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Sabrina

Date de publication du témoignage :

2 Juin. 2021

RDV avec Sabrina (Metz). En rémission, le cancer ne lui a rien appris qu’elle je ne savais déjà : il faut prendre soin de soi, rester connecté à son corps, à ses besoins.

En aout 2019, après quatre mois d’errance médicale et d’erreur de diagnostic, j’apprends de la bouche du remplaçant de mon médecin traitant que j’ai un cancer du sein. Un carcinome canalaire infiltrant de grade 2. Le choc, la sidération, l’idée que je n’allais pas survivre, puis celle de vouloir me battre. Un mélange incroyable de sentiments qui ne me quittera plus.
Il a fallu choisir rapidement entre garder une partie du sein malade (tumorectomie) ou m’en séparer entièrement. A vrai dire, je n’ai pas eu besoin de trop y réfléchir. Mon choix était fait dès l’annonce de mon cancer. J’ai donc subi une mastectomie totale ainsi qu’un curage ganglionnaire. Sept de mes ganglions étaient touchés. Mon cancer est passé au stade 3, et ma trouille au stade 5000.

J’ai enclenché le pilote automatique après qu’on m’ait annoncé mon protocole de soins : 15 chimiotherapies, 25 séances de radiothérapie, et hormonothérapie sur sept longues années.
Pose du cathéter, cinq mois de chimio, perte des cheveux, effets secondaires, perte des cils et sourcils, malaises, globules aux abois, lymphœdème, kinésithérapie, prises de sang, injections.

Une nuit de février 2020, prise de douleurs intestinales incroyables, je perds connaissance et me fracture le nez. Ce jour-là, mes limites ont été atteintes, mon ras le bol et mon seuil de tolérance à la douleur au maximum. J’étais physiquement au bout de rouleau.

Mon entourage a été génial. Tout le monde a veillé sur moi, ma sœur qui était enceinte de son deuxième enfant à ce moment-là m’a été d’un très grand soutien. Toujours positive, à fêter la fin des effets secondaires de chacune de mes chimios, à m’attendre à l’hôpital après ma scintigraphie.

Les obstacles dans ma maladie n’ont été que physiques. Mon moral n’a jamais flanché. Je me suis battue tous les jours, m’accrochant à mon quotidien, à ma famille, mes enfants. Un semblant de normalité dans mes mardis de chimio.
A vrai dire, je voulais retrouver ma vie d’avant, mon travail, je ne voulais tirer aucune autre leçon de ce cancer que celle de vivre encore plus fort, encore mieux qu’avant. Parce que je connaissais le prix d’un quotidien, de repères, tout ce qui vous manque quand vous passez 15h allongée, avec le cerveau retourné et le corps dévitalisé.

Ce quotidien, j’ai pu le reprendre en septembre 2020. Avec l’aide de mon médecin traitant, j’ai remis les pieds dans le monde professionnel à mi-temps. Ça fait un bien fou de travailler, de se prendre la tête sur des problèmes professionnels, d’oublier la maladie. De redevenir une personne « normale ». Avec juste une coupe très courte et des cheveux gris. Une prothèse a la place de mon sein droit.

Mais là, debout, en vie, à rire, à parler de tout et de rien.
Ce cancer ne m’aura rien appris que je ne savais déjà. Il faut prendre soin de soi, rester connecté à son corps, à ses besoins.
Je suis en rémission complète depuis décembre 2020. Je vais bien.

https://www.instagram.com/sab_et_son_ancien_cancer/