Vivi

Vivi

Vivi

Date de publication du témoignage :

RDV avec Vivi (France), qui a brillamment repris ses études et changé de voie professionnelle, malgré les traitements.

J’ai 41 ans. Après avoir travaillé pendant 13 ans dans le secteur de l’automobile, j’ai repris, à côté de mon travail, des études de lettres modernes. Fin 2015, ma boîte m’a proposé un licenciement « à l’amiable ». J’avais un projet professionnel qui mûrissait depuis quelques années : être prof de lettres et ce licenciement était sans doute une opportunité pour changer enfin de cap professionnel !
J’ai trouvé un poste de contractuelle dans l’enseignement. J’ai été parachutée devant des classes avec un savoir, certes, mais aucune formation sur comment construire un cours et comment gérer une classe. Je travaillais sur deux collèges éloignés l’un de l’autre. J’avais 4 niveaux, des cours à préparer, un bébé que j’allaitais toujours, une grande fille de 4 ans et un compagnon qui faisait le maximum pour me soulager. Malgré l’épuisement, je me disais que ce boulot était fait pour moi. Je me suis donc inscrite en master de l’enseignement des lettres et j’ai été acceptée.
Puis, sous la douche, j’ai eu la surprise de sentir une boule. Mon allaitement étant fini depuis quelques mois, je me disais que c’était certainement des galactocèles. J’en ai quand même parlé à mon compagnon… Il m’a dit que cela faisait quelques semaines qu’il avait remarqué que mon sein était déformé… Je lui ai rétorqué qu’il se faisait des idées.
Deux jours après cette découverte, je me suis résolue à contacter mon médecin. Lorsqu’il m’a auscultée, il a paru assez préoccupé et m’a prescrit une mammographie… Deux semaines plus tard, on me convoque à nouveau pour d’autres clichés, puis pour une biopsie. Le médecin, avec beaucoup de tact, évoque la possibilité que ce soit un cancer… Le diagnostic tombe : cancer canalaire infiltrant de grade 3, stade 3.
Ma grande fille a 5 ans et demi et ma petite dernière a 18 mois. Lorsque le chirurgien m’explique tout cela, je pense à elles. Je ne pleure pas jusqu’à ce que je comprenne que je vais devoir subir des cures de chimios très lourdes et que je vais perdre mes cheveux. Je ne veux pas que mes filles me voient sans cheveux.
Lors de cet entretien avec mon chirurgien, j’évoque ma formation débutée il y a juste deux mois. Il m’encourage à la poursuivre malgré les traitements. Je sors du centre de cancérologie et décide donc de retourner en cours. Je m’effondre dans les bras de mes compagnons de formation… J’informe mes formateurs de mon état mais leur indique que je poursuivrai mon cursus universitaire.
Ma première chimio a lieu le 8 décembre 2016. Elle se passe bien mais dès le lendemain la cicatrice du pac commence à me gratter, puis à suppurer. Mon médecin me donne une ordonnance pour faire un prélèvement. Je me rends directement dans mon centre de cancérologie : je passe au bloc et on me retire le pac puis je rentre chez moi le soir.
Dans la nuit, mon compagnon se lève pour aller travailler. Il me demande comment je vais : je vais bien et me rendors. À 5 h, je me réveille en sursaut et suis prise de violents tremblements puis de vomissements. Mon esprit se trouble, j’ai mon compagnon au téléphone plusieurs fois. Mon frère arrive chez moi et me conduit en centre de cancérologie. Le diagnostic tombe : sepcis sévère (infection générale) et aplasie. Je reste une semaine en soins intensifs et je sors deux jours avant Noël 2016.
Je reprends les cours en janvier 2017. J’ai une tonne de travail, de dissertations en tout genre, des travaux de recherche à effectuer. Et je poursuis mes chimios : 16 au total. Les effets sont violents : vomissements et fatigue. Je travaille et révise quand je peux. En avril 2017, je passe les écrits du Capes. Contre toute attente, je suis admissible aux oraux. Début juillet 2017 : je suis lauréate du Capes et je réussis mes examens de master 1.
J’ai un peu de répit pendant le mois de juillet puis j’enchaîne sur la radiothérapie. En septembre 2017, je fais ma rentrée dans un lycée en tant que prof stagiaire et je poursuis en parallèle mon master 2. Octobre 2017, je suis arrêtée un mois pour subir ma mastectomie avec reconstruction immédiate par lambeau du grand dorsal.

Alexandra

Alexandra

Alexandra

Date de publication du témoignage :

RDV avec Alexandra (région Lyonnaise). Son cancer de l’utérus lui a appris « qu’il faut aimer la vie et l’aimer même si le temps est assassin… ».

Il y a un an, jour pour jour, j’attendais dans une salle d’attente, assise sous une affiche prémonitoire invitant les femmes à se faire vacciner pour se prémunir d’un possible cancer du col de l’utérus. Puis un gynécologue m’annonçait que j’avais un carcinome épidermoïde… « À tes souhaits ! ».
Je l’entendrais me déblatérer des termes incompréhensibles, tout en cherchant sur mon téléphone ce que signifiait « carcinome épidermoïde ». Je l’entendrais me dire que j’ai déjà un enfant alors…, mais je ne l’entendrais pas me dire que c’est un cancer… je ne l’entendrais pas me rassurer… je ne l’entendrais pas chercher à savoir comment j’allais faire les trente kilomètres seule en voiture après avoir entendu ce diagnostic… et puis je l’entendrais me dire qu’ils sont très compétents à Léon Bérard… s’il y avait eu un doute, il n’y en avait plus.
Ce vendredi soir de février 2018, j’apprenais qu’une bombe à retardement avait élu domicile dans mon utérus. J’allais également apprendre qu’à défaut de ne s’attaquer qu’à moi, elle était prête à péter à la « gueule » de tous ceux qui m’entourent ! Pendant un mois, ça a été la course aux examens : IRM, petscan, et autres réjouissances parfois très douloureuses… avec des équipes souvent à l’écoute, parfois insensibles. Et puis le soulagement quand on apprend que ça n’est pas étendu : une petite masse de 3 cm mais qui n’a pas encore envahi le reste. Après avoir été effondrée d’apprendre le cancer, me (nous) voilà rassurée de savoir qu’il n’a pas posé ses valises de partout. Parce que finalement, on se rassure toujours en trouvant pire ailleurs, parce qu’en effet, il y a pire dans la vie.
Avec chance, une hystérectomie élargie suffira à virer ce crabe. Pas de chimio, de radio, d’hormono… mais pourtant cette peur qui colle à la peau. Cette peur pour soi, mais surtout pour les autres et pour mon petit chou qui venait de fêter ses deux ans. Les adultes se débrouilleraient, mais lui comment ferait-il pour vivre sans sa mère ? Alors on se bat et la seule voie possible devient celle de la guérison. Et de tous bords se déploient des élans d’amour, de soutien. Par des mots, des gestes, des silences, des absences… j’ai vu dans leurs yeux la douleur, la peur, le sentiment d’impuissance mais surtout l’amour.
Alors je remercie ceux qui étaient là, ceux qui n’ont pas pu l’être, ceux qui pouvaient en rire et ceux qui en pleuraient, ceux qui m’ont soutenu et ceux qui n’ont pu le dire. Je remercie mon chéri pour son indéfectible soutien et ma mère pour tout (puisqu’elle a littéralement tout fait) et puis les autres, et les chirurgiens, médecins, infirmières… Léon Bérard… pour cette prise en charge rapide et efficace avec la sensation de ne pas être qu’un numéro mais un patient à qui on laisse le choix, à qui on explique les divers protocoles possibles, à qui on assure un suivi remarquable et à qui, accessoirement, on sauve la vie.
Aujourd’hui, un an après, des contrôles tous les quatre mois viennent me rappeler (même si finalement j’y pense chaque jour) que ce foutu cancer peut venir, repartir, rester, dormir mais ne se fait jamais oublier ! Puisqu’on parle de rémission et non de guérison pendant au moins cinq ans. Parce que, quand on a cohabité avec la mort, on sait qu’elle peut surgir à n’importe quel moment.
Ne vous dites jamais que vous n’êtes pas concerné(e), faites des examens réguliers, et comme le disait l’autre « n’oubliez pas qu’il faut aimer la vie et l’aimer même si le temps est assassin… »

Bérangère

Bérangère

Bérangère

Date de publication du témoignage :

RDV avec Bérangère (près de Metz, Lorraine), touchée par un cancer du côlon, elle trouve que la vie est belle malgré tout !

J’ai 38 ans et une fille de 13 ans.
On m’a décelé à 29 ans un adénocarcinome colique stade 4 en 2010… Pour faire plus simple un cancer du côlon stade 4.
Lorsque l’on m’a annoncé ma maladie j’étais jeune insouciante et je ne connaissais rien à tout ça… Biopsie, scanner, irm, chimio, cancer….. Le mot était lancé….
Ma fille avait alors 3 ans et demi….
Dans la foulée j’ai été opérée pour me retirer une partie du colon puis les chimios ont commencé….. Bizarrement je le vivais bien… Puis beaucoup de récidives (poumons, ovaires, reste du colon péritoine…) ont fait de cette étape de ma vie….. ma nouvelle vie.
J’ai été énormément entourée par ma famille et le seul fait de savoir que ma fille est si jeune m’a permis de me battre plus fort et toujours plus loin. Ça n’est pas facile mais son seul sourire m’a toujours suffi.
Je suis actuellement toujours en traitement et je me bats chaque jour pour voir ma fille devenir adulte.
Pour conclure la vie est belle et l’essentiel reste l’amour, la joie, l’écoute, et surtout toujours aller chercher au fond de nous-même, les ressources nécessaires pour aller plus loin.

https://www.facebook.com/Cancer-Du-Colon-Mon-Combat-1985177328468415/

Audrey

Audrey

Audrey

Date de publication du témoignage :

RDV avec Audrey (Nord de Paris). Aidante, elle accompagne et soutient à 1000% son père dans son combat contre la maladie.

J’ai 37 ans et je suis ce que l’on nomme une « accompagnante-aidante ». Mon histoire a commencé le 6 juillet 2017, lorsque les résultats des examens se mon père sont arrivés. Quelques céphalées, vite devenues insupportables : mon père passe un scanner et consulte un ORL. Après analyse d’un prélèvement, le verdict tombe : « adénocarcinome de l’éthmoïde – Stade 4 N0 M0 », un cancer très rare qui touche environ 200 personnes en France chaque année.
À ce moment précis, viennent la stupeur, la colère, l’angoisse et… on pense à la mort.
Ensuite, tout s’est enchaîné très vite et ma vie a pris une autre direction. Elle avance au rythme des examens, des rendez-vous médicaux etc… Inconsciemment, j’ai dit au revoir à mon entreprise, mon père étant devenu ma priorité. Je deviens son pilier, ma mère n’étant pas assez forte psychologiquement au départ.
Je veille sur lui, je le soutiens, je le rassure mais chaque jour, j’y laisse une partie de moi. J’endosse le rôle à 1000 % car celui-ci est nécessaire, demande une présence, une stabilité à toute épreuve, mais est pourtant si peu connu, ou reconnu. Et je sais que ma sœur, ma mère et moi resterons abîmées par cette épreuve.
C’est une évidence, ma vie a changé, et je le dois à mon père. Impossible de le laisser seul et ce choix s’est fait sans aucune hésitation. Une des plus belles décisions de ma vie. J’ai tellement appris sur mon père, le courage, la résilience, la notion de présence, d’absence, sur moi-même mais aussi sur l’isolement dû à ce statut. Quant à moi, j’en ressors plus forte mais aussi abîmée avec beaucoup de questionnements : « Suis-je bien à la hauteur ? Que pourrais-je faire pour lui ? Que ressent-il ? Ai-je fait le maximum ? »
Mon père lutte, mais il reste lucide. Après une chimio adjuvante, une exérèse, une chimio-radiothérapie, rien n’y fait : ce « crabe » est toujours là. Douze mois plus tard, il va le priver de sa vue. Une fois de plus ma vie bascule. Il faut désormais le guider à chaque pas, sans qu’il ne se sente un fardeau.
J’ai accueilli la douleur « des mots et des maux », car oui il ne faut pas se mentir, les résultats, les examens, le parcours chimio-radio, les opérations, le changement physique-moral, les humeurs, etc…, laissent des traces, même si ce n’est pas toi le concerné !
Aujourd’hui, mon père se bat mais les traitements n’ont aucun effet sur sa tumeur. Son plus grand regret est de ne pas voir son petit-fils grandir.
Ce crabe étant toujours présent, je continue à accompagner mon père dans son parcours. Cependant, j’ai décidé de reprendre ma passion, qui consiste à accompagner les personnes dans leur développement personnel (que celles-ci soient malades ou non) et je me suis formée également aux soins énergétiques, car les mots deviennent souvent des maux.
Quoi de mieux que de redonner un sens à sa vie ? Quoi de plus beau que de redonner un sourire ?
J’ai recentré ma vie sur d’autres valeurs plus profondes, plus aimantes, et sur la vie tout simplement.
Je dédicace ce texte à mon père, à ma sœur, à ma mère, ainsi qu’à l’ensemble des aidants.

👉https://www.facebook.com/Audray-TARA-435380070536413/

Sylvie

Sylvie

Sylvie

Date de publication du témoignage :

RDV avec Sylvie (Poitiers). En rémission depuis deux ans, elle positive et s’est lancée dans la création de bijoux.

Fin octobre 2016, lorsque j’enlevais mon soutien-gorge, je sentais comme un coup d’aiguille dans mon sein droit. J’ai pensé que c’était peut-être la couture. Le lendemain, idem. Là, j’ai pensé « bah voilà ma cocotte, tu vas avoir 50 ans, ça commence à te travailler ». Mais les jours qui ont suivi c’était pareil… J’ai ensuite appris que mon frère avait un cancer colorectal, et je me suis dit : « Mon frère à un cancer, il faut que je palpe mon sein c’est peut-être une grosseur ». Bingo !
Le médecin m’a dit qu’il sentait bien aussi quelque chose, qu’il ne fallait pas s’inquiéter mais qu’une mammo était nécessaire. La radiologue m’a fait passer mammo puis écho et a confirmé qu’elle voyait 2 tumeurs et qu’il fallait faire des biopsies. On me découvre alors des calcifications.
Résultat 3 semaines plus tard, accompagnée de mon mari : « Nous vous confirmons que vous avez un cancer HER2+ et il faudra peut-être faire une mastectomie. Il faut aussi que vous reveniez faire des biopsies des calcifications ».
Résultats 3 semaines plus tard chez le chirurgien. : je dois passer un TEPSCAN pour vérifier si je n’ai pas de tumeurs ailleurs car mon cancer est invasif, et les calcifications sont cancéreuses. Il va m’opérer mais fera son possible pour sauver mon sein. Il m’annonce de la chimio. Un petit cri m’échappe lorsque j’enlève mon soutien-gorge pour l’auscultation : il presse alors mon mamelon et du liquide sort. Il pense que c’est la maladie de Pagette donc biopsie. Les larmes coulent sur ma joue…
Résultat 3 semaines plus tard : Maladie de Pagette. Je passe mon TEPSCAN et vu les semaines qui se sont écoulées, avec cette descente aux enfers, je suis pétrifiée. Il faut encore attendre une semaine pour les résultats… Ouf il n’y a rien ailleurs.
Au cours de mon opération, le chirurgien analyse la glande sentinelle : elle est métastasée. Il m’annonce donc de la radiothérapie en plus de la chimio.
Il y a des gens qui disent avoir vécu l’annonce du cancer comme un tsunami. Moi non. Je dirai plutôt que je me sentais spectatrice de ce qui m’arrivait. Je me voyais descendre aux enfers étage après étage, sans savoir où ça allait s’arrêter, jusqu’à me demander si on ne me conduisait pas à la mort, en me faisant cuire à feu doux. Je me consumais.
Deux ans plus tard, je suis une Amazone, fatiguée, avec un bras droit qui n’est pas au top. J’ai perdu mon frère. Je suis une Amazone heureuse d’avoir un mari hors du commun, des enfants merveilleux. Je suis une Amazone plus forte que jamais, qui maintenant pense à elle avant de penser aux autres.
Ce cancer m’a ouvert les yeux sur la beauté de la vie. Je tourne le négatif en positif. Je suis chez moi, tranquille, au calme, sans stress. Mon mari m’a fait un atelier où je réalise ma passion : la création de bijoux. Je ne peux en faire qu’une heure par jour mais c’est mieux que rien. Alors là aussi je positive : ça me laisse du temps pour me promener, pour me reposer. De toute façon, je ne pourrai plus reprendre le travail, là aussi il faut que je fasse mon deuil…
Je ne suis pas guérie et je ne le serai jamais. En rémission à vie. Il ne tient qu’à moi d’être heureuse. J’aime la vie. Le positif attire positif, alors je m’y attelle. Et lorsque j’ai des coups de mou, je me booste !

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