Alice
Date de publication du témoignage :
“
RDV avec Alice (Saint André Lez Lille). Touchée par un cancer alors qu’elle était enceinte, elle a depuis créé une association et participé au Trek Rose Trip.
Quand pour mes 30 ans, on m’a annoncé mon cancer, à quatre mois et demi de grossesse, c’est un peu comme si j’étais tombée de 10 étages. Et 10 étages…c’est haut !!!
Avec la grossesse j’ai bien compris que c’était urgent et que tout irait très vite: opération, chimio, déclenchement d’accouchement, re-chimio, immunothérapie, hormonothérapie…
Bref un cercle sans fin démarrait et je n’étais pas trop prête !
La simple évocation du mot chimiothérapie me faisait flipper et je m’imaginais chauve… impensable ! (loi de l’attraction/ pensée positive : ce n’est pas arrivé !)
La simple évocation du mot mastectomie (ablation du sein) m’a vite fait relativiser le premier point…
Apprendre à vivre pendant la maladie, à s’écouter, à garder sa place de femme, de salariée, de future maman, d’enfant aussi, à se sentir femme dans un nouveau corps. C’est difficile. C’est intense. C’est rapide.
Il y a beaucoup de nouveaux mots que j’ai appris avec la maladie. J’en retiens trois qui me guident encore aujourd’hui. Lâcher-prise, résilience, relativiser.
Nous sommes tous différents face à la maladie, le plus difficile et de faire ce qui est bon pour nous, à ce moment précis de notre vie. Pour certain ce sera de se couper des autres, pour vivre pleinement l’épreuve que l’univers nous envoie. Pour d’autres ce sera, au contraire, s’entourer au maximum de monde pour être soutenu, ne pas penser.
Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réaction. Il faut être soi avant tout et se préserver le mieux possible des choses inutiles de la vie (et mon dieu qu’il y en a !).
Devenir mère en même temps qu’être confrontée à l’idée de la mort m’a donné une force terrible à plusieurs niveaux.
Savoir ce que je veux dans ma vie, dans mon travail, savoir dire stop avant que ça ne prenne trop de place, que ça ne m’affecte de trop. C’est un chemin long, difficile. Remettre en question des habitudes et pensées quotidiennes c’est éprouvant.
Mais je sais pourquoi je suis tombée malade, il y a un moment où il faut s’écouter avant tout et c’est ce que ce cancer m’aura appris : penser plus souvent à moi.
Bref…après un an de traitements, j’ai voulu prendre une revanche, ma revanche sur cette épreuve.
Me prouver que j’étais vivante plus que jamais.
Rendre fier mon entourage, l’homme de ma vie, ma fille…
J’ai créé une association avec mes deux amies qui m’ont soutenues pendant les chimios. Et nous avons participé en 2019 (un an pile après la fin de mes chimios mais toujours en traitement à ce moment-là) au Trek Rose Trip Maroc.
22 km par jour dans le désert, sous 45 degrés, pendant 3 jours, avec également une journée solidaire.
C’était magique…
De nouveaux projets se profilent pour 2021 et 2022 ! Repousser ses limites…encore et toujours. Se prouver que c’est possible.
Aujourd’hui, plus que jamais, je milite pour la prévention et la sensibilisation à l’auto palpation chez les femmes jeunes. Cette année encore, j’ai perdu plusieurs amies de moins de 35 ans…
Le message que je souhaite faire passer c’est que le cancer n’a pas d’âge…
Si vous les aimez, touchez les… montrez les ! Faites-vous suivre une fois par an par une gynécologue. Soyez attentives à votre corps. Ne vous négligez pas… Auto palpez vous…
Et prenez soin de vous !