Aurélie

Date de publication du témoignage :

29 Jan. 2025

RDV avec Aurélie (Bayonne). Porteuse du gène BRCA2, et ayant perdu sa petite sœur atteinte d’un cancer du sein, elle a décidé de se faire opérer et supporte avec courage les conséquences que cela a sur sa vie quotidienne.

J’ai 37 ans et j’ai la mutation génétique BRCA2. Je le sais depuis 2017, suite à des tests dans ma famille. Ma petite sœur, âgée de 25 ans à l’époque, était atteinte d’un cancer du sein qui a été détecté en 2014.
Dès mes 30 ans, j’ai eu une surveillance accrue, programmation IRM et mammographie/ écho une fois par an, et des rendez-vous gynécologiques tous les 6 mois.
Début 2022, j’ai pris la décision de me faire opérer car je savais que j’avais une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Pendant ce temps, je voyais ma sœur se battre comme une lionne. Ca a duré des années, mais elle a tiré sa révérence en août 2022.
Je ne pouvais plus reculer et je me donnais l’obligation de le faire sans sourciller, car moi, j’avais la chance de le savoir. Je pouvais sauver ma peau, alors pourquoi attendre ?
Le rendez-vous était pris et l’opération pour ma mastectomie prophylactique bilatérale fixée au 27 Octobre 2022.
Je n’ai pas été angoissée. J’étais fière de ma décision. C’est sur la table d’opération, avant l’endormissement, que j’ai craqué en pensant à ma sœur qui s’était envolée 2 mois et demi auparavant.
Les jours qui ont suivi ont été un peu difficiles, car j’ai subi une mastectomie mais aussi une reconstruction immédiate, avec prothèses et matrices pour les maintenir. J’avais les drains de chaque côté et peu de mobilité. J’ai choisi de ne pas me plaindre : je me l’interdisais.
Le retour à la maison s’est très bien passé. Mais il n’a pas fallu longtemps pour que mon sein gauche soit douloureux, gonflé, et rouge.
J’ai revu mon chirurgien. S’en sont suivies prises de sang, ponction avec analyses, et mise sous antibiotiques. Cela a duré 3 semaines. Les analyses ont révélé une infection mais de quoi, c’était le mystère.
Le 1er décembre, je repassais sur la table d’opération en urgence. Ma prothèse a été changée et la matrice était prise dans mes tissus et infectée. Ma convalescence a duré au total trois mois.
Cela n’a pas été toujours facile : le poids des prothèses, ces nouveaux seins que je ne considère pas vraiment… L’important, c’est que je sois sauvée et que je réduise le risque de contracter le cancer du sein.
Un an après, j’ai fait mon premier lipo-modelage afin de combler les creux de mes nouveaux seins avec de la graisse de mon ventre, étape douloureuse mais nécessaire ; ainsi qu’une desombilication car mon téton gauche ne ressortait plus depuis la première opération.
Le résultat n’est pas concluant, mais bon encore une fois, je suis en vie.
Je fais aussi actuellement de la kiné, ce qui est très important pour moi, car ma peau a subi de gros changements au fur et à mesure des opérations. Elle est fibreuse et adhère aux cicatrices, il faut qu’elle retrouve sa mobilité.
Maintenant, je savoure un peu de répit avant un deuxième lipo-modelage dans un an, avec entre temps des rendez-vous de suivi.
J’ai deux petites filles, alors l’angoisse n’est quand même pas terminée et il faudra attendre leur majorité pour savoir…