Audrey

Audrey

Audrey

Date de publication du témoignage :

RDV avec Audrey (entre la France et Singapour). Elle nous raconte l’année qu’elle vient de passer aux côté de son mari, touché par un cancer du rein.

Il a passé une échographie il y a un mois : présence d’un nodule sur le rein droit. Il a compris 3 mm. Il n’a pas entendu, il est préoccupé par son souci de bien faire son job, d’avoir la reconnaissance de ses pairs…
Nous sommes 5 à la maison : 3 enfants de 11, 10 et 5 ans. Je mets trop de temps à me plonger dans le bilan de son échographie, et puis, je lis le compte-rendu : nodule, rein droit, 3,5 cm ! Je tape « nodule rein » sur internet et le premier mot qui sort, c’est CANCER.
Je l’alerte et lui dis que l’échographe a conseillé de passer un scanner en urgence. Il me demande de prendre rendez-vous pour lui car il n’a pas, ne prend pas une seconde pour lui. J’arrive à lui trouver un rendez-vous sous trois semaines. Je l’attends dans la salle d’attente, je suis détendue, sûre que tout ira bien. Il y a dans sa famille une pathologie d’insuffisance rénale mais nous l’avons vu ce néphrologue de renom à Necker il y a dix ans : il nous a dit qu’il n’y avait quasi aucun risque pour lui, donc je suis sereine. Lui aussi est ultra détendu. Ça doit être un kyste donc rien de méchant. La recette du déni !
Il sort, il est livide : c’est une tumeur cancéreuse. J’aurais voulu disparaître, remonter le temps, refaire l’histoire, redistribuer les cartes, hurler… Comme je ne peux rien de tout ça, je me lance dans l’action, encore et encore… Il est de son côté apathique, sous le choc. Moi, je vais enfoncer toutes les portes fermées, courir partout, me battre pour lui le temps qu’il trouve la force d’affronter, de se battre pour vivre, survivre, endurer l’épreuve, la douleur,…
Action 1 —On voit le Généraliste-Urologue de notre petite ville qui confirme le diagnostic : carcinome rénal à cellules claires à 99 %…. « Vous n’avez que 42 ans, on doit agir vite : je vous opère dans 15 jours ».
Alors, 2 possibilités : mourir d’un cancer du rein ou d’une insuffisance rénale… son cœur balance !!
Action 2 — Aller à Paris : on veut voir le meilleur, l’urologue qui fait ce que personne d’autre ne fait. Je vais y arriver à l’avoir ce rendez-vous… Mais barrages à tous les niveaux, car il est demandé par des patients du monde entier. J’insiste, persiste car je me bats pour lui maintenant, pas après : maintenant. La date est enfin fixée pour une néphrectomie partielle avec robot assisté.
Action 3 —Je ne peux pas être avec lui tout au long de son hospitalisation. Je trouve une solution pour au moins être là la veille, le jour J et à J+1. Il a très peur, j’ai très peur. Il est fort… plus que moi… il me dit que tout ira bien, qu’il va se battre, qu’il va gagner.
Jour J —Il part au bloc très tôt. J’attends qu’il remonte. Le chirurgien a parlé de 3 heures d’opération. Je regarde ma montre, je ne fais que ça. Trois heures se sont écoulées, puis quatre, puis cinq… Je suis en mode panique +++… Je fais les cent pas, puis enfin, il remonte.
4 heures après l’opération, on est en pleine coupe du monde. Il y a Uruguay/Iran. Il est au taquet, ses origines sont à l’honneur. Je ne sais pas ce qu’ils lui ont donné mais il est au top.
J+1 —il souffre beaucoup, le dopage d’hier a disparu. Je suis obligée de retourner auprès de nos enfants, obligée de le laisser se battre tout seul, souffrir tout seul, de refermer la porte de sa chambre. Je pleure…
J+10 —Il sort enfin de l’hôpital, puis est enfin autorisé à rentrer à la maison. Je suis venue avec les enfants le chercher en train. Plus rien ne sera jamais comme avant. Tout a changé : lui, moi, nous, les enfants aussi.
Les résultats tombent : carcinome rénal à cellules claires — Stade 1 Grade 2… L’urologue est confiant. Dans l’absolu, qu’est-ce que ça veut dire ? Tout et rien.
J+ 1 mois —Il a retrouvé des forces. Son employeur ne lui a laissé que 15 jours de convalescence depuis son retour à la maison. J’ai envie de hurler, lui aussi.
Action 4 —Il chamboule tout. Il ne peut pas rester travailler pour ceux qui ont eu l’audace et la cruauté de l’appeler sur son lit d’hôpital pour lui parler boulot, exiger qu’ils reviennent 15 jours après son retour…
Action 5 – J+ 2 mois. Il se met en recherche d’emploi, il postule, passe des entretiens. D’où sort-il cette force, ce courage ? Ça fonctionne : il gagne son ticket pour s’envoler vers du nouveau, loin, très loin….. Retour en Asie, zone géographique chère à son cœur…. Un besoin d’être en accord avec lui-même, besoin d’être là où il a envie d’être maintenant et pas plus tard, penser à s’installer à son compte, ne garder que les gens aimants et qui ont du cœur, des valeurs et s’éloigner du toxique, des voleurs d’émotions, des violeurs de vie.
C’est son histoire, vue de mes yeux, de mes yeux rouges d’avoir trop pleuré, d’avoir peu dormi, et de toujours peu dormir.
Il est dur avec moi souvent, je suis peut-être trop là, trop présente. Je me le dis souvent. Je sais que la peur, le sentiment d’injustice, l’angoisse à chaque rendez-vous scan sont des épreuves. Maintenant qu’il a été soigné, il se dit que ça peut revenir, peur de la récidive, peur de nous laisser.
Moi, je me suis battue comme une lionne avant son opération et depuis je serre les dents. Mais j’accuse le coup : j’ai besoin de m’effondrer une fois pour rebondir, pour le soutenir. Je me sens comme en apnée, comme si j’avais arrêté de respirer depuis bientôt un an.
Il est courageux, fort, héroïque et je suis si fière de lui.
Je vous souhaite à toutes et tous de la force, de l’énergie vitale, celle qui nous fait nous tenir debout les jours les plus sombres, les poings serrés prêts au combat… et des plaisirs simples pour que chaque matin le soleil vous inonde de lumière. Avec toute ma tendresse.

Sylvester

Sylvester

Sylvester

Date de publication du témoignage :

RDV avec Sylvester (Chicago). Après avoir frôlé la mort de très près il y a 18 ans, il va courir son premier marathon début juin.​

Je suis en rémission depuis 15 ans maintenant et je suis vraiment heureux d’être en vie !
On m’a diagnostiqué une leucémie lymphoblastique aigüe de phase III, à l’âge de 8 ans, en 2001. En raison de la gravité de mon état au moment de mon diagnostic, j’ai été admis aux urgences chirurgicales à Fargo (Dakota du Nord), avec moins d’une heure à vivre… Le cancer s’est rapidement propagé aux ganglions lymphatiques dans mon cou, provoquant l’obstruction de ma gorge. Pendant que plusieurs chirurgiens se bousculaient autour de moi, faisant tout ce qu’ils pouvaient, mon cœur s’est arrêté de battre. Arrêt cardiaque ! Je suis mort, là, sur la table d’opération.
À ce moment-là, j’ai vécu ce que l’on nomme « une expérience hors du corps »… Je me suis vu au-dessus de mon corps, comme si mon âme était en train de monter ! Les médecins ont continué à s’activer et mon cœur est reparti. J’ai été envoyé en soins intensifs et mis dans un coma artificiel pendant trois jours, pour entamer un long processus de récupération…
Au cours des quatre années qui ont suivi, je suis passé par toutes les émotions… Je me suis littéralement battu pour ma vie, jour après jour ! Entre d’innombrables chirurgies, des tonnes de médicaments à prendre et les multiples effets secondaires de la chimiothérapie, j’ai eu envie de tout laisser tomber plusieurs fois… Enfin en 2004, j’ai été si heureux d’entendre mon médecin me dire que j’avais terminé avec succès « mon parcours de santé » et que j’étais en rémission !
Et voilà, quinze ans sont passés. Nous sommes en 2019 et je suis actuellement en pleine forme ! Non seulement je suis en excellente condition physique, mais mon esprit n’a jamais été aussi affûté !
Le 8 juin prochain, je vais participer à mon tout premier marathon, parrainé par l’American Cancer Society ! Le Walk & Roll Chicago est la plus grande collecte de fonds pour le cancer dans l’Illinois.
Cet événement rassemble des participants de tous niveaux : c’est l’occasion de marcher ou courir 5 km, de faire du skate ou du vélo sur 15 km, pour aider à récolter des fonds et sauver des vies.
Si vous voulez rejoindre mon équipe pour la course, n’hésitez à me contacter sur mon profil !
J’espère que ma publication parviendra jusqu’à ceux qui en ont le plus besoin et qu’elle servira d’inspiration à tous ceux qui sont touchés par le cancer !

https://www.facebook.com/Sylvester3x
http://main.acsevents.org/…/TR/ActiveFundraising/CFPCY19NCR…
https://www.fergusfallsjournal.com/…/north-pole-santa-appe…/

Mark

Mark

Mark

Date de publication du témoignage :

RDV avec Mark (Stoke on Trent – Angleterre). En rémission d’une leucémie, il vient de participer au clip d’une association italienne de lutte contre le cancer.

En 1989, à l’âge de 9 ans, j’ai commencé à éprouver beaucoup de difficultés à pratiquer une activité physique. Ma mère m’a emmené chez le médecin, qui m’a ensuite envoyé dans un hôpital local (Hôpital St Lukes, West Yorkshire). J’ai passé des tests toute la journée là-bas. Puis, à 22 h, on m’a transféré dans un autre hôpital (St James Leeds, West Yorkshire) et j’ai dû subir une ponction lombaire, sans anesthésie !
Comme je n’avais que 9 ans, je n’ai pas compris ce qui se passait. J’étais pétrifié.
Le lendemain, j’ai entamé la bataille contre cette horrible maladie qu’est la leucémie. La chimiothérapie m’a vraiment terrassé. Pendant les 3 semaines suivantes, j’ai passé le plus clair de mon temps complètement à plat, dévasté.
On m’a enfin annoncé que je pouvais rentrer chez moi : j’étais fou de joie. Une fois à la maison, mes parents devaient faire le trajet aller-retour toutes les semaines pour mes examens, y compris une ponction lombaire… heureusement sous anesthésie.
À partir de là, petit à petit, je me suis complètement rétabli. Et cette année, heureusement, je fête ma 30e année de rémission !
J’ai envie de faire bouger les choses. Je viens de participer à une vidéo pour une association italienne de lutte contre le cancer. J’espère que cela aidera les personnes touchées par le cancer à regarder vers le futur et à poursuivre leurs rêves.

#nomorebrokendreams

https://www.youtube.com/watch?v=Avc0fYu5eyU
https://www.stokesentinel.co.uk/…/dad-who-beat-cancer-age-2…

Philippe

Philippe

Prénom

Date de publication du témoignage :

RDV avec Philippe (Saint-Maur-des-Fossés). Touché par deux leucémies, il écrit et prône le pouvoir du mental.​

Durant mon combat contre ma deuxième leucémie, j’ai tenu un blog. J’y ai raconté, souvent avec humour, mon quotidien pourtant très dur. Ce fut une grande aide pour moi en tant que patient, parce que je conservais ainsi un pied dans la vraie vie, un échange quotidien avec ma famille, mes amis, mes followers… Le silence est souffrance, l’aveu des émotions apaise.
Je dis que ça m’a aidé à garder un pied dans la vie, parce que quand on est confronté au cancer et hospitalisé sur une longue durée, on a tendance à ne plus penser qu’à la maladie et être tenté de s’isoler, jusqu’à parfois se morfondre. Il convient au contraire d’être acteur. Pas acteur de sa maladie, mais acteur de sa vie face à cette épreuve.
Très arbitrairement et de manière non scientifique, je pense que 70 % de la victoire contre le cancer sont attribuables à la médecine (un immense merci revient aux médecins, soignants, pharmaciens et chercheurs). Ensuite, il y a 10 % de la guérison qui relèvent de l’entourage. Un patient bien entouré trouve des raisons de survivre. Le cancer est un saut dans le vide ; les proches peuvent constituer l’élastique salvateur. Il y a aussi, il faut bien l’admettre, 10 % qui relèvent du destin. Certains cancers à bons pronostics, malheureusement, finissent mal et à l’inverse, d’autres, avec des pronostics peu favorables, arrivent à vaincre la maladie. Enfin, et c’est là que je veux en venir, il reste 10 % de la guérison qui appartiennent au patient. Avoir envie de vivre, de combattre, envie de gagner contre le cancer, avoir envie que la vie continue, c’est essentiel face à l’adversité.
Lors de ma première leucémie, une infirmière expérimentée m’a dit : « Vous avez tellement envie de vous battre que vous avez déjà fait 50 % du chemin. »
Mes chiffres ne sont pas les siens. Aucun d’eux n’est scientifique, mais ils comptent !
Lors de ma deuxième leucémie, la psychologue qui m’a accompagné m’a dit, alors que je lui exprimais ma peur face à la seconde greffe de moelle osseuse qui m’attendait : « Si vous programmez les cellules de votre cerveau pour la gagne, celles de votre corps suivront. » Il s’agissait là d’une autre formulation mais qui voulait dire la même chose que l’infirmière quelques années plus tôt. Une part de la guérison est de la responsabilité du patient.
Je ne veux pas clamer qu’on guérit du cancer par le mental, mais j’affirme que ce dernier a un rôle essentiel à jouer. 10 % peut-être. Peut-être même plus.
Tout comme il est prouvé qu’un choc psychologique non supporté peut fragiliser notre système immunitaire et constituer un catalyseur dans le déclenchement de pathologies, il faut admettre à l’inverse que des attitudes combatives sont corrélées à de meilleures chances de guérison.
Chaque cas est unique. Chaque individu est unique. Chaque cancer est unique. Certains patients sont dans le combat assez naturellement dès l’annonce de la maladie. Peut-être est-ce un réflexe de survie. D’autres ont du mal à redresser la tête face à cette injustice brutale qu’est l’annonce d’un cancer. Pour eux, être battant et garder une attitude optimiste face à la difficile épreuve qui se présente ne se décrète pas. On ne se réveille pas un beau matin avec la rage de vivre si on ne l’avait pas la veille. Je le redis : chaque cas est différent. Chacun mérite une approche personnalisée. Mais je crois qu’il faut alors se référer à un proverbe bouddhiste qui dit : « Il n’y a pas de grande tâche difficile qui ne puisse se découper en une somme de petites tâches faciles. » Pour un cancéreux, ce proverbe, l’essayer c’est l’adopter !
Les petites tâches peuvent prendre différentes formes. Un accompagnement psychologique est profitable. Des exercices de maîtrise du stress, comme ce qu’on appelle la « cohérence cardiaque », sont bénéfiques. La sophrologie, le yoga, la méditation peuvent aussi constituer des appuis.
Qu’importe ce qui nous convient le mieux, il faut agir et ne pas avoir de réticences à être aidé.
Et puis c’est l’opportunité d’apprendre à écouter son corps, à le sentir mieux, à le comprendre un peu plus et l’aider, dans l’instant présent, par exemple avec une considération positive et encourageante à son égard.

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Mickaël

Mickaël

Mickaël

Date de publication du témoignage :

RDV avec Mickaël (Mourmelon le Grand), un collégien qui a perdu son bras mais croque la vie à pleines dents.

Le 17 janvier 2017, mon fils Mickaël, 12 ans, est tombé dans sa classe et s’est fait mal au bras. Le collège m’a appelée et je l’ai emmené aux urgences à Châlons-en-Champagne. Ils lui ont fait une radio et ont vu qu’il avait une fracture de l’humérus, avec kyste apparent. Ils lui ont mis une attelle. Un mois après, de nouvelles radios ont montré que le bras ne se remettait pas et le kyste était toujours là. À la mi-mars, son épaule a commencé à enfler et à être douloureuse. Je l’ai ramené aux urgences, où il a passé un IRM. À la vue des résultats, l’équipe m’a parlé d’une suspicion de cancer des os, mais pour confirmation, un rendez-vous a été pris pour le lendemain à l’hôpital américain à Reims.
Le docteur qui nous a reçus a confirmé le diagnostic. Il a fait faire une biopsie. Les résultats sont arrivés une quinzaine de jours plus tard : ostéosarcome. C’est comme si le ciel nous tombait sur la tête !
Mickaël a préféré sortir du bureau et ne rien écouter. Ma fille de 12 ans est restée avec lui pour le soutenir, et moi je suis restée dans le bureau du docteur avec la marraine de Mickaël. On lui a fait radio, IRM, scintigraphie… La semaine suivante, on lui a posé le PAC et il a attaqué la chimio de suite. Il était hospitalisé entre 4 et 5 jours par semaine, selon la chimio, dont une qui était très forte, toutes les 3 semaines.
Il était toujours en aplasie et rentrait souvent d’urgence à l’hôpital quand il devait être de repos à la maison, une fois par mois. En août 2017 il a été opéré à Nancy. Malheureusement, son bras n’a pas pu être sauvé car la chimio n’a pas été faite dès le début. Le diagnostic n’avait pas été fait assez tôt.
Apres l’opération, il a eu de la chimio jusqu’en janvier 2018. En mars, il a repris les cours. Ses copains et les professionnels du collège l’ont bien entouré. Il a commencé sa rééducation, a des examens tous les 3 mois, et a repris une vie normale. Malheureusement, il ne pourra pas faire les métiers qui lui plaisaient, pompier et mécanicien.
Il passe son code en juin. Il est meilleur de sa classe. Il est en 5me. Le collège veut qu’il aille en IME, mais je ne suis pas trop d’accord.Il a rarement besoin d’aide et se débrouille très bien. Il se moque du regard des autres. Il a décidé de voir un prothésiste. On attend le rendez-vous. Il croque la vie à pleines dents !