Esther

Date de publication du témoignage :

24 Mar. 2022

RDV avec Esther (Bordeaux). Une fois les traitements lourds terminés, elle réalise à quel point ça a été dur et compliqué.

Toute ma vie a été modifiée. J’ai arrêté de travailler. J’ai déménagé à Bordeaux pour mon traitement. J’ai moins vu mes enfants. J’ai dû lâcher ma vie quotidienne habituelle. Lâcher des préceptes. Des croyances. Des notions. J’ai morflé, physiquement, émotionnellement mais sans m’en rendre compte. Je le vois maintenant. Quand j’étais dedans, j’étais un bon soldat, j’avançais.
J’ai passé toutes les étapes une par une sans vraiment réaliser que c’était dur. La chimio, l’opération, le covid au milieu, la radiothérapie. C’est maintenant que je réalise combien j’ai morflé. Je l’ai fait, mais ne le referai pas.
Le plus dur, ce n’était pas de perdre les cheveux, c’était de perdre les sourcils, les cils. Le plus dur, ce n’était pas la chimio, c’était l’injection de globules blanc après, c’était l’organisation des rendez-vous, et la charge mentale sans avoir de mémoire.
J’ai été très seule. Seule car mon homme n’a pas été là. Il semble que cette maladie l’a encombré. Comme un homme jaloux quand sa femme a un enfant, et qu’il n’est plus au centre… Je ne sais pas. Je me suis sentie moins aimée que jamais. Sans valeur. Et ça a été le plus dur. Trouver ma valeur par moi-même. Pour moi même…. La valeur de la vie aussi….
https://www.instagram.com/esther_atokomahia/