Morgane

Date de publication du témoignage :

29 Jan. 2025

RDV avec Morgane (Dijon). Atteinte d’un cancer du sein métastatique, elle enchaine les protocoles de chimio et garde malgré tout son optimisme et la gratitude de profiter des petits bonheurs du quotidien.

Je me souviens que l’on m’ait dit « le cancer n’est pas douloureux » ou encore « un cancer n’a jamais été alerté par des douleurs »…
Et pourtant ! Voilà un peu plus d’un an que mon cancer du sein triple négatif métastatique sur plusieurs zones a été découvert et ce sont bien des douleurs qui m’ont prévenue que quelque chose n’allait pas.
Un an de traitements plus tard, me voilà toujours à pleurer de douleurs, au sens propre.
Un bras et une main partiellement handicapés, un dos recouvert de nœuds et de contractures, un sein douloureux cartonneux et gonflé, sans compter les nombreuses métastases osseuses.
Des douleurs qui m’empêchent de continuer à avoir un quotidien « normal », qui me privent de nombreuses activités et même des tâches les plus simples du quotidien. Vivre seule dans mon état physique est souvent très compliqué. Heureusement j’ai la chance d’être très entourée de mes amis pour m’aider ; faire les courses, changer les draps, me masser, me préparer de bons petits plats, faire le taxi… Pour moi, qui suis très indépendante, demander de l’aide n’est pas toujours facile, par peur de déranger surtout, mais je me suis vite rendue compte que je n’avais pas le choix et surtout que ça faisait plaisir à mes amis.
Depuis un an je ne plus travailler, entre les douleurs et la fatigue due aux chimios notamment, il m’est impossible de mener à bien des projets. Vivre seule, ne plus travailler et l’angoisse de la maladie, on a vite fait de plonger dans une grande solitude et de voir son moral sombrer de jour en jour. Il n’est pas toujours évident de maintenir le cap de la bonne humeur, d’avoir encore l’envie de vivre et de se battre. De nature plutôt joyeuse et optimiste, j’essaie tant que possible de positiver et de trouver un petit bonheur dans chaque chose que je vis. Souvent enfermée chez moi, je me lance dans des projets comme du petit bricolage ou de la rénovation, ou encore faire ces fameux livres photos de vacances que je n’avais jamais le temps de faire ! Il est important de s’occuper l’esprit.
Après déjà trois protocoles de chimios différents, la maladie continue d’évoluer et est difficile à stopper. Je continue la chimio encore et encore, pour une durée indéterminée. Parfois, je suis au bout physiquement et moralement, alors j’essaie de positiver, de ne pas faire attention au temps qui passe et surtout de vivre au jour le jour. Dès que j’ai un moment de répit entre les chimios, je m’offre un séjour détente loin de mon appartement que je ne peux plus voir en peinture à force d’y être enfermée. Je vais voir la montagne, la mer ou même les champs ! La nature me procure beaucoup de bien être et me ressource intensément. Rien de tel pour recharger les batteries et repartir sur ce champ de bataille qu’est la chimio !
Je ne sais pas à quoi ressemblera ma vie post cancer mais ce qui est sûr c’est qu’elle sera à jamais transformée et de nombreux projets de vie que j’avais ne pourront aboutir. J’ai 37 ans et à cause du cancer, je ne pourrai jamais avoir d’enfants. A cause du cancer, on va me retirer mes deux seins et mes ovaires. A cause du cancer, j’ai perdu la mobilité de mon bras et de ma main droite…
Quand j’entends que le cancer du sein n’est pas grave et qu’il se soigne bien… réfléchissez-y !