Audrey

Date de publication du témoignage :

12 Mar. 2019

RDV avec Audrey (Nord de Paris). Aidante, elle accompagne et soutient à 1000% son père dans son combat contre la maladie.

J’ai 37 ans et je suis ce que l’on nomme une « accompagnante-aidante ». Mon histoire a commencé le 6 juillet 2017, lorsque les résultats des examens se mon père sont arrivés. Quelques céphalées, vite devenues insupportables : mon père passe un scanner et consulte un ORL. Après analyse d’un prélèvement, le verdict tombe : « adénocarcinome de l’éthmoïde – Stade 4 N0 M0 », un cancer très rare qui touche environ 200 personnes en France chaque année.
À ce moment précis, viennent la stupeur, la colère, l’angoisse et… on pense à la mort.
Ensuite, tout s’est enchaîné très vite et ma vie a pris une autre direction. Elle avance au rythme des examens, des rendez-vous médicaux etc… Inconsciemment, j’ai dit au revoir à mon entreprise, mon père étant devenu ma priorité. Je deviens son pilier, ma mère n’étant pas assez forte psychologiquement au départ.
Je veille sur lui, je le soutiens, je le rassure mais chaque jour, j’y laisse une partie de moi. J’endosse le rôle à 1000 % car celui-ci est nécessaire, demande une présence, une stabilité à toute épreuve, mais est pourtant si peu connu, ou reconnu. Et je sais que ma sœur, ma mère et moi resterons abîmées par cette épreuve.
C’est une évidence, ma vie a changé, et je le dois à mon père. Impossible de le laisser seul et ce choix s’est fait sans aucune hésitation. Une des plus belles décisions de ma vie. J’ai tellement appris sur mon père, le courage, la résilience, la notion de présence, d’absence, sur moi-même mais aussi sur l’isolement dû à ce statut. Quant à moi, j’en ressors plus forte mais aussi abîmée avec beaucoup de questionnements : « Suis-je bien à la hauteur ? Que pourrais-je faire pour lui ? Que ressent-il ? Ai-je fait le maximum ? »
Mon père lutte, mais il reste lucide. Après une chimio adjuvante, une exérèse, une chimio-radiothérapie, rien n’y fait : ce « crabe » est toujours là. Douze mois plus tard, il va le priver de sa vue. Une fois de plus ma vie bascule. Il faut désormais le guider à chaque pas, sans qu’il ne se sente un fardeau.
J’ai accueilli la douleur « des mots et des maux », car oui il ne faut pas se mentir, les résultats, les examens, le parcours chimio-radio, les opérations, le changement physique-moral, les humeurs, etc…, laissent des traces, même si ce n’est pas toi le concerné !
Aujourd’hui, mon père se bat mais les traitements n’ont aucun effet sur sa tumeur. Son plus grand regret est de ne pas voir son petit-fils grandir.
Ce crabe étant toujours présent, je continue à accompagner mon père dans son parcours. Cependant, j’ai décidé de reprendre ma passion, qui consiste à accompagner les personnes dans leur développement personnel (que celles-ci soient malades ou non) et je me suis formée également aux soins énergétiques, car les mots deviennent souvent des maux.
Quoi de mieux que de redonner un sens à sa vie ? Quoi de plus beau que de redonner un sourire ?
J’ai recentré ma vie sur d’autres valeurs plus profondes, plus aimantes, et sur la vie tout simplement.
Je dédicace ce texte à mon père, à ma sœur, à ma mère, ainsi qu’à l’ensemble des aidants.

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