Marie-France

Marie-France

Marie-France

Date de publication du témoignage :

RDV avec Marie-France (Saint Paul d’Espis – 82). Après avoir accompagné son mari et son frère, touchée elle-même par un cancer, elle s’investit à La Ligue Contre le Cancer.

Mon époux est décédé à l’âge de 50 ans d’un cancer du poumon. A l’annonce de la maladie, il y a eu des moments très difficiles. Il fallait faire face non seulement à ce cancer, mais il fallait aussi essayer d’assurer psychologiquement. Le quotidien n’était pas des plus simples!

À la suite de cela, je me suis donnée à cent pour cent dans le travail. Mais deux ans après son décès, on m’annonce que j’ai un sarcome. J’ai dû informer mes enfants, qui étaient déjà fragilisés par le départ de leur père. Et ce fut aussi pour moi un moment des plus difficiles : opération et attente des résultats… Je n’ai pas eu de chimio mais les visites et examens en Oncologie sont des moments encore difficiles. Encore maintenant, j’appréhende les examens.

Il y a deux ans, mon frère décède après deux mois seulement de combat contre un cancer du poumon avec métastases à la tête. Un effondrement chez moi. Mais aussi une prise de conscience : quelques temps après ce choc, je décide d’être moi-même bénévole à la Ligue contre le Cancer.

J’ai l’impression d’être non seulement utile, mais c’est une véritable thérapie ! Parallèlement à cela, j’ai une passion : la peinture. L’art me permet l’évasion, aller encore plus loin dans la réflexion et surtout ce besoin d’aider des personnes « en demande » !

J’anime donc des ateliers artistiques. Lorsque je vois ces personnes « malades », j’ai la chance de rencontrer des personnes formidables à la Ligue, elles ont une force et une énergie qui forcent l’admiration !

 

 

 

Corinne

Corinne

Corinne

Date de publication du témoignage :

RDV avec Corinne (Herblay – 95). Après deux cancers, elle a décidé de créer une association pour les malades et leurs aidants, un lieu d’écoute, de prévention et information.

Le tsunami en 2014. J’ai un cancer du sein. La vie bascule.
L’attente du diagnostic, la spirale des examens. Le flash-back de toute ta vie t’arrive en pleine face. Tu penses à la mort. C’est inévitable…

Je relève mes manches. Mon protocole de soin est là : chimiothérapie, l’intervention, puis la radiothérapie. Le parcours est difficile mais j’arrive au bout.

Puis de nouveau, à l’auto-palpation, je sens quelque chose. Je ne peux croire que… De nouveau, un deuxième cancer. La deuxième annonce est plus violente. C’est reparti. Récidive. Chimiothérapie. On m’annonce qu’il faut faire l’ablation de mon sein. Ma féminité. Mon sein qui a allaité. Et comment vais-je vivre sans sein ? Et mon mari ne va plus m’aimer…Toutes ces questions …
Je décide qu’il faut prendre les choses une à une. Repartie dans le parcours et le tourbillon des traitements : opération, chimiothérapie, mastectomie, quelques complications d’infection, hospitalisations à répétition, … Je sors enfin de ce long tunnel .

La surveillance se met en place. Difficile de ne plus être médicalisée. Sentiment d’isolement, d’abandon. Mais je ne vais pas me laisser abattre.

Durant ces années de combat, j’ai constaté des manquements à bien des niveaux dans le parcours cancer. Nous sommes des personnes vulnérables, et n’avons pas toujours les réponses à nos interrogations. Il faut se battre contre ce cancer, contre le système qui nous range dans des cases, mais aussi pour les démarches administratives, pour le retour à l’emploi. Il faut continuer d’être femme, épouse, mère. Pas simple. Énorme complexité. Avec le sentiment que tout peut basculer.
Il faut aussi accepter la nouvelle femme que l’on voit dans le miroir. Oui, après le cancer, il y a bien une nouvelle personne. La maladie change un être.

Petite subtilité que je n’ai pas évoquée : je suis infirmière. Je me suis battue comme une lionne pour revenir auprès de mes patients et de mes collègues. Mon entreprise en a décidé autrement. Après ces trois ans de combat, on me propose un poste de reclassement, un poste de nuit… que je refuse. En réponse, on me licencie.
Pour moi, ce licenciement est le résultat de mon absence et de ma maladie. J’accuse le coup. Je réfléchis à ce que je veux faire de cette nouvelle vie. Je postule au conseil Éthique et Cancer et ma candidature est retenue. Me voilà élue pour quatre ans pour participer aux travaux de réflexions éthique. Je suis fière et heureuse d’y mettre ma modeste participation qu’elle soit de par mon expérience de patiente, mais également en qualité de professionnelle de santé.

En parallèle je décide de créer une association pour les femmes atteintes de cancer et leurs aidants. Ils ont une place essentielle dans le parcours d’une personne malade. Mon projet est de créer un lieu d’écoute, un lien social. Briser les tabous de la maladie. Organiser des ateliers sociaux, créatifs et sportifs. Faire des conférences médicales ou non. Faire de la prévention, de l’information. Ce projet est en cours de réalisation .
Je démarche coiffeurs, esthéticiennes, médecins, spécialistes, assistantes sociales, etc…

Je veux transmettre des messages d’espoir même si je sais que le parcours est difficile.
La maladie a été pour moi une révélation. J’ai pu découvrir le comportement des personnes face au cancer. J’ai appris à connaître parfaitement mes limites, mes faiblesses mais surtout mes qualités de combattante et ma détermination .
Et croire à l’après…

Je vais bien aujourd’hui et j’ai hâte de pouvoir transmettre ces valeurs à travers mon association.

Christel

Christel

Christel

Date de publication du témoignage :

RDV avec Christel (Noisy le Grand), touchée par deux cancers, elle a complètement revu sa carrière et ses choix professionnels.

Après un cancer de la thyroïde à 33 ans et un cancer du sein à 39 ans, je peux dire aujourd’hui, je suis totalement différente, différente mais moi-même !

Le cancer de la thyroïde, je l’ai vécu alors que j’étais en poste dans une grande entreprise de mobilier et décoration. J’étais manager d’une grosse équipe, et en pleine évolution professionnelle. Je n’ai pas su parler de ma maladie et mon employeur n’a pas su me parler. Je n’ai pris qu’un mois d’arrêt et 6 mois de mi-temps thérapeutique. Au fil du temps, la confiance s’est émoussée entre nous et cela s’est fini par un licenciement, au bout de 15 ans. Cela a été dur mais j’ai vite rebondi et j’ai intégré une enseigne de loisirs créatifs et culturels.
Je n’ai pas mesuré les conséquences post-cancer et j’ai forcé… A tel point que j’ai fini par faire un burn-out.

C’est là que je me suis demandée ce que je voulais faire du reste de ma vie. Ce que je retiens de tout ça ? Il faut en parler, simplement, mais en parler. Il faut exprimer ce dont on a besoin.

Cette année j’ai décidé d’accepter ce qui m’est arrivé et de tourner tout cela en quelque chose de positif. Tout cela ne doit pas servir à rien, je dois aider.

J’avais entamé une reconversion dans les Ressources Humaines avant le cancer du sein. Les traitements ont stoppé net ma formation : trop de fatigue, d’effets secondaires et le regard des gens trop difficile à gérer. Mais mon centre de formation IFOCOP a été super : ils m’ont accompagnée durant cette période et c’est grâce à eux si j’ai pu reprendre, sans rien perdre, en mai 2019. Depuis je suis en stage chez Cancer@Work et chaque jour, j’ai le sentiment de faire quelque chose de positif.

Je suis dans une association qui fait tout pour concilier maladie et travail, et mes horaires ont été aménagés afin que je puisse ne pas être trop fatiguée et que je reprenne en douceur. Je suis aussi très engagée auprès de mes sœurs de combat sur Instagram, mes Kopines comme je dis…

Bien sûr, je me serais bien passée de ces cancers, mais aujourd’hui, je peux dire que je suis la meilleure version de moi-même.

👉Instagram : @titelthepooh

 

Michel

Michel

Michel

Date de publication du témoignage :

RDV avec Michel (La Garde – 83). Professeur de karaté, il s’est formé pour devenir éducateur médico-sportif en cancérologie.

J’ai 56 ans. Depuis cinq ans, je suis éducateur médico-sportif en Cancérologie. J’utilise le sport et l’activité physique à des fins thérapeutiques

Je suis professeur de Karaté. Il y a quelques années, j’ai découvert l’existence du Diplôme Universitaire Sport et Cancer de l’Université Paris 13. Passionnant et… une révélation !

Quelle révélation ? Au 16ème siècle, sur l’île d’Okinawa en mer de Chine, est née une méthode de défense à mains nues destinée à défendre sa vie et qui portera le nom de Karaté.
Voilà la révélation : le Karaté pour défendre sa vie aujourd’hui, au 21ème siècle, prend la forme d’une « thérapie ».

Alors, je temporise, et je me pose des questions. Je m’informe sur le cancer (lecture, reportages, entretien avec des amis soignants), afin de mesurer ce dans quoi je compte m’engager et si vraiment j’en ai envie. Et le moment venu, je me lance dans cette formation.

Ce fût une année extraordinaire avec des rencontres inoubliables : les autres stagiaires venant de différents horizons, les formateurs (professeurs de médecine, psychologues, infirmiers) et aussi beaucoup de remises en question!
Le gros « pavé » ce fût la cancérologie. Pas facile de s’approprier le discours médical. Le module psycho-oncologie, fût passionnant, parfois dérangeant, parfois inquiétant aussi. Il y a eu des moments de réflexion, et d’échanges autour de l’idée de mort. Il n’y a pas eu de « recette miracle » : juste une réflexion afin de nous permettre d’appréhender la relation que nous nous apprêtions à construire avec nos futurs patients.

Et le sport dans tout ça?
Ce fut une « révolution » Se déconstruire en tant qu’éducateur sportif pour se reconstruire en tant que praticien en thérapie sportive! L’objectif n’est plus d’apprendre ou de performer un geste sportif mais d’utiliser ce geste afin de : diminuer les effets secondaires des opérations et des traitements, diminuer la fatigue et les douleurs, faire en sorte que le patient se ré-approprie son corps meurtri par la maladie, agir sur certains facteurs qui favorisent le développement du cancer, diminuer le risque de récidive… et beaucoup d’autres choses !
Le Karaté présente ses limites et n’est pas toujours adapté, il faut dépasser ce cadre et utiliser d’autres méthodes, d’autres gestes, d’autres enchaînements !

Et finalement, à l’issue, en 2015, j’ouvre 2 séances hebdomadaires, sous la tutelle de la CAMI sport et Cancer dans le Var.

Le moment essentiel est lorsque je rencontre la personne pour la première fois. Il s’agit d’une sorte de « consultation », ou bilan de situation, lors duquel nous évoquons son parcours : passé sportif, type de cancer, opérations, traitements, effets secondaires, fatigue, douleurs… S’ensuit une série de tests. Tout cela me permet de mettre en œuvre des séances collectives, en petit nombre, où chaque exercice est conçu en fonction des limites et des besoins des patients. Malgré les difficultés physiques et psychologiques, l’ambiance est conviviale, détendue, et joyeuse. Un des objectifs, c’est aussi la resocialisation !

Bien sûr il arrive que certains nous quittent définitivement. Mais beaucoup d’autres continuent jusqu’à la rémission complète, et à ce qu’ils se décident à pratiquer dans une autre structure sportive. Le cancer est terminé. Mon job aussi.

L’approche individuelle, à domicile ou à distance en visio, présente une méthodologie semblable, mais la relation avec le patient est évidemment beaucoup plus proche et individualisée
Que ce soit en collectif ou individuel, en présence ou à distance, je rencontre des personnes formidables !

Christelle

Christelle

Christelle

Date de publication du témoignage :

RDV avec Christelle (Bordeaux). Reconversion professionnelle, création d’un blog, réalisation d’un TEDx… Plus rien ne l’arrête.

J’ai 44 ans, mariée, et j’ai 2 garçons adolescents. Je suis Charentaise, j’ai vécu à Tarbes et je suis actuellement sur Bordeaux.

Au moment de l’annonce, j’étais chef de projet immobilier dans un grand groupe. Depuis trois mois, j’avais senti une boule. Il s’agissait d’une formalité pour moi, n’ayant aucun antécédent familial.
Ma vie a basculé. Je travaillais et je sortais juste du boulot ce soir-là. Le pack 4 en 1: chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie, et je ne compte pas l’immunothérapie, pendant laquelle j’avais repris le travail.

A la reprise, j’ai sollicité le service de coaching interne pour m’aider à me préparer aux entretiens. J’ai pu faire un bilan de compétences. Ma coach m’a redonné l’élan. Cela a été un vrai travail, très compliqué, d’autant que je sentais ma mémoire engluée par les traitements… Je voulais changer de vie, retrouver une situation de famille équilibrée, en vivant tous au même endroit.

Finalement, cette recherche aura duré un an ! J’ai aujourd’hui un métier totalement diffèrent : je suis formatrice en développement personnel, dans une filiale de mon groupe. J’ai dû essuyer quelques revers : j’essayais pourtant de cacher mon cancer, mais tout se sait, et difficile de mentir sur un trou d’un an dans son cv…

Je suis aujourd’hui fière de moi, du chemin parcouru. Nous sommes heureux d’être tous ensemble sur Bordeaux et mes enfants, très secoués par cette traversée, sont désormais épanouis.

J’apprends sur mon nouveau métier de formatrice. Je sens que je suis dans mon univers même si je dois mobiliser toute mon énergie pour mémoriser, comprendre, analyser les rouages. Je ne serai plus comme avant, mais je serai moi, avec mon énergie, mes idées, mon intuition, ma créativité, et surtout, ma capacité à positiver
J’ai fait tellement de changements dans ma vie que je suis persuadée que j’y dois ma rémission complète. Selon moi, on peut rebondir après un cancer. La vie ne s’arrête pas, ni la vie professionnelle. Au contraire, c’est une nouvelle vie qui commence. J’ai aujourd’hui envie d’aider les autres et de faire du préventif. Je sais qu’il existe 1001 chemins pour guérir. Moi je me sens guérie…

J’ai ouvert un blog, un an après la maladie, avec une amie qui a été une aidante, pour donner des pistes à chacun pour révéler son potentiel santé, bien-être et y puiser des astuces en étant malade ou pas ! Il s’appelle elixirsdevies.fr

Je suis devenue fan des conférences TED et ça m’a donné l’envie d’en faire une fois en rémission. Quand je l’ai annoncé, j’ai fait rire pas mal de monde, mais mon mari et mes amies ont cru en moi et je les remercie pour leur soutien.

Ce TED était pour moi un double défi : parler de ce sujet tabou en positif et réussir à retenir plus de vingt minutes de texte sans papier ! Cela a été très dur d’apprendre ce discours par cœur. J’ai beaucoup travaillé. Ce qui me pèse encore beaucoup, c’est ma mémoire défaillante à cause de l’hormonothérapie. Je sens que je l’ai stimulée et qu’aujourd’hui, plus de deux ans après, cela commence à aller mieux…

Mon prochain challenge : aller plus loin dans ma reconversion professionnelle.
« Impossible is possible ».

👉 https://www.youtube.com/watch?v=zAl–8AUD7k
👉 http://elixirsdevies.fr/