Emilie

Date de publication du témoignage :

16 Jan. 2025

RDV avec Emilie (Périgueux). Atteinte d’un lymphome d’Hodgkin, elle nous raconte le mélange de sentiments qu’elle éprouve pendant la période de l’après-cancer.

J’ai 27 ans.

On m’a annoncé un lymphome d’Hodgkin, un cancer lymphatique. Le jour de l’annonce, on m’a dit que c’était un des « meilleurs » cancer, car il fait partie de ceux qui se guérissent le mieux. Sauf que moi j’ai entendu « chimiothérapie », « radiothérapie », « arrêt maladie », « perte de cheveux ». Mon cerveau s’est donc déconnecté à ce moment-là… Heureusement que mon compagnon était présent pour retenir toutes les informations.
 
Je suis immédiatement retournée travailler pour l’annoncer à un maximum de personnes. J’ai pleuré toute une journée et puis j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes. Je me suis mise en mode combattante et j’étais déterminée à passer cette mauvaise période de la meilleure des manières. J’ai trouvé une force intérieure que chacun possède au fond de lui. J’ai mal vécu la maladie pour mes proches. Pour le mal et l’inquiétude que ça leur a créés. C’est ce qui était le plus douloureux pour moi.
On est jeté dans un bain médical qu’on ne contrôle pas et qu’on ne comprend pas, mais qui finit par être rassurant. L’après cancer est tout autant difficile. Les soins s’arrêtent mais des mois passent sans savoir si on est en rémission ou non. L’épée de Damoclès est au-dessus de ma tête…
 
J’attends. J’attends de savoir si je suis guérie, si je suis en rémission ou si je suis en récidive et si je dois repartir en soins. Et pourtant, la plupart de l’entourage dit « t’as fini ? Super ! Quand est-ce que tu reprends le travail ? ». La fameuse question qui énerve. Car non, rien n’est fini et il faudra ensuite attendre 5 ans avant de parler guérison.
Et la culpabilité intervient. « Pas boire de l’alcool, éviter le stress, éviter de manger gras » de peur de la récidive. Et en même temps, l’envie de vivre sans se poser de questions. C’est aussi se réapproprier l’image de soi. Le regard des autres. C’est tout un travail sur soi-même qui mène à la résilience. La fameuse remarque « T’es forte, tu as du courage ». Sauf que je n’ai pas le choix et tu ferais pareil si tu étais à ma place je t’assure. Le plus important a été le soutien de l’entourage. Les proches sont indispensables. Et je ne les remercierai jamais assez. Je vis davantage dans l’instant présent sans me préoccuper de l’avant ou de l’après.
Je croque la vie à pleine dent aujourd’hui et je prends ça comme une expérience. Comme un rappel de l’univers, qui a voulu me rappeler les choses essentielles. Merci la vie.