Solenn

Date de publication du témoignage :

8 Mar. 2022

RDV avec Solenn (Nantes). Atteinte d’un cancer du sein à 24 ans, elle veut plus que jamais profiter de chaque instant et casser le cliché selon lequel « on est trop jeunes pour un cancer ». ​

J’ai 24 ans. Il y a un an, je découvrais un tuto expliquant l’autopalpation. Pour la première fois de ma vie, et sans trop de conviction, je palpais mes seins. Comme tombé du ciel, c’est ce tuto qui m’a permis de sentir une boule dans mon sein à temps. S’en sont suivis divers examens, jusqu’au diagnostic : contrairement à ce que tout le monde voulait croire, cette boule n’était pas un kyste mais un cancer du sein. Par chance, je l’ai découvert tôt et j’ai “juste” eu une tumorectomie, de la radiothérapie, et maintenant cinq ans d’hormonothérapie.
Le cancer m’a fait réaliser que tout ce qu’on pensait acquis peut disparaître du jour au lendemain. Un an après, accepter cette réalité est parfois encore difficile. J’ai perdu un équilibre et je dois en trouver un nouveau. Contrairement à ce que j’imaginais, la phase la plus difficile mentalement se trouve lorsque la maladie est partie. Je dois réapprendre à aimer mon corps, qui m’en a fait bavé et qui a changé, accepter les cicatrices et douleurs qui me rappellent quotidiennement que ma vie a brutalement failli basculer. Je dois apprendre à vivre avec la culpabilité d’avoir fait stresser mon entourage. Je dois apprendre à étouffer ma peur de la récidive, et à gérer mon stress lorsque quelque chose vient me rappeler le cancer à un moment où je ne m’y attends pas. Je sais que j’y arriverai, tout comme je sais que ma bonne étoile est là pour me guider. Je garde en tête que ma santé va bien, et c’est vraiment ce qui compte le plus pour moi maintenant.
Ce cancer, en me montrant ce que je suis capable d’endurer physiquement comme mentalement, a réveillé mon goût du challenge. Je me suis rendue compte que je suis capable de faire des choses qui me paraissaient impossible, comme trouver deux emplois en pleine crise du Covid et quelques semaines après avoir été diagnostiquée de mon cancer. J’ai, aujourd’hui plus que jamais, envie de profiter de chaque instant intensément, me dépasser, aller au-delà de ce que je pense être mes limites. Peut-être qu’inconsciemment, je ne veux pas être réduite à cette maladie et je veux montrer ce dont je suis capable. Je suis aussi convaincue que, d‘une certaine façon, le cancer m’a permis de renforcer certaines facettes de ma personnalité.
En m’obligeant à me concentrer sur moi, et seulement moi, le cancer m’a permis de me redécouvrir et de reprendre confiance en moi. Je ne dirais pas que c’était un mal pour un bien, mais ce cancer m’a, sous certains aspects, été bénéfique.
Pour avancer vers ce nouvel équilibre, j’ai décidé de tourner cette « expérience » en une chose positive et utile, et de me tourner vers les autres pour aider comme j’ai pu être aidée.
Aujourd’hui, trop de retards de diagnostics ont encore lieu sur des jeunes femmes et entraînent des traitements lourds. Je témoigne et m’engage car je ne veux pas faire figure d’exception, je veux que ma chance devienne la norme. Je veux que les femmes, peu importe leur âge, aient accès aux mêmes soins, que chaque médecin réagisse comme le mien a réagi, c’est-à-dire sans perdre de temps.
Enfin, je veux casser ce cliché selon lequel on peut être “trop jeune pour un cancer”.
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