Patricia

Date de publication du témoignage :

18 Juil. 2019

RDV avec Patricia (Villeurbanne). Forte de sa propre expérience de la maladie, elle a créé un prix de la résilience professionnelle.

J’ai rencontré Roberto un 14 février 2013 et ma vie a basculé… Roberto, c’est le prénom que l’on a donné à mon cancer du sein.
Quelques semaines après la naissance de ma fille, et quelques jours avant mon 36ème anniversaire… Une lumière éblouissante. Une lumière qui surexpose tout. Une lumière blanche d’hôpital.
D’abord le doute et la peur… Puis clairement le combat. La vie devant soi. Au sens propre et au sens figuré. Puis l’apaisement et les prises de conscience. Déposer les armes pour agir. Oui la vie a changé. Elle est amplifiée. Mon temps a pris de l’épaisseur, de l’authenticité, de la hauteur. Un temps de soin et de réalignement personnel et professionnel pour me demander ce que je voulais vraiment faire quand je serai grande.
Tout de suite la volonté implacable de ne plus travailler pour des personnes dont je ne partagerais pas les valeurs. La violence d’une négociation de départ. Une formation pour assurer la transition. Celle de coach à HEC. Un élan pour créer mon entreprise. SynchroniCités.
Initialement imaginée pour accompagner des élus après une défaite électorale et une approche de la gouvernance locale inspirée de la responsabilité sociétale, où chaque partie prenante compte. La modélisation de mon parcours pour proposer aux entreprises de faciliter le ré-accueil après une longue absence — heureuse ou malheureuse. Une succession de prises de conscience pour aller plus loin dans l’engagement.
Et un mur. Un tabou. Celui de la vulnérabilité. Accident de la vie ou de parcours, au travail il fait bon d’être parfait, fort et de tenir bon. J’ai constaté la culpabilité — ce cancer de la vie — et l’absence de responsabilité générée par le non-dit et le manque de courage.
J’ai eu envie d’agir car une personne qui se retrouve face à sa finitude ou celle de ses proches a beaucoup à apporter à un monde du travail qui perd bien souvent son nord. Sens des priorités, empathie, endurance, combativité, courage, intelligence émotionnelle… sont autant des compétences acquises — chèrement — dans l’épreuve du rebond. Des compétences qui « dopent » le management et l’engagement, libérant la créativité de ceux qui savent désormais qu’ils n’ont plus rien à perdre et qui mesurent la force du lien. Autant de pépites que recherchent l’entreprise pour assurer performance, transformation et avenir radieux.
J’ai donc retourné la médaille de la vulnérabilité. J’y ai vu la résilience. Puisqu’il est difficile d’appréhender les histoires qui commencent mal, regardons d’abord celles qui se terminent bien et faisons route arrière. C’est ainsi que j’ai imaginé le Prix de la résilience professionnelle et créé l’association ENVIE2RESILIENCE pour porter la résilience au cœur de la performance économique et sociétale des organisations.
La 1ère remise des prix a eu lieu au Sénat le 1er avril 2019. Cinquante candidatures ont été déposées et près de 200 personnes étaient présentes.
L’aventure débute avec une ambition assez forte de faire la démonstration du lien entre résilience et performance. Bien au-delà de la rime.
Il y a 6 ans j’étais en plein dedans. Je ne souhaite évidemment à personne de faire un voyage en oncologie pour découvrir qui il est. Le prix à payer est scandaleux et indécent. Son revers, une merveille de rencontres et d’émotions.
Merci la Vie.