire. Je remercie mon chéri pour son indéfectible soutien et ma mère pour tout (puisqu’elle a littéralement tout fait) et puis les autres, et les chirurgiens, médecins, infirmières… Léon Bérard… pour cette prise en charge rapide et efficace avec la sensation de ne pas être qu’un numéro mais un patient à qui on laisse le choix, à qui on explique les divers protocoles possibles, à qui on assure un suivi remarquable et à qui, accessoirement, on sauve la vie.
Aujourd’hui, un an après, des contrôles tous les quatre mois viennent me rappeler (même si finalement j’y pense chaque jour) que ce foutu cancer peut venir, repartir, rester, dormir mais ne se fait jamais oublier ! Puisqu’on parle de rémission et non de guérison pendant au moins cinq ans. Parce que, quand on a cohabité avec la mort, on sait qu’elle peut surgir à n’importe quel moment.
Ne vous dites jamais que vous n’êtes pas concerné(e), faites des examens réguliers, et comme le disait l’autre « n’oubliez pas qu’il faut aimer la vie et l’aimer même si le temps est assassin… »