Elodie

Date de publication du témoignage :

15 Nov. 2022

RDV avec Elodie (Poitiers). En traitement pour un cancer du sein pendant le confinement, elle apprend petit à petit à accepter son « nouveau moi ».

Fin 2019, je fête mes 33 ans, sans joie. Ma vie tourne en rond, je ressens un profond mal-être et un sentiment d’urgence m’habite, sans savoir d’où il vient. Jusqu’à ce jour de janvier 2020, où de façon complètement fortuite, je sens une petite boule dans mon sein gauche.
Tout se met en place. La sensation qui s’empare de moi est difficile à décrire, mélange de terreur et sentiment d’enfin savoir ce qui n’allait pas. A ce moment-là, déjà, je sais. Ce que je sens sous mes doigts n’est pas anodin, c’est grave.
Je consulte mon médecin traitant qui, sans être particulièrement inquiet (je suis jeune et sans antécédents familiaux) me prescrit une échographie et une mammographie. Les examens révèlent une petite masse solide et on me préconise une biopsie.
Dix jours plus tard, on m’annonce un cancer du sein infiltrant hormono-dépendant et Her2 positif.
Je commence les chimios en mars 2020, une semaine après le début du premier confinement.
Un peu avant que mes cheveux ne commencent à tomber, je fais le choix de les couper afin d’en faire don à Fake Hair Don’t Care. Une façon pour moi de couper l’herbe sous le pied au cancer et de reprendre le contrôle.
J’ai la chance de vivre les chimios très bien entourée, sans trop subir les effets secondaires, à tel point qu’aujourd’hui, j’arrive à n’en garder que les beaux moments passés en famille. Des moments intenses et forts que je n’aurais pas vécus si la maladie n’avait pas frappé.
La tumorectomie suivra et les résultats d’anapath reviendront sans plus aucune trace de cancer !
Mais le mot « rémission » ne sera officiellement prononcé qu’à la fin de mes séances de rayons, fin octobre 2020.
Commence alors le fameux « après cancer ». Période difficile dont on ne parle pas assez.
Un maelström d’émotions contradictoires. L’envie furieuse de vivre mais le sentiment d’être en décalage de tout et de stagner. Et cette peur… celle de la rechute.
Il faut se réapproprier une image de soi qui change constamment, le corps a changé, il faut réapprendre à l’aimer et à lui faire confiance.
Dans mon cas, il faut aussi envisager une reconversion professionnelle. Les suites opératoires m’empêchent de garder mon travail. Après douze ans dans la même entreprise, se renouveler n’est pas chose facile, mais cela va me permettre d’embrasser un métier me correspondant mieux, peut-être même un métier où je pourrais mettre mon expérience de la maladie à profit pour aider les autres ?
Mon seul mot d’ordre face à tout ça ? L’espoir !
L’espoir que la rémission continue, que je trouve ma voie, que je m’accepte comme je suis devenue, que je puisse porter un enfant !
Guérir prend du temps, il faut avancer un jour après l’autre et savourer toutes les petites victoires.
Le cancer nous change, nous transforme profondément. Il faut faire le deuil de la personne que nous étions et apprendre à connaître la personne que nous sommes en train de devenir.
La maladie m’aura appris la patience et la bienveillance envers moi-même.
Aujourd’hui, je ne suis pas porteuse de grands projets ou autre, mais j’avance, petit à petit, à mon rythme. Et c’est déjà bien !
A presque trois ans du diagnostic, je suis fière du chemin parcouru, et à mesure que je m’éloigne des traitements, je reprends progressivement confiance en la vie et l’avenir.
Tout n’est pas simple tous les jours, mais j’essaie de garder le même état d’esprit que pendant les traitements : garder espoir et tirer le positif de chaque étape, chaque épreuve afin de n’en garder que le meilleur et pouvoir avancer. Car comme le dit le proverbe maori : « tourne toi vers le soleil et l’ombre sera derrière toi ».

https://www.instagram.com/elo_btx/