Isabelle

Isabelle

Isabelle

Date de publication du témoignage :

RDV avec Isabelle (Lyon) : « Mes filles auront des milliers de souvenirs avec moi et ont au moins une certitude, c’est mon amour pour elles et ma fierté sans limite ».

Il y a 12 ans, on m’a découvert en catastrophe un cancer du sein agressif déjà métastasé au foie, il était bien envahi et mon sein ressemblait à la voie lactée sauf que c’était les cellules cancéreuses qui illuminaient les clichés d’IRM. J’avais 34 ans, deux petites filles de 1 et 4 ans, j’allaitais la plus jeune. Mon père était décédé 5 ans auparavant d’un cancer au cerveau. Je travaillais, j’étais l’adjointe de ma chef de service très près de la retraite, une belle promotion en perspective.
Ça c’était ma vie d’avant qui a été stoppée net par ce cancer et qui fait partie à jamais du passé sur laquelle il a fallu que je tire un trait définitif. Le cancer chamboule tout, votre vie change et c’est à vous de lui donner une nouvelle trajectoire, et d’arriver à tourner la page sur ce qui ne sera plus que des souvenirs, des regrets…
Ma vie était en jeu, mon angoisse la plus forte était de mourir et que mes filles n’aient aucun souvenir de moi car trop jeunes. Il vous reste quoi comme souvenir de votre mère à 1 ou 4 ans ? Personnellement le vide pour moi.
J’ai serré les dents et j’ai emprunté ce terrible parcours où l’on espère stopper le cancer et si possible le faire régresser, histoire de repousser la mort qui rôde, si proche de vous. J’étais prête à tout affronter pourvu que je gagne quelques années pour mes filles.
J’ai gardé espoir, j’avais trouvé quelques cas très rares sur internet de métastasés du foie toujours en vie 15 ans après. J’espérais tenir 5 ans.
Tout a disparu, métastases et tumeurs dans le sein. Peu à peu, l’obscurité a laissé place au ciel bleu. Je me suis sentie moins oppressée. J’ai des traitements à vie, toutes les 3 semaines, je suis toujours sous surveillance, on ne laisse rien passer dans mes contrôles, je suis allée 8 fois au bloc, j’ai eu 9 biopsies. Ma vie est désormais indissociable du cancer. J’ai fait une récidive dans le sein conservé en 2015. Mais je suis toujours en vie, pleine de projets.
Je travaille à temps partiel, je suis reconnue travailleuse handicapée pour être mieux protégée dans mes droits sur le plan professionnel car le monde du travail n’aime pas les gens quand leur maladie ne rime pas avec passé, ils donneront toujours la préférence à ceux qui sont en bonne santé ou pour qui la maladie est derrière. Je n’ai plus jamais eu de promotion, je ne suis même plus une adjointe, juste une ingénieure mais j’aime mon travail même si j’ai dû tout reprendre à zéro en changeant de service pour quitter le placard doré où on m’avait mis. On a tenté de m’y remettre en janvier de cette année, mais je suis coriace et je n’ai pas grand chose à perdre, j’ai tenu bon.
Mes filles ont 16 et 13 ans. Elles passent avant toute chose, je profite de leur présence, de partager tout ce qui est possible avec elles, de les couvrir de cadeaux, d’être là à toutes leurs représentations, sorties…. Elles auront des milliers de souvenirs avec moi et ont au moins une certitude, c’est mon amour pour elles et ma fierté sans limite.
Je pleure à chaque évènement important, si heureuse, si bouleversée d’avoir la chance de les vivre.
Comme le cancer fait partie intégrante de ma vie, mon objectif quotidien est de lui donner le moins de place possible pour en laisser un max à la VIE. Je saisis tous les petits plaisirs quotidiens. Je m’arrête partout pour prendre des photos. Je suis cigale à défaut d’être fourmi pour voyager le plus possible et toujours en famille.
Mon aînée va s’envoler l’année prochaine pour ses études supérieures, je suis tellement heureuse de pouvoir assister à ce tournant de sa vie. Je suis allée sur tous les salons avec elle pour l’accompagner dans son orientation.
La vie est courte, il faut saisir toutes les occasions qui s’offrent à nous d’être heureux et d’être conscient que ces moments sont du bonheur à l’état pur qu’il faut savourer.
Ma vie depuis 12 ans n’est pas celle que j’espérais, mais j’ai encore quelques levers de soleil devant moi pour profiter de ceux que j’aime. Et mes filles auront un suivi dès 18 ans pour ne pas connaître un cancer à vie.
Le plus important à retenir est que même si le pronostic médical est très sombre, tant que vous êtes en vie et que vous pouvez vous offrir un petit plaisir, faites-le, ça vaut le coup.

Roseline

Roseline

Roseline

Date de publication du témoignage :

RDV avec Roseline (France) : Apprendre le piano, devenir entrepreneuse du web…. « J’ai 50 ans et je sais que tout est possible ! »

Juin 2014. Le diagnostic tourne en boucle dans ma tête. 46 ans. Cancer du sein. Je prends un mur en frontal à 500 km/H. C’est impossible me répète en boucle mon cerveau. Pas « à moi » ! Je rentre à la maison et m’autorise à pleurer toutes les larmes de mon corps. Ensuite je fais ce que je sais bien faire : je m’organise, planifie, anticipe. Le plus dur est l’annonce à mon conjoint puis à mon fils et mes beaux-fils, aux amis. Être forte mais honnête. Simplifier sans dramatiser. Avancer quoi ! Du jour au lendemain ma vie change du tout au tout. Je passe désormais mon temps d’une salle d’attente d’hôpital à une autre. Piqures, prélèvement, prise de sang, scanner, IRM, j’en passe et des meilleurs. Je me concentre sur les actions qui me donnent l’impression que je maitrise encore un peu ma vie. Le choix de la perruque par exemple ! Je m’eng***le avec la coiffeuse qui ne voulait pas me commander la rousse flamboyante ! Impossible d’y retourner pour m’y faire tondre ! Lorsque le jour « J » arrive, je m’enferme dans la salle de bain et je pleure en me rasant la tête. Dur. Dans mon corps qui n’a pas l’habitude des médicaments, la chimio est un rouleau compresseur. J’hyper-réagis aux traitements. Fatigue. Douleurs. C’est dur physiquement et psychologiquement. Mon entourage est au top : ni trop, ni trop peu. Je découvre mon conjoint sous un nouvel œil et ce que je vois me plait. Je fais des rencontres magiques lors des journées chimio. Des connaissances deviennent des amis durant cette période. Je prends soin de moi en dormant quand je suis fatiguée et en apprenant à jouer du piano lorsque c’est possible. Un rêve d’enfant ! Je prends le contrepied de cette saloperie pour faire ce qui est important à mes yeux.
Au bout d’un an, tout est de nouveau à sa place. Je suis guérie. Sous surveillance mais guérie. Il faut que je reprenne le travail. Impossible d’accepter le mi-temps thérapeutique. Je refuse d’être encore considérée comme à moitié malade. Mon employeur accepte 1 année sans solde. Je monte ma micro-entreprise pour travailler à mon rythme à domicile. Je rencontre Luc GEIGER, concepteur la de la méthode NERTI. Grâce à lui, je découvre et me forme au marketing du web. J’aide les infopreneurs à se concentrer sur leurs valeurs ajoutées en gérant ce qu’ils souhaitent me déléguer : création de process, suivi de projets, management… Je travaille grâce aux bouches à oreilles depuis septembre 2015. depuis quelques mois je mets en place des actions pour me rendre visible sur le web.
J’ai démissionné en septembre 2017 de mon poste de chef de service éducatif pour continuer à développer mon entreprise. Impossible pour moi de redevenir salariée. Mon temps est précieux. Je veux le passer auprès de personnes passionnées, bienveillantes et ayant des valeurs et une éthique similaire comme les miennes. J’ai 50 ans et je sais que tout est encore possible !

Charlotte

Charlotte

Charlotte

Date de publication du témoignage :

RDV avec Charlotte (Vienne) : elle aborde son deuxième cancer avec une approche saine et partage ses enseignements dans son application myCharlotte.

J’ai 28 ans, ca fait un mois que je viens de rencontrer celui qui deviendra mon mari, je suis amoureuse, j’ai un job dans une super boîte après avoir fait de bonnes études, un cercle d’amis merveilleux. Tout pouvait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Jusqu’à l’annonce du diagnostic : un cancer du sein, une ménopause artificielle, zéro libido, je prends 10 kg tout au long des chimio, radio et hormonothérapies, bref, plus rien de tourne comme avant. Pourtant je la veux ma vie d’avant, dans l’insouciance et la joie de vivre. Je m’accroche, je retrouve un job plus que prenant, je sors, je résiste et je suis forte. Un an après m’être mariée je pense voir ma gynéco pour comprendre pourquoi je tarde à tomber enceinte. Deuxième coup d’arrêt : une récidive. Double mastectomie, nouvelle chimiothérapie, on recommence.
Sauf que cette fois-là je me dis que c’est un message fort que mon corps m’envoie. Peut-être n’est-il tout simplement pas d’accord avec ma façon de vivre. Je le fatigue trop, je me fais violence plutôt que d’être tendre avec moi-même ? Je vois ce second cancer comme un avertissement majeur et prends le temps de faire une pause, de réfléchir, de me faire aider par d’autres. J’organise mon quotidien autour d’activités qui me font du bien : le Pilates, le yoga, la méditation, un changement dans mon alimentation. Les traitements se passent tellement mieux que la première fois et je décide alors d’opérer un changement durable. « Quoi, tu as fait Scpo pour devenir prof de Pilates ? » Oui, j’ai fait cela. Et je travaille maintenant aussi avec des personnes qui sont malades, je me fais du bien au quotidien et j’essaie de transmettre ce que la seconde maladie m’a enseigné : accepter une situation et choisir d’agir, décider de faire autrement afin de vivre sereinement avec la situation donnée. Je n’aurai pas d’enfants, mon corps est trop fatigué apparemment, mais j’ai une vie de couple merveilleuse et un projet commun avec mon mari : celui de transmettre à d’autres femmes un peu de notre expérience : l’application MyCharlotte est en train de voir le jour, afin de permettre à d’autres de mieux vivre avec les effets secondaires des traitements contre le cancer du sein. Les cancers m’ont apporté tant d’expériences au cours desquelles je me suis trouvée.

Luz

Luz

Luz

Date de publication du témoignage :

Il y a 5 ans jour pour jour, mes certitudes ont volé en éclat. Alors que j’étais enceinte de 7 mois, dans une forme olympique et très enthousiaste de commencer un nouveau job, j’apprenais que j’étais atteinte d’un cancer du sein à un stade avancé (stade 3B). Je pensais être au plus bas. Puis, j’ai appris que j’étais génétiquement prédisposée au cancer et mes chances de survie à horizon 5 ans étaient de 30 %. J’étais KO, à terre….
Mon aîné avait 7 ans, ma fille avait un an, mon bébé était né prématurément et l’on se croisait en soin néonatal au hasard de mes nombreux RDV médicaux où je me trainais avec une cicatrice de césarienne encore à vif. Je me demandais si je les verrais grandir.
Et même si je m’en sortais, ma vie pourrait-elle jamais redevenir comme avant ?
Aujourd’hui, j’ai la réponse : ma vie n’est jamais redevenue comme avant
. Je me suis d’abord accommodée de ce nouveau moi. Physiquement, après 3 ans de traitement et de chirurgies, je gère au jour le jour les stigmates de la maladie et les 70 cm de cicatrices qui ont recomposé mon corps. Mais psychologiquement, la transformation a été encore plus radicale et de manière étrangement positive. Oui j’ai été fragilisée et je me sens vulnérable. Mais j’ai surtout acquis la conviction que la vie valait d’être vécue pleinement. Ce sentiment d’absorber la vie par tous ses pores. Cette sensation de sentir l’énergie qui circule dans ce voisin qui nous salue, le vent dans les branches, mon enfant qui rit et les cellules de mon corps qui palpitent du bonheur d’être là. 
Je suis cette boule d’énergie et c’est moi qui choisis ma voie. Car finalement, le plus gros obstacle sur le chemin de la vie, c’est soi-même. Nos peurs, nos doutes, nos croyances limitantes nous barrent la route. Une petite pierre se dresse devant nous et c’est une montagne !
Étrangement, ces fameux 30 % m’ont donné une liberté inattendue et inespérée. Certes, je n’ai pas le contrôle d’être ou pas dans les 30 % rescapés, mais j’ai le contrôle de choisir quelle vie je veux vivre, où j’investis ou pas mon énergie. 
5 ans après, j’ai créé ma boîte de consultante, formatrice et coach. Je démarre une activité que j’ai façonnée à ma manière. Je gère mes contraintes mais surtout je me nourris des échanges avec ceux qui m’entourent. 5 ans après, mes enfants ont 5, 6 et 12 ans et me comblent.
Je voulais partager avec vous mon récit. J’ai créée cette tribune pour offrir à tous ceux qui, atteints du cancer, se sont renouvelés, se sont réenergisés, se sont vivifiés. Je les appelle les « cancer bloomers ». Ils peuvent déposer leur récit de #cancerbloomer sur cette page Facebook et avec le hashtag #CmyNewMe. 
Et pour ceux qui sont encore dans la maladie, je voulais vous laisser entrevoir un avenir où vous ne vous demanderez pas seulement si tout redeviendra jamais comme AVANT mais plutôt qu’est-ce qu’est-ce que vous pourrez construire de beau APRÈS.

Luz d’Ans