Esther

Esther

Esther

Date de publication du témoignage :

RDV avec Esther (Bordeaux). Une fois les traitements lourds terminés, elle réalise à quel point ça a été dur et compliqué.

Toute ma vie a été modifiée. J’ai arrêté de travailler. J’ai déménagé à Bordeaux pour mon traitement. J’ai moins vu mes enfants. J’ai dû lâcher ma vie quotidienne habituelle. Lâcher des préceptes. Des croyances. Des notions. J’ai morflé, physiquement, émotionnellement mais sans m’en rendre compte. Je le vois maintenant. Quand j’étais dedans, j’étais un bon soldat, j’avançais.
J’ai passé toutes les étapes une par une sans vraiment réaliser que c’était dur. La chimio, l’opération, le covid au milieu, la radiothérapie. C’est maintenant que je réalise combien j’ai morflé. Je l’ai fait, mais ne le referai pas.
Le plus dur, ce n’était pas de perdre les cheveux, c’était de perdre les sourcils, les cils. Le plus dur, ce n’était pas la chimio, c’était l’injection de globules blanc après, c’était l’organisation des rendez-vous, et la charge mentale sans avoir de mémoire.
J’ai été très seule. Seule car mon homme n’a pas été là. Il semble que cette maladie l’a encombré. Comme un homme jaloux quand sa femme a un enfant, et qu’il n’est plus au centre… Je ne sais pas. Je me suis sentie moins aimée que jamais. Sans valeur. Et ça a été le plus dur. Trouver ma valeur par moi-même. Pour moi même…. La valeur de la vie aussi….
https://www.instagram.com/esther_atokomahia/

Garlon

Garlon

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Date de publication du témoignage :

RDV avec Garlon (Bellegarde sur Valserine). En pseudo rémission d’un cancer du canal anal métastatique, elle déborde de projets !

J’ai 49 ans et demi, (et oui je compte les demis maintenant, car depuis décembre 2020, chaque mois de vie est du bonus !). Trois enfants, un époux, je suis en pseudo rémission d’un cancer du canal anal métastatique (ganglions inguinaux, foie, poumons causé par le papillomavirus) traité par chimio, radiothérapie et chirurgie du foie. Grâce à cette année de traitements de cheval, et en dépit du pronostic de mon oncologue (1 chance sur 2 pour que le cancer devienne chronique, de la chimio à vie, espérance de vie écourtée à 5 ans max), j’ai finalement défié toutes les statistiques !
Rémission, le mot -miracle : une deuxième chance dont je mesure l’incroyable valeur chaque matin. Du temps gagné pour voir grandir mon petit de 8 ans, pester contre mes ados, et embrasser mon mari. Foncièrement, le cancer n’a pas opéré de changement radical mais a plutôt accéléré un processus d’introspection déjà bien enclenché. Depuis, je me focalise toute entière sur cet objectif « Pas de troisième récidive». Pour cela, voici ma recette : une attitude positive, de l’aquagym, de l’art de la parole, du lien ! Mes ingrédients : m’éloigner de tout ce qui est toxique, relativiser et prioriser, dire non, m’organiser un agenda raisonnable, me faire plaisir, pratiquer une activité physique encadrée et régulière, équilibrer les périodes de repos et d’activité, et bannir les choux de Bruxelles ! Pour le moment, je chemine sur le sentier de la résilience et de la thérapie à travers la créativité tous azimuts et sur des supports différents (arts plastiques, écriture, vidéos, audios, chant et musique) ainsi que la participation aux ateliers associatifs.
Pendant mes traitements, je n’ai pas eu un parcours lisse. Je suis d’ailleurs connue pour la « patience aux effets secondaires atypiques et aux approches veineuses compliquées » ! Pour les chimios, j’ai fait des allergies, des thromboses sur les trois chambres implantables, responsables d’une sténose de la veine cave supérieure ; depuis je suis sous anticoagulants à vie.
Pendant la radiothérapie, j’ai eu des brûlures du troisième. Chimio et radiothérapie ont entrainé des troubles digestifs (incontinence anale, douleurs abdominales, diarrhées). Hélas, pas vraiment de solutions efficace… Pour les neuropathies des pieds et mains, j’ai renoncé aux médicaments et j’ai opté pour la piscine, l’hypnose, les massages, la marche, la codéine en cas de crises. Les douleurs articulaires seront permanentes, l’objectif est de les rendre gérables au quotidien.
Côté réussite, je me suis tenue à une « hygiène chimio » : profiter le plus possible pendant mes semaines sans chimio. Ne pas me laisser abattre, partir avec mon camping-car, humer la vie et être comblée par ces petits bonheurs simples ! Dès le début, un projet de sublimation s’est immiscé puis imposé. J’ai attendu que le « chemofog » soit moins violent pour me lancer éperdument dans une démarche créative. Il me fallait absolument transformer cette épreuve en quelque chose de positif, en quelque chose tout court. J’avais deux voies : la création et le témoignage, aussi cathartiques et thérapeutiques l’un et l’autre. Je me laisse guider par Yseult, mon personnage autobiographique du roman que je suis en train d’écrire, je continue les témoignages vidéos sur ma chaine Youtube et je réponds aux invitations (France 5, podcast Cancer je gère, Rose-up). Ma marque de fabrique oscille volontairement dans un registre percutant, poignant et drôle. L’autodérision est pour moi un bon médicament ! J’ai créé un blog pour centraliser mes productions et j ’envisage de m’investir dans des animations pour sensibiliser des jeunes filles et garçons à la vaccination contre le HPV et au dépistage précoce. Dans les établissements scolaires, ou les planning familials ou services gynéco ? A suivre…

https://garlondreneucverga.wixsite.com/cancer
https://www.youtube.com/channel/UCoAc2_eJUfAiF9X5GgrCj_A
https://fr.calameo.com/accounts/6759419

Audrey

Audrey

Audrey

Date de publication du témoignage :

RDV avec Audrey (Haute Savoie). Après son cancer du sein, et celui de sa maman, elle créé K-hope in pour partager son expérience de malade et d’aidante.​

J’ai 37 ans, mariée et un enfant de six ans.
On m’a diagnostiqué un cancer du sein à 32 ans. Pour les détails, je suis une fausse triplette : ma mutation et la très très faible réponse hormonale font dire à l’oncologue de mon centre de chimio que je suis triple négative, et à l’oncologue du centre où je suis suivie que ce mini-pourcentage mérite quand même de prendre l’hormonothérapie.
Et comme je ne fais que rarement les choses comme tout le monde, avec ma maman, on a fait coup double, puisque trois mois après mon diagnostic, c’est le sien qui est tombé : cancer des ovaires.
J’ai eu le package complet : mastectomie, chimio, radio, puis on est passé au prophylactique avec le sein restant, doublé de la reconstruction puis ablation ovaires et trompes. Me voilà donc avec un corps tout neuf.
En revanche côté professionnel, ça n’a pas suivi : un poste physique doublé de responsabilités, un employeur peu conciliant et l’arrivée du Covid ont repoussé ma reprise à plusieurs reprises, me faisant arriver à une fin de droits et donc à l’impossibilité d’un mi-temps thérapeutique. C’est finalement la médecine du travail qui a eu le dernier mot : licenciement pour inaptitude.
Bonjour nouvelle vie. Après un an de chômage à chercher ce que je voulais faire de ma vie, je savais bien ce que ne voulait plus mais quant à ce que je voulais …
Aujourd’hui, je tente de créer « K-hope in », une boutique ambulante dédiée aux personnes atteintes de cancer (cosmétique, textile, accessoires coiffants, franges, …) qui sillonnerait la Haute-Savoie. Je souhaite allier mon expérience personnelle de patiente, mais aussi d’accompagnante, à mes compétences professionnelles.
Pour voir naître ce projet, j’ai mis en place une cagnotte en ligne sur la plateforme Kocoriko (clôture le 19 mars à 10h) afin de m’aider à boucler mon financement de départ, parce que, il faut bien l’avouer, après trois ans d’arrêt maladie, les finances sont limites et investir ce qui nous reste, quand on sort d’un cancer, c’est clairement effrayant.
https://www.facebook.com/k.hope.in
https://www.instagram.com/k.hope.in/

Alexandra

Alexandra

Alexandra

Date de publication du témoignage :

RDV avec Alexandra (Haute Goulaine). Après son cancer du sein, elle a découvert la passion des voyages à vélo et ne s’arrête plus !

J’ai 35 ans. J’ai eu un cancer du sein il y a trois ans, avec les traitements suivants : chimiothérapie, mastectomie complète du sein droit, radiothérapie, herceptin. Je suis toujours sous hormonothérapie.
Durant ma chimiothérapie, j’ai fait le choix d’accueillir gratuitement à la maison, en couchsurfing, des voyageurs du monde. Cela m’a permis de continuer à voyager (passion que je nourris depuis 10 ans). C’est lors d’une de ces rencontres que le « virus » du vélo voyage m’a été transmis.
J’ai commencé par une courte distance : Nantes/ Tours, entre la chimio et la mastectomie. J’ai parcouru 250km à vélo, seule avec ma tête chauve.
Deux ans plus tard, comme le reste du monde, je fais face à une pandémie mondiale. Je profite de ce temps suspendu pour m’informer et lire une quantité incroyable de blogs sur le vélo voyage longue distance.
C’est ainsi que j’ai réalisé un tour de France, en 2020, seule en parcourant 5200km en trois mois. Une aventure formidable qui m’a fait prendre conscience que le cancer m’avait certes mise à terre deux ans auparavant, mais qu’il avait développé en moi une profonde rage de vivre l’instant présent.
En rentrant, j’ai été opérée deux fois dans le cadre de ma reconstruction mammaire, celle-ci n’est pas terminée. Il me reste encore trois voire quatre opérations mais l’appel de l’aventure et du voyage est plus fort que tout. C’est la raison pour laquelle je suis repartie le 9 juin 2021 pour un tour d’Europe, toujours à vélo et toujours seule.
« Toujours plus loin, toujours plus fort »
Je suis allée jusqu’à la mer Noire, puis je suis rentrée par la Grèce et l’Italie. Je suis rentrée chez moi, le 11 Novembre 2021 après 8450km parcourus.
J’avais mis en place une cagnotte en ligne dont j’ai versé 40% à l’association « Ma parenthèse » de Basse Goulaine. Ce voyage m’a permis de leur reverser 1000€.
J’ai toujours aimé voyager (Stage à Londres, PVT au Canada, Tour du monde en sac dos…)
Le voyagé à vélo, c’est la continuité de ma vie d’avant grâce au voyage, mais avec un pouvoir magique en plus… le vélo.
Le vélo voyage, c’est le bonheur de la découverte, le plaisir de la rencontre ; la liberté, cheveux au vent ; l’impression que le monde nous appartient ; que tout est possible !
C’est reprendre confiance en ses capacités physiques après une épreuve comme le cancer, c’est même s’en découvrir de nouvelles car je n’étais pas une grande sportive avant la maladie !
« Maintenant que l’incroyable est fait, passons à l’impossible ».
Vous l’avez compris ce mode de voyage est addictif, alors j’ai décidé de repartir encore une fois.
Cette fois, une destination réputée plus difficile sportivement (oui je suis une peu maso). En route pour le Nord, la Scandinavie et plus précisément le village du Père Noël !
Tous mes voyages ont eu pour but de booster ma confiance évidemment, mais aussi de communiquer et d’informer sur le cancer du sein, et surtout de passer un message d’espoir aux femmes atteintes de cancer : il y a une vie incroyable après la maladie !
https://www.facebook.com/Adventuresoftataalex
https://www.instagram.com/adventures_of_tata_alex/?hl=fr
https://studio.youtube.com/video/CFYYytSG-os/edit​

Solenn

Solenn

Solenn

Date de publication du témoignage :

RDV avec Solenn (Nantes). Atteinte d’un cancer du sein à 24 ans, elle veut plus que jamais profiter de chaque instant et casser le cliché selon lequel « on est trop jeunes pour un cancer ». ​

J’ai 24 ans. Il y a un an, je découvrais un tuto expliquant l’autopalpation. Pour la première fois de ma vie, et sans trop de conviction, je palpais mes seins. Comme tombé du ciel, c’est ce tuto qui m’a permis de sentir une boule dans mon sein à temps. S’en sont suivis divers examens, jusqu’au diagnostic : contrairement à ce que tout le monde voulait croire, cette boule n’était pas un kyste mais un cancer du sein. Par chance, je l’ai découvert tôt et j’ai “juste” eu une tumorectomie, de la radiothérapie, et maintenant cinq ans d’hormonothérapie.
Le cancer m’a fait réaliser que tout ce qu’on pensait acquis peut disparaître du jour au lendemain. Un an après, accepter cette réalité est parfois encore difficile. J’ai perdu un équilibre et je dois en trouver un nouveau. Contrairement à ce que j’imaginais, la phase la plus difficile mentalement se trouve lorsque la maladie est partie. Je dois réapprendre à aimer mon corps, qui m’en a fait bavé et qui a changé, accepter les cicatrices et douleurs qui me rappellent quotidiennement que ma vie a brutalement failli basculer. Je dois apprendre à vivre avec la culpabilité d’avoir fait stresser mon entourage. Je dois apprendre à étouffer ma peur de la récidive, et à gérer mon stress lorsque quelque chose vient me rappeler le cancer à un moment où je ne m’y attends pas. Je sais que j’y arriverai, tout comme je sais que ma bonne étoile est là pour me guider. Je garde en tête que ma santé va bien, et c’est vraiment ce qui compte le plus pour moi maintenant.
Ce cancer, en me montrant ce que je suis capable d’endurer physiquement comme mentalement, a réveillé mon goût du challenge. Je me suis rendue compte que je suis capable de faire des choses qui me paraissaient impossible, comme trouver deux emplois en pleine crise du Covid et quelques semaines après avoir été diagnostiquée de mon cancer. J’ai, aujourd’hui plus que jamais, envie de profiter de chaque instant intensément, me dépasser, aller au-delà de ce que je pense être mes limites. Peut-être qu’inconsciemment, je ne veux pas être réduite à cette maladie et je veux montrer ce dont je suis capable. Je suis aussi convaincue que, d‘une certaine façon, le cancer m’a permis de renforcer certaines facettes de ma personnalité.
En m’obligeant à me concentrer sur moi, et seulement moi, le cancer m’a permis de me redécouvrir et de reprendre confiance en moi. Je ne dirais pas que c’était un mal pour un bien, mais ce cancer m’a, sous certains aspects, été bénéfique.
Pour avancer vers ce nouvel équilibre, j’ai décidé de tourner cette « expérience » en une chose positive et utile, et de me tourner vers les autres pour aider comme j’ai pu être aidée.
Aujourd’hui, trop de retards de diagnostics ont encore lieu sur des jeunes femmes et entraînent des traitements lourds. Je témoigne et m’engage car je ne veux pas faire figure d’exception, je veux que ma chance devienne la norme. Je veux que les femmes, peu importe leur âge, aient accès aux mêmes soins, que chaque médecin réagisse comme le mien a réagi, c’est-à-dire sans perdre de temps.
Enfin, je veux casser ce cliché selon lequel on peut être “trop jeune pour un cancer”.
https://www.instagram.com/monptitcancer/