Mary-Tahra

Mary-Tahra

Mary-Tahra

Date de publication du témoignage :

RDV avec Mary-Tahra (Paris) : Jouer sur scène pour se jouer du cancer. Allez-voir son spectacle drôle et attachant !

J’ai découvert mon cancer du sein en 2013 grâce à la palpation. En réalité, cela faisait 3 ans que je sentais une boule mais mon gynécologue ne me prescrivait pas de mammographie car il ne trouvait pas cela alarmant. Le hasard a fait qu’à la rentrée, j’avais reçu une 2ème lettre de la sécurité sociale pour aller faire une mammo. J’ai pris cela comme une alarme !

Et me voilà dans le centre de radiologie entourée de plusieurs médecins qui regardaient la mammographie. Ils n’ont pas hésité à me dire de courir voir mon médecin pour me prescrire ponction et IRM. J’avais compris.

Au début, j’ai menti à tout le monde : famille, amis, collègues, j’ai encaissé toute seule, j’ai juste dit que j’avais un kyste graisseux car, à ce moment-là, ma fille passait le bac et ma mère allait avoir 90 ans, je ne voulais pas les alarmer de suite, j’attendais juillet pour leur annoncer.

Suite au marathon d’analyses et examens, le choc : grade 3 très agressif, HER+++, hormonodépendante, plutôt dire que j’ai eu le tiercé gagnant ! J’allais avoir la panoplie du bon petit cancéreux : chimio/radio/hormono ! Et j’ai eu quand même de la chance, cela n’avait pas atteint mes ganglions, n’est-ce pas merveilleux ? Je ne pouvais plus mentir. J’ai eu le soutien de ma famille.

2014 : j’ai commencé à écrire pendant les traitements en échangeant avec les autres patientes, vu mon état, je ne pouvais jouer, j’avais déjà mon travail (je suis aussi prof en lycée pro) et mes élèves de théâtre avec leur spectacle de fin d’année. Tout cela était trop pour un corps aussi faible, douloureux et meurtri que le mien. J’ai dû prendre un an d’arrêt car j’avais perdu plus de 10kg et je souffrais de douleurs constantes à cause des traitements. Aujourd’hui je suis en rémission mais toujours sous hormonothérapie.

Parler du ‘‘crabe’’ avec humour était évident pour moi, aussi évident que la volonté de transmettre ce qui se passe lorsque l’on est non pas spectateur mais acteur de cette maladie. Imaginer l’affiche, le décor, la musique ; voir comment mettre en place le tout, trouver les bons mots, sans choquer, et faire rire, et faire comprendre, et faire gagner l’espoir, voilà mes motivations.

Je transmets à travers mes mots ce que beaucoup de malades n’osent pas dire tout haut ; c’est une prise de conscience de ce que l’on endure sans jamais tomber dans le pathos, bien au contraire, avec beaucoup d’humour ! C’est une partie de ma vie mais c’est aussi celle de millions de femmes.

2018 : la concrétisation ! J’ai joué la première représentation le jour de mon anniversaire (joli cadeau de la vie !) à Paris pendant 3 mois, puis au Festival Off d’Avignon et j’ai repris à Paris.

Mon spectacle raconte le parcours d’une femme de l’annonce de son cancer à l’après-cancer.

Il évoque les traitements et péripéties rencontrées à l’hôpital, des situations auxquelles les malades du cancer peuvent être exposés dans les banques, les pompes funèbres, l’amour et aussi les réactions des personnes à l’annonce de cette maladie.

Je revis sur scène, c’est mon oxygène.

Ma force, c’est la scène, et rire, surtout rire, car le rire est important pour garder un mental de fer ! Cela n’empêche pas de pleurer parfois, le soir, on est humain après tout.

Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=ztVKeaR1H6g

 

Marie-Pierre

Marie-Pierre

Marie-Pierre

Date de publication du témoignage :

RDV avec Marie-Pierre (Paris), une femme active avant, pendant et après le cancer.

Moi aussi, j’ai eu mon 11 septembre 2001 : c’est le jour où j’ai appris, après une mammographie de routine, que j’avais une tumeur cancéreuse au sein de 35 mm… L’angoisse, l’attente, la prise en charge remarquable à l’Institut Curie, la rage de se battre et de vaincre, le soutien sans faille de mon mari, de ma famille, le sentiment de causer une terrible angoisse à mes enfants. Mais surtout, dès le départ, la certitude que j’allais m’en sortir.
Je voulais qu’on m’enlève cette tumeur le plus vite possible, comme un corps étranger à éliminer avant qu’il ne colonise le reste de mon moi agressé. Mais il a fallu d’abord tenter de la réduire avec des séances de chimio. Sans résultat… Dépistée en janvier, je ne suis passée sur le billard qu’au mois de juin, et ensuite rebelote pendant l’été avec encore 8 séances de chimio… et, à l’automne, une bonne vingtaine de séances de rayons.
Le plus curieux, psychologiquement, c’est ma révolte face à la perte totale de la chevelure alors que la dissymétrie après la mammectomie m’a moins atteinte. Pourtant, je savais très bien que cette calvitie n’était que temporaire, mais je l’ai vécue comme une humiliation. Je me disais que les tyrans qui tondent leurs victimes savent très bien ce qu’ils font : chosifier, annuler l’humanité de la personne… Le plus dur a été l’annonce de la maladie auprès de ceux que j’aime le plus au monde : mon mari et mes trois filles. Je ne mesure pas très bien le traumatisme que cela produit mais cela doit être encore plus lourd que lorsqu’on est soi-même en cause…
J’étais cadre RH. J’ai tout de suite annoncé ma maladie au bureau mais j’ai fait en sorte de m’absenter le moins longtemps possible. Deux ou trois jours de galère après les séances de chimio, et le moins possible lors des interventions chirurgicales. Pour les séances de rayons, je partais très tôt à l’hôpital puis je prenais un taxi pour aller travailler, un peu groggy tout de même. Mon patron et mes collègues ont été très affectueux, très positifs, j’ai bénéficié de la bonne entente de mes collaborateurs qui ont assuré mon job dans de bonnes conditions durant mes absences. Ni mise à l’écart, ni apitoiement surjoué. Je me souviens les avoir tout de même parfois choqués en parlant ouvertement de ma maladie, et en revenant travailler avec quasiment « la boule à zéro », dès que mes cheveux ont recommencé à pousser… C’était le début de l’automne — j’avais été dépistée en janvier — et il faisait chaud à Paris, je ne supportais plus la perruque. Après, j’ai bénéficié d’une reconstruction avec en prime le rabotage d’un grand lambeau de graisse abdominale…
Voilà, c’était il y a longtemps. Aujourd’hui, je vis une retraite active. Je suis sortie plus forte de cette expérience, mais chaque année en janvier, quand je retourne à la mammographie, j’angoisse encore.

Virginie

Virginie

Virginie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Virginie (Pyrénées centrales), diagnostiquée enceinte, elle aide maintenant d’autres jeunes femmes dans son cas à faire face à la maladie en au sein de la magnifique association Jeune & Rose

Il y a 4 ans et à mi-grossesse, je découvre avec effroi le reflet dans le miroir de mon sein déformé. J’ai 38 ans et je comprends immédiatement sans toutefois imaginer à quel point ce sera difficile d’obtenir un diagnostic ni quelle sera la gravité de la situation. Je fais le choix de garder cette découverte pour moi car c’est de mon corps dont il s’agit et c’est en moi que je compte trouver les ressources pour traverser ce tumulte. S’en suivent 3 longs mois sans être entendue puis le soulagement à la naissance de mon fils en parfaite santé. Je ressens maintenant l’urgence de me faire prendre en charge. Chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie avec mon fils encore en bas-âge, annonce de la rémission et enfin hormonothérapie encore en cours.
J’ai fait le constat que le cancer du sein chez la femme enceinte ou avec des enfants en bas-âge est méconnu. Dès le début de ma maladie, j’ai souhaité rencontrer des femmes confrontées aux mêmes problématiques que moi. Je voulais accompagner, conseiller et sensibiliser tant les professionnels de santé que les individus.
C’’est le « sens » que j’ai trouvé à mon parcours et aujourd’hui, je le réalise en rejoignant l’association Jeune & Rose que je représente dans les Pyrénées centrales. Nous ne sommes qu’au début de l’aventure mais déjà l’accueil qui nous est réservé nous conforte dans la nécessité et la légitimité de notre démarche. Cette mission me permet d’éviter à d’autres les écueils que j’ai rencontrés.
Aujourd’hui je savoure à 200 % ces moments d’« après » tout en étant encore dans mon corps et dans mon âme toujours dedans.
La maladie m’a permis de passer en mode « pause » le temps des traitements, de faire de très belles rencontres, de découvrir des notions de nutrition et la sophrologie et de redécouvrir le bien-être apporté par la méditation que j’avais délaissée.
Je n’ai pas revu mes priorités, je les ai confortées. Je me devais d’abord de trouver l’énergie pour vaincre la maladie pour avoir l’énergie d’accompagner mes enfants ainsi que les autres mamans dans mon cas.
À l’annonce de la rémission, j’ai connu ce sentiment d’être « en insécurité »
J’ai connu les tensions dans le couple, l’incompréhension de l’entourage.
Finalement évincée, contre toute attente, de mon ancien poste, je me suis promis ce jour-là de tenir le cap et de me sentir utile plus que jamais. Dépitée, j’ai songé et tenté une reconversion avant de saisir une nouvelle opportunité dans le même domaine. Des moments difficiles.
Je suis lucide et reconnaissante envers la Vie. Après le cancer, la transformation est parfois peu perceptible de l’extérieur mais je puis vous assurer que le changement en soi est radical !

jeuneetrose.pyrenees@orange.fr

Isabelle

Isabelle

Isabelle

Date de publication du témoignage :

RDV avec Isabelle (Lyon) : « Mes filles auront des milliers de souvenirs avec moi et ont au moins une certitude, c’est mon amour pour elles et ma fierté sans limite ».

Il y a 12 ans, on m’a découvert en catastrophe un cancer du sein agressif déjà métastasé au foie, il était bien envahi et mon sein ressemblait à la voie lactée sauf que c’était les cellules cancéreuses qui illuminaient les clichés d’IRM. J’avais 34 ans, deux petites filles de 1 et 4 ans, j’allaitais la plus jeune. Mon père était décédé 5 ans auparavant d’un cancer au cerveau. Je travaillais, j’étais l’adjointe de ma chef de service très près de la retraite, une belle promotion en perspective.
Ça c’était ma vie d’avant qui a été stoppée net par ce cancer et qui fait partie à jamais du passé sur laquelle il a fallu que je tire un trait définitif. Le cancer chamboule tout, votre vie change et c’est à vous de lui donner une nouvelle trajectoire, et d’arriver à tourner la page sur ce qui ne sera plus que des souvenirs, des regrets…
Ma vie était en jeu, mon angoisse la plus forte était de mourir et que mes filles n’aient aucun souvenir de moi car trop jeunes. Il vous reste quoi comme souvenir de votre mère à 1 ou 4 ans ? Personnellement le vide pour moi.
J’ai serré les dents et j’ai emprunté ce terrible parcours où l’on espère stopper le cancer et si possible le faire régresser, histoire de repousser la mort qui rôde, si proche de vous. J’étais prête à tout affronter pourvu que je gagne quelques années pour mes filles.
J’ai gardé espoir, j’avais trouvé quelques cas très rares sur internet de métastasés du foie toujours en vie 15 ans après. J’espérais tenir 5 ans.
Tout a disparu, métastases et tumeurs dans le sein. Peu à peu, l’obscurité a laissé place au ciel bleu. Je me suis sentie moins oppressée. J’ai des traitements à vie, toutes les 3 semaines, je suis toujours sous surveillance, on ne laisse rien passer dans mes contrôles, je suis allée 8 fois au bloc, j’ai eu 9 biopsies. Ma vie est désormais indissociable du cancer. J’ai fait une récidive dans le sein conservé en 2015. Mais je suis toujours en vie, pleine de projets.
Je travaille à temps partiel, je suis reconnue travailleuse handicapée pour être mieux protégée dans mes droits sur le plan professionnel car le monde du travail n’aime pas les gens quand leur maladie ne rime pas avec passé, ils donneront toujours la préférence à ceux qui sont en bonne santé ou pour qui la maladie est derrière. Je n’ai plus jamais eu de promotion, je ne suis même plus une adjointe, juste une ingénieure mais j’aime mon travail même si j’ai dû tout reprendre à zéro en changeant de service pour quitter le placard doré où on m’avait mis. On a tenté de m’y remettre en janvier de cette année, mais je suis coriace et je n’ai pas grand chose à perdre, j’ai tenu bon.
Mes filles ont 16 et 13 ans. Elles passent avant toute chose, je profite de leur présence, de partager tout ce qui est possible avec elles, de les couvrir de cadeaux, d’être là à toutes leurs représentations, sorties…. Elles auront des milliers de souvenirs avec moi et ont au moins une certitude, c’est mon amour pour elles et ma fierté sans limite.
Je pleure à chaque évènement important, si heureuse, si bouleversée d’avoir la chance de les vivre.
Comme le cancer fait partie intégrante de ma vie, mon objectif quotidien est de lui donner le moins de place possible pour en laisser un max à la VIE. Je saisis tous les petits plaisirs quotidiens. Je m’arrête partout pour prendre des photos. Je suis cigale à défaut d’être fourmi pour voyager le plus possible et toujours en famille.
Mon aînée va s’envoler l’année prochaine pour ses études supérieures, je suis tellement heureuse de pouvoir assister à ce tournant de sa vie. Je suis allée sur tous les salons avec elle pour l’accompagner dans son orientation.
La vie est courte, il faut saisir toutes les occasions qui s’offrent à nous d’être heureux et d’être conscient que ces moments sont du bonheur à l’état pur qu’il faut savourer.
Ma vie depuis 12 ans n’est pas celle que j’espérais, mais j’ai encore quelques levers de soleil devant moi pour profiter de ceux que j’aime. Et mes filles auront un suivi dès 18 ans pour ne pas connaître un cancer à vie.
Le plus important à retenir est que même si le pronostic médical est très sombre, tant que vous êtes en vie et que vous pouvez vous offrir un petit plaisir, faites-le, ça vaut le coup.

Roseline

Roseline

Roseline

Date de publication du témoignage :

RDV avec Roseline (France) : Apprendre le piano, devenir entrepreneuse du web…. « J’ai 50 ans et je sais que tout est possible ! »

Juin 2014. Le diagnostic tourne en boucle dans ma tête. 46 ans. Cancer du sein. Je prends un mur en frontal à 500 km/H. C’est impossible me répète en boucle mon cerveau. Pas « à moi » ! Je rentre à la maison et m’autorise à pleurer toutes les larmes de mon corps. Ensuite je fais ce que je sais bien faire : je m’organise, planifie, anticipe. Le plus dur est l’annonce à mon conjoint puis à mon fils et mes beaux-fils, aux amis. Être forte mais honnête. Simplifier sans dramatiser. Avancer quoi ! Du jour au lendemain ma vie change du tout au tout. Je passe désormais mon temps d’une salle d’attente d’hôpital à une autre. Piqures, prélèvement, prise de sang, scanner, IRM, j’en passe et des meilleurs. Je me concentre sur les actions qui me donnent l’impression que je maitrise encore un peu ma vie. Le choix de la perruque par exemple ! Je m’eng***le avec la coiffeuse qui ne voulait pas me commander la rousse flamboyante ! Impossible d’y retourner pour m’y faire tondre ! Lorsque le jour « J » arrive, je m’enferme dans la salle de bain et je pleure en me rasant la tête. Dur. Dans mon corps qui n’a pas l’habitude des médicaments, la chimio est un rouleau compresseur. J’hyper-réagis aux traitements. Fatigue. Douleurs. C’est dur physiquement et psychologiquement. Mon entourage est au top : ni trop, ni trop peu. Je découvre mon conjoint sous un nouvel œil et ce que je vois me plait. Je fais des rencontres magiques lors des journées chimio. Des connaissances deviennent des amis durant cette période. Je prends soin de moi en dormant quand je suis fatiguée et en apprenant à jouer du piano lorsque c’est possible. Un rêve d’enfant ! Je prends le contrepied de cette saloperie pour faire ce qui est important à mes yeux.
Au bout d’un an, tout est de nouveau à sa place. Je suis guérie. Sous surveillance mais guérie. Il faut que je reprenne le travail. Impossible d’accepter le mi-temps thérapeutique. Je refuse d’être encore considérée comme à moitié malade. Mon employeur accepte 1 année sans solde. Je monte ma micro-entreprise pour travailler à mon rythme à domicile. Je rencontre Luc GEIGER, concepteur la de la méthode NERTI. Grâce à lui, je découvre et me forme au marketing du web. J’aide les infopreneurs à se concentrer sur leurs valeurs ajoutées en gérant ce qu’ils souhaitent me déléguer : création de process, suivi de projets, management… Je travaille grâce aux bouches à oreilles depuis septembre 2015. depuis quelques mois je mets en place des actions pour me rendre visible sur le web.
J’ai démissionné en septembre 2017 de mon poste de chef de service éducatif pour continuer à développer mon entreprise. Impossible pour moi de redevenir salariée. Mon temps est précieux. Je veux le passer auprès de personnes passionnées, bienveillantes et ayant des valeurs et une éthique similaire comme les miennes. J’ai 50 ans et je sais que tout est encore possible !